Quel est le bilan du gouvernement marocain pour 2013 ? Mauvais affirment l'USFP et l'Istiqlal qui ont réussi à bloquer le vote de la loi de finances 2014 ! Mais les chiffres de l'économie ne sont pas aussi mauvais. Le bilan a été sauvé par une bonne saison agricole avec une croissance du PIB de plus de 4%. La bataille entre les partisans du PJD, alliés de gauche y compris comme Enahdj Eddimocrati, et l'alliance de fait entre l'USFP et l'Istiqlal a débouché sur le blocage du projet de loi de finances 2014. Ces partis invoquent le refus du gouvernement d'Abdalilah Benkirane de tenir compte des amendements de l'opposition. Autre critique : le manque de visibilité du programme économique après un bilan 2013 jugé mauvais. Pourtant, même le FMI l'admet, si le gouvernement a connu une crise qui a débouché sur le retrait de l'Istiqlal et l'entrée en force du Rassemblement National des Indépendants, très proche du Palais, le bilan économique n'est pas aussi mauvais. RETOUR DE CROISSANCE Après le bilan terne de 2012 avec une croissance modeste de 2,7% et un déficit budgétaire de 7%, le gouvernement Benkirane a en fait réussi à redresser la barre en 2013. Selon les prévisions du FMI, la croissance du Maroc devrait atteindre les 4% avec une baisse du déficit budgétaire à 4,9% en 2014. Principaux moteurs de cette reprise de la croissance : une bonne production agricole estimée à 7 millions de tonnes de céréales, et une accélération de la croissance du secteur non agricole, notamment les services avec de bonnes performances du secteur touristique. Le chef d'une mission du FMI dépêchée en décembre au Maroc estime ainsi que 'pour l'année 2013, les performances économiques se sont améliorées après les difficultés rencontrées en 2012, et malgré la conjoncture économique internationale difficile''. Le pronostic du FMI table ainsi sur une croissance de 5% en 2013, dopée par une bonne récolte céréalière. Les réserves de change devraient couvrir 4 mois d'importations. Une croissance approchant les 5%, c'est un niveau qui ferait envie pour les pays européens. Mais il est vrai qu'il reste inférieur au seuil de 6% de croissance qui permettrait de lutter de manière efficace contre la pauvreté et le chômage. L'Istiqlal a constamment tiré argument de la situation économique pour critiquer le gouvernement et justifier l'injonction faite à ses ministres de démissionner. Encore faut-il rappeler que le ministre de l'économie de Benkirane n'était autre que Nizar Baraka, ministre de l'Istiqlal. LE GRAIN DE SEL DE BAM Les prévisions de clôture de l'année 2013 au Maroc établies par le FMI sont plus ou moins confirmées par les analystes de la banque centrale marocaine, Bank Al Maghrib (BAM). Les experts de BAM pronostiquent ainsi un taux de croissance de 4,4% en 2013 (4,9 % selon le FMI), tirée par une bonne campagne agricole et une hausse de la demande intérieure de 5%. L'inflation est par contre en hausse (2,2%) en raison de la décision du gouvernement Benkirane, acculé à soutenir le poids des charges de la compensation, à réintroduire de nouveau l'indexation des prix de certains produits pétroliers sur les cours mondiaux. Quant au déficit budgétaire en 2013, il devrait se situer autour de 5,5% (4,9% selon le FMI), prévoit Bank Al Maghrib. Selon l'office marocain des changes, le taux de couverture des importations par les exportations atteint 48,1% contre 47,7% à fin novembre 2012, et, en dehors des importations de produits énergétiques, le taux de couverture s'établit à 65,8%contre 65,6% en 2012. Le gouvernement Benkirane, dont la marge d'action n'est pas grande, n'a toujours pas lancé les grands chantiers des réformes : caisse de compensation des prix, régime des retraites. Il est de même pour la réforme de la fiscalité notamment pour lutter contre la corruption. Il n'en reste pas moins que les chiffres nuancent fortement les critiques de l'opposition. Mais peut-être faut-il y voir le signe qu'à l'ombre ultra-présente du Palais, cette opposition ne compte pas faire de cadeau à Benkirane en 2014.