Parce que très jeune, il a commencé à travailler et gagner sa vie et comme il est de coutume, ses parents l'ont marié. La maison familiale était assez grande. Le nouveau couple s'y était installé, de toute façon, il n'avait pas le choix. Quand bien même il aurait trouvé un appartement, dans le temps, il n'était pas convenable que l'aîné abandonne ses parents pour élire domicile seul. Très jeune, il a eu un enfant. C'était le premier et il fallait égorger le mouton «diroulou el henna», un cérémonial qui revenait cher. Il trimait pour ça. A peine ses dettes payées, il fallait faire la fête de la circoncision : tbal, ghaïta et beaucoup de couscous, kioualou. Fallait bien qu'on l'instruise, le bambin. Les habits, les affaires, l'assurance, encore une ardoise. Belbaraka, il a eu sa sixième. Son brevet a été fêté. Le bac aussi. Belbaraka. L'université et ses dépenses. La bourse ou la vie. «Il travaillera un jour, koulchi ifoute». Sa licence. Sa thèse. Le père est content, il n'a pas trimé toute sa vie pour rien. De l'argent de poche, il en aura, en attendant de trouver un boulot. Demande sur demande, concours et examens, difficilement, il trouve une khdima. Le père souffle. Son enfant devient cadre, il trouve femme. Il se marie. On lui donne un logement d'astreinte. Ça va ! Sa boîte, faute de matière, est déficitaire. L'Etat est obligé de la fermer. Il se retrouve sans boulot. Le logement d'astreinte et toute l'infrastructure sont mis en vente. Il est dehors. Ils se retrouvent à la maison familiale, sa femme, lui et le nouveau-né. Le grand-père est à la retraite. La pension suffit à peine pour la bouffe. Il faut penser à la circoncision du bébé qui a grandi. L'éternel cycle des dépenses. Koulchi belbaraka et koulchi mektoub, même le chômage. Pourvu que demeure la joie et les réserves de change s'accumulent.