Le recours à «l'ardoise» ou crédit est très répandu chez des milliers de familles oranaises aux revenus modestes et même moyens, contraintes de faire face à des fins de mois difficiles. Boucler les fins de chaque mois est un véritable challenge auquel doivent faire face ces familles au vu de la cherté de la vie et de la faiblesse de leur pouvoir d'achat. La situation est encore plus contraignante durant ce mois de Ramadhan, synonyme de grandes dépenses aggravées par les lourdes factures de l'Aïd el Fitr et de la rentrée scolaire. «Je n'ai pas d'autre choix que de solliciter l'épicier de notre quartier pour me vendre à crédit ce dont j'ai besoin. Mon salaire de fonctionnaire ne me permet pas de répondre à mes besoins mensuels», explique Amar, résidant dans une cité de la banlieue est d'Oran. Il avoue que ce n'est pas avec gaîté de coeur qu'il recourt à cette pratique qu'il juge humiliante. Obtenir une ardoise auprès d'un vendeur est considéré comme un privilège. Il faut non seulement être solvable et crédible, mais également un fidèle client. Certains commerçants n'hésitent pas à rappeler à l'aide d'affichettes que «le crédit est mort, tué par les mauvais payeurs». Même s'ils se montrent réticents pour adopter cette formule, de nombreux commerçants l'acceptent finalement en présentant la «chose» sous un angle d'entraide et de solidarité avec les plus démunis. Certains chefs de famille disposent de plusieurs ardoises aussi bien chez l'épicier, le marchand de légumes ou le boucher. Lorsque leur salaire «tombe» dans leur compte bancaire, ils entament la grande tournée pour rembourser leurs dettes à la grande joie de leurs créditeurs. «C'est pratiquement la moitié de mon salaire qui part en une journée. Le reste me servira de faire face aux besoins immédiats avant que je ne retombe dans le cercle infernal du crédit», se lamente un père. Un autre explique avoir trouvé une astuce pour «sauver son honneur». «Au début de chaque mois, je verse une certaine somme à mon épicier pour couvrir mes achats futurs. Celui-ci déduit au fur et à mesure les montants de mes achats jusqu'à épuisement de mon avoir», a-t-il indiqué. Pour ce mois de Ramadhan, la facture globale sera lourde à payer. Entre les exigences d'une table «ramadanesque» convenable et les inévitables dépenses de l'Aïd el Fitr et de la rentrée scolaire, les budgets familiaux seront sévèrement touchés. La formule consacrée «marki fel carnet» (portez la note sur le carnet) sera plus que jamais d'actualité...