Déception chez les citoyens aux revenus moyens au niveau des marchés à bestiaux tenus respectivement mercredi, jeudi et vendredi à Khemis Miliana, Aïn Defla et Bir Ould Khelifa, dans la wilaya de Aïn Defla. Les maquignons ont accaparé les plus beaux moutons en proposant des prix qui découragent les petites bourses. En effet, munis de leurs ciseaux pour marquer les bêtes, des maquignons venus de Tizi Ouzou, Blida, Alger et Tipaza ont fait des offres si juteuses que l'éleveur ne s'est pas fait prier pour céder son cheptel. Ainsi, les offres variaient entre 20 000 et 40 000 DA, selon la qualité de la bête. De nombreux citoyens désirant acheter le mouton à l'avance sont retournés bredouilles. «Ils (les maquignons) ont tout raflé», dit Abderrahmane, un enseignant du primaire, en indiquant que les éleveurs préfèrent vendre leur marchandise aux maquignons qui achètent tout le lot que de rester à négocier à longueur de journée. Notre interlocuteur soulignera que la semaine passée, les prix proposés par les éleveurs étaient plus abordables que cette semaine. «Cette année, les moutons non engraissés coûteront plus chers que l'année dernière», prévient M. Bendjelloul, un fellah de Mekhatria, en soulignant que cette hausse des prix s'explique par la poussée de nouvelles herbes suite aux importantes précipitations enregistrées durant les mois de septembre et octobre. Plusieurs fellahs sont de cet avis. Les maquignons de Aïn Defla sont dépassés, ceux venus d'ailleurs leur ont enlevé leur clientèle. «Même les éleveurs des Hauts Plateaux concurrencent les simples citoyens en s'intéressant aux agneaux de moins de 8 mois pour les élever dans la steppe où existe une large disponibilité de fourrage. Ces agneaux seront mis à la vente l'année prochaine», confie un maquignon de Berrine, wilaya de Djelfa, avec un sourire sarcastique. Les bouchers participent également à la flambée des prix du mouton alors que celui de l'agnelle chute considérablement. «Le jour de l'Aïd, les citoyens qui ne sont pas en mesure de se procurer un mouton à un prix à hauteur de leur bourse se rabattent sur la viande de brebis ou d'agnelle, méprisée pour l'Aïd El Adha.» De nombreux citoyens, à l'exemple de Mohamed, agent de sécurité dans une entreprise privée, ont acheté le mouton au prix d'un mois de salaire. «Je me suis déplacé jusqu'à Arrib pour choisir mon mouton chez mon beau-père qui bien qu'il m'ait fait une remise, me l'a compté à 23 000 DA, exactement le montant de ma paie mensuelle.» «J'ai choisi un mouton chez un éleveur sans négocier le prix», dira M'hamed, un entrepreneur qui ne supporte pas les bousculades du marché. Maâmar, un fonctionnaire de la wilaya, préfère attendre les dernières heures pour chercher son mouton. «Généralement, c'est la veille que les prix affolés durant une quinzaine de jours avant l'Aïd deviennent raisonnables car la concurrence n'est pas aussi féroce que ces jours-ci.» Enfin, il est à noter que les bouchers ont déjà commencé à augmenter le prix de l'agneau qui frôle les 1100 DA/kg.