L'ambiance est très morose au sein des banques privées qui sont contraintes de revoir de fond en comble leur stratégie sur le marché algérien. La cause : le plafonnement des commissions sur le commerce extérieur qui ampute considérablement leurs résultats financiers. Certaines banques songeraient même à mettre la clef sous le paillasson. Une analyse de l'activité des banques privées sur les années 2011 et 2012 a conduit le Gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci à faire la « rectification » : le financement du commerce extérieur doit devenir pour les banques privées « une activité annexe ». Le rappel à l'ordre avait fait sèchement : les agréments ont été « délivrés pour faire de l'intermédiation bancaire, c'est-à-dire principalement pour collecter l'épargne et financer l'investissement ». Après l'avertissement, les mesures pour rendre l'activité de financement du commerce extérieur moins attractive sont tombées avec l'annonce du plafonnement des commissions. La rentabilité des banques privées jugée encore « exceptionnelle » à fin 2012 devrait très fortement dès cette année. Un banquier de la place estime la perte probable à « plusieurs centaines de millions de dollars en année pleine du fait que la commission de change à elle seule représentait entre 20 et 60% des revenus des banques privées ». LA FIN DE LA SPECIALISATION Sur les 14 banques privées actuellement présentes sur la place seules les plus importantes d'entre elles, à l'image de Société générale Algérie ou de BNP Paribas voire d'El Baraka , Gulf Bank, ou encore ABC ont fait un réel effort de diversification en s'appuyant notamment sur le développement très rapide de leur réseau d'agences .Fidélisation et élargissement de la clientèle corporate, développement rapide du leasing, politique d'attraction de la clientèle des PME et des professions libérale sont quelques uns des axes de la stratégie de ces « banques privées à réseau » qui tentent de se doter progressivement d'un profil de banque universelle et pour lesquelles le pronostic des spécialistes reste aujourd'hui optimiste . Face à un risque important de perte de rentabilité elles vont devoir investir de nouveaux créneaux et trouver des revenus de substitution. Cela cadre avec l'objectif des pouvoirs publics qui vise à réorienter l'ensemble des banques et notamment les banques du secteur privé vers le financement des PME ; un chantier de longue haleine dans lequel les résultats enregistrés au cours des dernières années restent très décevants. Nos interlocuteurs s'attendent à voir les plus importantes des banques privées innover d'avantage au cours des mois à venir en matière de produits offerts notamment aux clientèles des entreprises et des professions libérales qui devraient être de plus en plus courtisées . Symétriquement, et dans le but d'augmenter le volume de leurs crédits aux entreprises, ainsi qu'aux particuliers à travers le développement, également souhaité par les autorités financières, du crédit immobilier hypothécaire, les banques privées vont devoir rechercher et attirer de nouveaux dépôts et donc développer la collecte des ressources, ce que certaines d'entre elles n'ont fait que très modestement jusqu'ici. MENACE SUR LES PETITS ETABLISSEMENTS BANCAIRES La plupart des petits établissements bancaires privés ont au contraire accentué la priorité réservée au financement du commerce extérieur dans la période la plus récente. Parmi ces derniers, pour lesquels l'activité de financement du commerce extérieur a pu représenter ces dernières années jusqu'à 85% de leur produit net bancaire, le choc est très dur à encaisser. Selon nos sources, les directions régionales de certaines d'entre elles auraient évoquées la possibilité de mettre un terme à leurs activités en Algérie. Pour ces banques la période à venir s'annonce périlleuse et pourrait réserver de mauvaises surprises. A la frontière entre ces deux catégories de banques privées, HSBC Algeria ne fait pas vraiment partie des petits établissements bancaires ayant misé quasi exclusivement sur le financement du commerce extérieur mais elle compte parmi ceux dont les capacités de s'adapter au nouveau contexte réglementaire vont être durement testées au cours des quelques années à venir. Elle devra miser sur sa réputation et son expertise pour continuer à développer une stratégie de niche. La feuille de route de la banque n'annonce pas plus de huit agences à moyen terme, avec dans une première étape une priorité pour Alger, Oran, Sétif et Hassi Messaoud. A l'image de l'agence d'Hydra, vitrine de la banque dans le quartier le plus chic d'Alger, les services proposés par HSBC s'adressent à une clientèle aisée. Ce positionnement devrait se confirmer dans les prochaines années conjointement avec un engagement accru dans le financement des porteurs de projets locaux.