Vladimir Poutine est accusé d'avoir ressuscité le climat de guerre froide qui avait prévalu dans les relations entre l'ex-URSS et l'Occident jusqu'à la disparition de l'entité soviétique. Ce qui lui vaut d'être qualifié à l'avenant de staliniste et de dangereux trublion. Hilary Clinton a même osé décréter que c'est un nouvel Hitler. Posons alors la question de fond de savoir si la disparition de l'ex-URSS a réellement mis fin à la guerre froide entre son héritière la Russie et l'Occident. La réponse est non et ce ne sont pas Poutine et ses prédécesseurs au Kremlin qui sont responsables qu'elle se soit perpétuée. Les Occidentaux en ont entretenu le climat en ne dissolvant pas l'OTAN, cette machine de guerre qu'ils ont créée pour faire pièce au pacte militaire de Varsovie. S'ils avaient voulu détendre le climat avec la Russie, c'est ce qu'ils auraient dû faire après le démantèlement du pacte de Varsovie. Au lieu de cela, ils ont élargi et renforcé l'OTAN en y intégrant les voisins de la Russie, ce qui l'a rapproché géographiquement des frontières russes avec l'intention ostensible de réaliser l'encerclement de la Russie et de la priver de ses zones d'influence naturelles et traditionnelles. Une stratégie agressive contre laquelle le falot Boris Eltsine n'a pas réagi car tout heureux de la cynique respectabilité que les Occidentaux lui ont octroyée. Poutine lui a décidé de ne pas laisser faire les Occidentaux et a engagé avec eux des bras de fer partout où cette stratégie occidentale est mise en œuvre, en faisant valoir, comme les Américains et les Européens le font s'agissant de leurs interventions, que la Russie elle aussi est une grande puissance qui a son mot à dire dans les crises et conflits qui affectent sa périphérie ou les zones où elle estime avoir des intérêts géopolitiques, stratégiques ou économiques à défendre. On peut ne pas apprécier Poutine et ne pas goûter la nature du régime qu'il dirige, ce n'est pas des raisons pour autant qui doivent donner lieu à l'angélisme qui consiste à croire aux boniments occidentaux qui le représentent lui et son pays comme appartenant à l'axe du mal acharné face au vertueux monde occidental à mettre en péril la paix dans le monde, la liberté des peuples et la souveraineté des Etats. Poutine n'est certainement pas un parangon de la démocratie ou un modèle de bonne gouvernance. Il s'est néanmoins acquis le soutien de la majorité de ses compatriotes et le respect de celle de la communauté internationale en refusant que son pays la Russie soit réduite à l'état de carpette que l'Occident peut piétiner sans qu'elle réagisse. La Russie de Poutine qui tient la dragée haute à l'Amérique et aux Européens n'est pas pour déplaire aux pays et Etats qui ne souffrent pas de vivre l'hégémonisme arrogant que ces derniers ont institué dans les relations internationales sous couvert d'être les défenseurs des valeurs de liberté et de démocratie mais pour imposer en fait leur domination et contrôle. Si elle n'existait pas, il aurait fallu la créer. Alors quand Poutine démontre qu'elle existe, il faut prendre les commentaires et analyses des Occidentaux pour ce qu'ils sont : une opération de propagande dévalorisatrice de l'opposition russe contre l'unilatéralisme de la direction des affaires du monde qu'Américains et Européens veulent perpétuer.