Comme «pressenti» par des sources proches du dossier, le procès de l'affaire des faux bacs qui était enrôlée pour l'audience d'hier devant le tribunal d'Oran, a été reporté. En effet, au motif que plusieurs personnes des différentes parties prenantes de l'affaire n'étaient pas présentes, dont un nombre de prévenus qui n'auraient pas reçu à temps la convocation, le tribunal a décidé d'un commun accord avec la défense, de renvoyer le procès au 24 février. Rendez-vous dans un mois donc a été donné aux concernés dans le même prétoire qui a fait salle comble hier. Tant sur les bancs du public qu'à la barre. De quoi entretenir un temps de plus le suspense, et les «non-dits» aussi, liés à ce scandale, dont la genèse tient à un article de presse classé alors dans les «faits divers» et à une lettre anonyme destinée au PG de la cour d'Oran, en mai 2012, -la concordance de ces deux faits indépendants l'un de l'autre n'était qu'un pur hasard. Un contingent de personnes, en fait pas moins de 123, figure sur la liste des accusés dont la plupart comparaissaient libres, entre «vrais-faux» étudiants (dans les facultés de Droit, Sciences éco et Médecine, notamment), fonctionnaires de l'administration universitaire et autres intermédiaires. Parmi ces derniers, le fameux B. Boumediene qui a répondu présent à l'appel du juge, confirmant ainsi qu'il avait été bel et bien extradé d'Espagne où il avait été arrêté en exécution d'un mandat d'arrêt international lancé par les autorités algériennes, lui qui est présenté par l'accusation comme étant un relais entre les «clients» parmi les postulants potentiels à un «diplôme» pour ouvrir le sésame du campus et les «recruteurs» de l'administration universitaire. Sur le fond de l'affaire, il y a lieu de noter que dans la chaîne mise en place pour le traitement des dossiers des nouveaux bacheliers, de la pré-inscription au centre unique, au niveau du vice-rectorat de l'université qui chapeaute 12 départements, jusqu'à l'inscription finale à l'institut vers lequel le candidat a été orienté, en passant par la vérification du bac, via l'OREC (Office régional des examens et concours), il y a lieu de relever qu'il n'y avait pas de coordination entre le premier maillon et le tout dernier. Selon le système adopté, le bachelier se présente au vice-rectorat de l'université, muni de l'attestation de réussite au bac (un document administratif délivré, à titre provisoire, au bachelier pour, entre autres, les besoins d'une pré-inscription et ce, en attendant la délivrance du diplôme proprement dit au niveau central, à Alger, lequel prend beaucoup de temps), du relevé de notes (bulletin exhaustif des notes obtenues pour chaque module par le bachelier à l'examen du bac, avec la moyenne générale et la mention) ainsi que d'un dossier administratif. Le service, dépendant du vice-rectorat, garde le dossier, y compris les originaux de l'attestation provisoire de réussite - qu'on appelle «le bac», tout court- et du relevé des notes, et oriente le candidat vers l'institut ou le département qui lui convient, en fonction d'un nombre de critères, dont en premier lieu, la moyenne générale et les notes obtenues au bac, dans les matières dites «essentielles». Du bac et du bulletin des notes, le bachelier n'en gardera que des photocopies légalisées. De plus, un papier en carton, rassemblant les cartes de tous les services annexes (œuvres universitaires, carte d'abonnement à la bibliothèque, transport, internat, etc.) est remis au concerné. Un contrôle de l'authenticité du bac et du relevé de notes qui lui est rattaché se fait par le vice-rectorat en collaboration avec l'OREC qui centralise toutes les données relatives à la liste des lauréats du bac, du BEM et de l'examen de sixième. A ce niveau-là, pas moyen donc de passer sous le nez de l'administrateur un bac ou un bulletin falsifié. Ensuite, le bachelier se présente auprès de l'administration de l'institut, la faculté ou le département vers lequel il a été orienté et, au moyen des photocopies du bac et du relevé des notes, s'y inscrit. Autrement dit, la structure pédagogique d'accueil admet et inscrit le bachelier sur dossier présenté par lui. Et c'est là où réside, justement, la faille, accentuée par une communication trop lente, voire carrément absente, entre la structure d'accueil et le service centralisé au rectorat. C'est ce point de dysfonctionnement du mécanisme d'inscription qui a été exploité par les mis en cause, selon les conclusions de l'instruction judiciaire. Avec ce dispositif, le rectorat, quant à lui, ne pourrait détecter le faux qu'en fin de cursus de l'étudiant, à l'occasion de l'examen du parcours pédagogique.