Dans ce vaste et beau pays qu'est le Canada, la communauté algérienne dépasserait les 55.000 âmes, selon des estimations émanant du mouvement associatif. C'est l'un des rares pays qui a réussi jusqu'à maintenant l'intégration d'une multitude de communautés venues d'autres continents. Notre séjour à Montréal en ce mois de novembre 2013 nous a fait connaître le sentiment de certains immigrés algériens quant aux difficultés et/ou facilités dans les épreuves de leur vie. Des avis qui demeurent partagés d'une manière générale entre bonheur et inquiétude notamment après l'assassinat de l'Algérien Bouzid Ziad, un chauffeur de taxi tué dans son véhicule dans l'arrondissement Côte des Neiges, semble-t-il, par des clients qui ont tiré sur lui à bout portant. La victime, âgée de 45 ans, avait quitté l'Algérie il y a plus de 12 ans et était employée par la compagnie Diamond depuis plusieurs années. Cet Algérien, inconnu des services de police, n'avait aucun antécédent judiciaire. Par conséquent, il est évident que la communauté algérienne ou autre ne peut s'empêcher de mettre à l'index le mobile raciste du crime en attendant les résultats officiels de l'enquête dont les premiers résultats, selon certaines sources, auraient éliminé le motif du vol. De quoi conforter l'idée d'un acte xénophobe, dira la plupart des personnes dont nous nous sommes rapprochés. Une hostilité à l'égard de ce musulman qui coïncide, faut-il le rappeler, avec le projet de loi controversé sur l'interdiction du port du 'hijab'' dans certains services publics. L'APPREHENSION DES ALGERIENS APRES L'ASSASSINAT DE BOUZID ZIAD Afin de calmer les esprits, les autorités municipales de Montréal en collaboration avec les services consulaires algériens ont répondu à l'inquiétude des chauffeurs de taxis algériens par la promesse de mettre toute la lumière sur cette affaire et de prendre les mesures qui s'imposent afin d'assurer davantage la sécurité de cette corporation notamment. Les représentants de l'industrie et le maire de Montréal, Denis Coderre, veulent opter pour l'installation de caméras dans tous les taxis de Montréal, même si la proposition n'est pas partagée par tous les membres lors de la réunion qui vient d'être tenue à cet effet. Le motif de ces divergences se rapporte au coût élevé de la caméra, environ 600 dollars, ce qui pousse certains taxis à proposer la mise en place d'une vitre entre le chauffeur et le client. En somme, l'installation obligatoire d'une vitre placée entre le chauffeur et le client ou la mise en place d'un « bouton d'urgence » sont parmi les options étudiées. Après avoir fait appel aux habitants de Montréal et diffusé la photo du suspect, Michel Duchaussoy, âgé de 43 ans et considéré comme un homme dangereux par la police, les services sécuritaires de Montréal ont arrêté le présumé assassin qui sera traduit devant la justice au début de la prochaine année mais jusqu'à maintenant le mobile du crime reste inconnu. Le défunt, qui a laissé une veuve et trois enfants, a été enterré à Alger. Voulant prendre connaissance des autres préoccupations des Algériens vivant dans ce pays, nous nous sommes dirigés vers la rue Jean Talon, située au centre de Saint-Léonard à Montréal. Cette rue compte une multitude de commerces maghrébins, des épiceries, pâtisseries orientales, boulangeries, salons de thé, cafés, habits pour la mariée, salons de coiffure On se croirait au bled ! LES LONGUES ATTENTES DE LA CARTE DE SEJOUR ET LES DIFFICULTES DU TRANSPORT AERIEN Un quartier qui a vibré de toutes parts avec l'explosion de joie des nombreux supporters de l'équipe nationale après sa victoire aux dépend du Burkina Faso, synonyme de qualification au mondial 2014 du Brésil. Une fête aux couleurs de l'emblème national avec des cortèges de véhicules, chants, klaxons et autres sonorisations durant toute la nuit de cette mémorable victoire. Une fête qui s'est étendue jusqu'à Boston et New York, aux Etas Unis. En ce qui concerne les problèmes vécus par la communauté des Algériens, tout d'abord plusieurs personnes se plaignent de la lenteur du traitement des dossiers par le service de l'immigration à Montréal en dépit de toutes les étapes contenues dans la procédure en vigueur et formalisées. Selon nos interlocuteurs, des immigrés algériens attendent depuis plus de dix années leur carte de séjour après avoir accompli toutes les formalités règlementaires. D'autre part, toujours selon nos interlocuteurs, « les services consulaires algériens de Montréal ne semblent pas s'y mettre afin de résoudre ces problèmes auprès des services de l'immigration ». Pour avoir plus d'informations sur ce sujet, nous avons tenté de nous rapprocher du consul d'Algérie mais en vain. Une autre préoccupation qui touche notre communauté concerne le transport aérien. En effet, selon des immigrés, il devient difficile d'obtenir une réservation de billet d'avion vers Alger car les agences privées agréées par Air Algérie sont en butte à des réservations dont le 'OK'' opéré par ces agences disparaît le lendemain. Qui manipulerait ces changements? C'est toute la question qui reste posée au niveau de ces agences dont nous nous sommes rapprochés et qui veulent garder l'anonymat de peur de représailles, nous ont dit des gérants et employés de quelques agences. Des clients qui obtiennent des 'OK'' de réservations mais sans aucune garantie, car de l'autre côté on pourrait mettre un autre nom à la place de celui qui s'était présenté à l'agence privée. Pour plus de renseignements, nous avons tenté de prendre rendez-vous avec le responsable d'Air Algérie à Montréal, mais le téléphone ne répond pas malgré notre insistance. Une situation déplorable qui nécessite des éclaircissements de la part de la direction générale d'Air Algérie ou du ministère des Transports afin de clarifier ces dysfonctionnements. Dans le même volet, les fort nombreux immigrés d'origine de l'ouest algérien regrettent que Air Algérie n'ait pas daigné donner suite à leur demande faite par le biais de notre journal depuis plus d'une année relative à l'ouverture d'une ligne Montréal- Oran, car le nombre des concernés est très important. Ces derniers sont obligés de se rabattre vers d'autres compagnies comme Air France afin de rejoindre Oran, ce qui génère un manque à gagner certain pour Air Algérie. Programmer un vol direct Montréal Oran serait le bienvenu pour les gens de l'ouest algérien. KHELIFA DU WAT PARLE DE SES SOUVENIRS Nous avons également rencontré de nombreuses personnalités algériennes culturelles et sportives qui sont installées à Montréal depuis plusieurs années. Parmi elles, le 16 novembre dernier, nous avons eu le plaisir de rencontrer l'ancien footballeur, ailier droit du WA Tlemcen, Merzougui Mohamed, plus connu sous le surnom de Khelifa. Un joueur qui était pétri de qualités, ce qui lui a valu le sobriquet de '404'', une voiture très rapide et en vogue à cette époque des années 60. En effet, l'Oranais que tout le monde estime à Montréal pour ses bonnes actions envers ses concitoyens, B.Zoheir organisa une rencontre avec des Tlemcéniens anciens supporters du WAT. Une rencontre qui s'est déroulée dans un salon de thé situé à Jean Talon, en présence de plusieurs anciens supporters widadis dont les animateurs de ces retrouvailles, Djabeur Sid Ahmed, Medelci Mustapha, Djawed Mimouni et l'ancien joueur du WAT Khelifa accompagné de son fils Hami. Il est utile de rappeler que Khelifa a été durant les décennies 60 et 70, l'un des meilleurs ailiers droits algériens, plusieurs fois sélectionné en Oranie. C'est avec beaucoup de joie et d'émotion qu'il nous relata les meilleurs et mauvais moments de sa carrière sportive notamment au WAT, en évoquant les noms des anciens joueurs qu'il eut comme adversaires comme Ali Cherif, Bouhizeb, Pons, Bendida, Beddiar, Fréha, Sikki, Saffa, Bottiche, pour ne citer que ceux-là. Khelifa nous retracera l'histoire du Widad de Tlemcen qui a été créé juste après l'indépendance de l'Algérie à la faveur d'une union ou fusion entre l'USFAT et l'Espérance musulmane de Tlemcen. Il porta le maillot du WAT de 1962 à 1974. Ce grand joueur de Tlemcen nous citera plusieurs coéquipiers dont Benouali, Nava, Khiati, Belarbi, Soukhane Mohamed, Bentahar, Tchiali, Benyellès, Bettioui, Belkhodja, Verdier, Markovic, Hadefi Miloud, Tayeb, Medjahed, Ghafour, Settaoui, Merad, Benali, Bouchenak et tant d'autres car la liste est longue durant plus de 12 années de carrière. Il participa à la première accession du WAT en D2 en1969 (1-0, but de Bentahar) face au GCMascara. Il fera également partie de l'équipe du WAT qui a accédé en Nationale Une à la fin de la saison 1971/72 mais qui a rétrogradé la saison d'après. Khelifa sera aussi le coéquipier de Miloud Hadefi, en 1973/74, permettant au WAT de retrouver la Nationale Une pour la seconde fois. Toujours avec le WAT, en fin de carrière, Khelifa nous évoquera avec émotion et regret d'avoir perdu la première finale de la Coupe d'Algérie, le 19 juin 1974 au stade du 5 Juillet à Alger, face à l'USM El-Harrach (0-1, but de Abdelkader), « un match que le WAT ne méritait pas de perdre, notre prestation a été à la hauteur de l'évènement mais c'est ça le football ! », se souvient encore l'ailier '404''. En ce qui concerne Miloud Hadefi, Khelifa nous dira tout simplement que « Miloud était un gentleman, un joueur exceptionnel, incomparable dans son poste, tous les spécialistes algériens et étrangers, le considéraient comme le meilleur libéro d'Afrique. Hadefi le Kaiser africain, Allah yarhmah ! ». A la fin de notre longue discussion, Khelifa n'a pu cacher une contrariété qui lui tient à cœur, à savoir qu'il a été complètement oublié par tous les dirigeants du WAT ainsi que par les élus de Tlemcen. En effet, selon notre interlocuteur, deux anciens joueurs seulement parmi le riche effectif du WAT, en l'occurrence Belarbi et Nava, ont eu les honneurs d'un jubilé. Encore une fois, nous constatons avec regret et peine, que des anciens joueurs qui ont marqué de leurs empreintes le football algérien ont été négligés dans des occasions qui puissent leur rendre l'hommage qu'ils méritent. Espérons surtout que ce message passera favorablement car, Khelifa a honoré son club de toujours et sa ville natale. Un geste qui fera honneur au WAT et que beaucoup de sportifs attendent.