Le consulat d'Algérie à Casablanca a été a été pris d'assaut vendredi par des manifestant qui ont pénétré à l'intérieur de l'enceinte et enlevé de son mât le drapeau algérien. Acte grave qui s'est déroulé sous le regard d'une police passive qui était manifestement présente pour encadrer et encourager les activistes rameutés. L'arrestation après coup de l'un des activistes ne vaut nullement preuve que l'envahissement du consulat algérien et la profanation de notre emblème national ont été une opération menée spontanément par des manifestants remontés contre les positions exprimées par le président Bouteflika sur la question sahraouie et aurait donc échappé à la vigilance de la police du Makhzen. Ce qui s'est passé à Casablanca n'a été ni plus ni moins qu'une violation de l'espace de souveraineté algérienne qu'est son consulat, qui a été télécommandée par les autorités marocaines. La poignée d'excités qui s'en sont pris au consulat appartient au Mouvement de la jeunesse royale, une organisation satellite proche du Makhzen et pourvoyeuse pour le compte de celui-ci en baltaguia rémunérés. Nous avions écrit après le rappel « pour consultation » par Rabat de son ambassadeur à Alger et avant que soit connue la prise d'assaut de notre consulat à Rabat qu'il fallait s'attendre à ce que les autorités marocaines s'adonneront à d'autres provocations contre l'Algérie. Ce qui s'est produit confirmant que le trône et le Makhzen sont dans une logique d'exacerbation des tensions entre les deux pays dont ils escomptent qu'elle fera taire la contestation intérieure à laquelle ils sont confrontés et baisser les pressions internationales qui s'exercent sur le royaume en rapport avec la situation qui prévaut en territoire sahraoui occupé. Leur calcul tablait sur des réactions algériennes inspirées par le précepte de la loi du talion. Il n'en a rien été car les autorités algériennes font preuve d'une retenue qui met incontestablement Rabat en mauvaise posture et accentue le côté irréfléchi et aventureux des provocations marocaines. En accueillant froidement la décision de Rabat du rappel de son ambassadeur et sans tomber dans le piège du recours à la réciprocité, et s'en tenant à une condamnation ferme de l'incident qui a eu pour théâtre le consulat d'Algérie à Casablanca, les autorités d'Alger n'ont pas offert au monarque marocain l'enchaînement d'événements escomptés par lui en donnant le coup d'envoi de la campagne anti-algérienne qui fait feu de tout bois dans le royaume. La question reste de savoir jusqu'où Mohammed VI a décidé d'engager son pays en matière de provocations anti-algériennes ? La crainte est qu'il se laisserait aller à commettre l'irréparable sur l'interprétation que la retenue des autorités et du peuple algérien leur est dictée par leur incapacité à défendre leur bon droit et celui de leur position sur l'affaire sahraouie. Si cela devait être le cas, le roi et son Makhzen se prépareraient une cuisante surprise. En tout cas, ce n'est pas en se comportant de la sorte que Mohammed VI contribuera à la normalisation des relations algéro-marocaines et que ses pressantes et pleurnichantes demandes de réouverture de la frontière entre les deux pays trouveront un écho favorable en Algérie. Le climat délétère dans lequel l'attitude marocaine a plongé les relations algéro-marocaines ne fait pas envisager qu'une médiation étrangère puisse emmener l'Algérie à se montrer oublieuse des provocations de Rabat. Pas même celle de John Kerry dont le Palais a dû très certainement prendre en compte dans ses calculs la prochaine visite à Alger pour envenimer les relations bilatérales algéro-marocaines.