Il ne se trouve pas une personne que tu rencontres qui ne parle pas d'argent. Cela devient le seul prisme de l'existence. Koulchi flousse. C'est leur seule motivation. Flousse, flousse. La seule valeur. Tout en leur donnant raison, tu es parfois désarçonné par tant de vide et surtout par la certitude qu'ils ont que tout le monde ne doit penser que comme cela. Toute action humaine est jugée selon leur seule grille floussienne. Attention, ne leur parler surtout pas d'acte gratuit. Ni d'aider l'autre. Batal yabtal. Alors, partager, leur semble totalement étranger et même louche. Même les actes les plus anodins sont source de méfiance. Aider une personne âgée à porter ses sacs trop lourds (je dois les rassurer, je ne vais pas m'enfuir avec leurs courses), tenir la porte à une personne pour la laisser entrer Les gens sont sur la défensive, méfiants Les valeurs que tu as reçues par ton éducation, c'est du bekri de begri dépassé. Alors que ta plus belle récompense était d'aider l'autre et voir ses yeux briller par reconnaissance, aujourd'hui, tu paraîtras comme une gouffa, vieux jeu. El youm, entre faire un boulot estimé utile à la société et une khdima bien payée sans intérêt social, le choix est vite fait. Non, les gens n'ont pas changé, c'est toute la vie qui te conditionne à prendre un choix. Triste Crise économique. Angoisse du «de quoi sera fait demain». Précarité économique et psychologique. L'image que nous renvoient les médias: pour être heureux, il faut consommer. Sinon, la société s'écroule. Pour consommer, il faut de l'argent, pour avoir de l'argent, il faut un boulot, pour avoir un boulot, il faut avaler des couleuvres, ce qui rend les gens plus agressifs. Koulni naklek. Coulini ou je te coule. Les gens font peur