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L'histoire d'amour entre la Fed et les marchés
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 05 - 2014

LAGUNA BEACH - Conduire ma fille de 11 ans à l'école tous les matins est toujours amusant et souvent propice à la réflexion. Ce fut assurément le cas la semaine dernière lorsqu'elle me fit remarquer un détail du film La Reine Des Neiges, le dernier grand succès de Disney, qui m'avait totalement échappé. «C'est inhabituel», me dit-elle, «pour un film Disney de nous dire de ne pas épouser quelqu'un que l'on vient de rencontrer».
Vers le début du film, la princes se Anna rencontre le prince Hans lors du bal qui suit le couronnement de sa sœur, la princesse Elsa. Ils s'entendent très vite à merveille, et «tombent amoureux». Dans la foulée, le prince demande la main d'Anna, qui accepte, mais Elsa refuse de la lui accorder.
Il faut ensuite à Anna la durée du film pour se rendre compte que Hans est un affreux, déterminé à se débarrasser d'elle et de sa sœur pour s'emparer du royaume. Heureusement pour Anna, elle bénéficie de l'aide d'un roturier formidable – Kristoff – qu'elle rencontre au cours de ses aventures. Contrairement à Hans, il est sincère et fiable et les deux finissent par être épris l'un de l'autre.
Après plusieurs décennies de films Disney, nous avons été conditionnés à nous attendre à ce que les princesses tombent instantanément amoureuses de leur prince charmant, une histoire dont la conclusion est inévitablement «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ». S'il y a des problèmes ou des obstacles (surtout dans les films les plus récents), ils sont rapidement surmontés (en général avec humour).
Pour transposer dans la sphère financière, les acteurs des marchés ont été richement récompensés depuis plusieurs années pour être tombés amoureux – rapidement et résolument – des nouvelles mesures politiques adoptées par la Réserve fédérale américaine (la Fed). En fait, cette idylle se conforme en tous points à un scénario Disney. Il y a bien eu quelques difficultés en cours de route, mais elles ont été rapidement aplanies. Et elle a débouché sur la même issue – ils vécurent heureux : la Fed se trouve en meilleure position pour poursuivre son double mandat – plein emploi et stabilité des prix – tandis que les investisseurs sont en mesure de réaliser des gains financiers substantiels.
La relation a été tellement confortable que les acteurs des marchés ont adopté pour principe de «Ne jamais combattre la Fed» - et pour une bonne raison. La Fed est la banque centrale la plus puissante au monde. Elle contrôle la planche à billets de la principale monnaie de réserve mondiale. Elle bénéficie d'une indépendance politique considérable. Et elle n'hésite pas à tirer parti de son importante autonomie opérationnelle.
De leur côté, les opérateurs des marchés savent que la Fed a besoin d'eux pour démultiplier son influence politique et s'acquitter efficacement de son mandat qui, ces dernières années, a été à juste titre élargi pour incorporer l'objectif de stabilité financière. A cette fin, la Fed est devenue beaucoup plus «transparente» avec les marchés, partageant plus facilement les procès-verbaux et transcriptions de ses discussions politiques internes. La présidence du conseil des gouverneurs de la Fed a même entrepris de tenir des conférences de presse périodiques suivies de près par les marchés du monde entier.
A l'issue de la crise financière mondiale de 2008, l'idylle a atteint un nouveau degré d'intensité, en particulier depuis que la Fed a recouru à des mesures non conventionnelles pour remédier aux perturbations des marchés financiers qui menaçaient de plonger l'économie mondiale dans une profonde dépression. Au cours de ce processus, la Fed est devenue plus impliquée dans le fonctionnement des marchés, dans l'évaluation des actifs, et les fluctuations de leurs prix. Les marchés de leur côté sont devenus plus dépendants de la Fed, s'attendant à une attention et à un soutien plus fréquent de sa part (et n'hésitant pas à piquer une colère quant ils sont déçus, comme l'an dernier).
Dans un premier temps, les banquiers centraux ont cultivé cette idylle pour réaliser leurs objectifs politiques généraux que sont la croissance, l'emploi, la stabilité financière et de l'inflation. Certains d'entre eux estiment toutefois qu'il est aujourd'hui nécessaire de prendre un peu de distance, mettant en garde contre le fait que cette dépendance mutuelle ne conduise à une prise de risques excessive et dans certains cas, à des évaluations exagérées. Certains banquiers centraux s'inquiètent même d'une situation qui pourrait saper l'indépendance politique de la Fed ; et il y a deux semaines seulement, un gouverneur sortant de la Fed, Jeremy Stein, a déclaré que le Réserve fédéral était aux prises avec une transition politique qui rendrait ses lignes directrices à l'attention des marchés «plus qualitatives», «moins déterministes» et donc moins précises.
Comme la princesse Anna dans La Reine Des Neiges, il faudra un certain temps aux marchés pour comprendre que la nature de leur relation avec la Fed a changé (et doit changer) ; et comme dans le film, une forme ou une autre de choc pourrait être nécessaire pour que la compréhension de ce changement passe dans la sphère sociale. Cela étant, cette évolution sera certainement moins dramatique que dans le film – surtout parce que la Fed, contrairement à Hans, n'entend pas s'emparer des marchés.
L'idylle devrait donc se poursuivre, mais dans un registre moins passionné et ce ne sera sans doute pas un amour inconditionnel. Il faut espérer que tôt au tard, une économie réelle plus dynamique joue le rôle que jouait Kristoff dans le film.
L'histoire d'amour la meilleure et la plus durable pour les marchés est celle qui se fonde sur une économie réelle, saine, dynamique et créatrice d'emplois et d'occasions pour le plus grand nombre. Il est malheureusement impossible de prévoir à cet égard si nous vivrons heureux pour le reste de nos jours.
Traduit de l'anglais par Julia Gallin
* Conseiller économique en chef d'Allianz, et membre du comité exécutif international de la société Il est également président du Global Development Council, le comité chargé de conseiller le président Barack Obama sur le développement mondial. Son dernier ouvrage est When Markets Collide (Quand les marchés entrent en collision – ndlt).


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