Après un Sommet du «G7» consacré totalement à la crise en Ukraine, les Occidentaux ont rencontré le lendemain le président russe Vladimir Poutine, sur la plage d'Omaha en Normandie, pour célébrer la victoire contre le nazisme et la guerre. Une occasion « historique » pour un retour à la paix. Trois jours durant, du mercredi au vendredi, Européens et Américains ont cherché le moyen politique de se sortir de la difficile équation géopolitique ukrainienne dans laquelle ils se sont enfermés face à la Russie de Poutine. Après avoir exclu la Russie du club du «G8» qui devait se tenir à Sotchi pour se réunir, mercredi et jeudi, à sept pays à Bruxelles, ils n'ont pu éviter, vendredi, la présence de la Russie au 70ème anniversaire du débarquement des alliés en Normandie. Et pour cause : ce sont les Russes qui entrèrent les premiers à Berlin en avril 1945, trois mois avant l'arrivée des alliés, après avoir perdu plus de 25 millions de soldats dans la guerre contre l'armée nazie. Ce sont les Russes qui ont découvert et fait découvrir au monde les premières réalités des camps de concentration nazis : Auschwitz, Dachau, Treblinka C'est cette Russie libératrice que les Occidentaux libérateurs ont rencontrée, vendredi, sur la plage d'Omaha en Normandie. Dans ces circonstances, la question ukrainienne s'imposait dans toute sa dimension politique et le symbole historique qu'elle revêt dans cet affrontement entre Occidentaux et Russes : l'Ukraine a depuis 1945 été un enjeu géostratégique entre Russes et Occidentaux. C'est pourquoi les deux jours de réunion du « G7 » ont été exclusivement réservés à la crise en Ukraine en attendant de « voir » Vladimir Poutine, le lendemain, en Normandie. Les communiqués de presse et conférences de presse des chefs d'Etat et de gouvernement des sept pays du «G7» comme ceux du président du Conseil européen et de la Commission européenne n'ont pas été au-delà de ce qui a été déjà dit et décidé : l'éventualité d'autres sanctions économiques contre la Russie au cas où elle s'impliquerait directement dans la crise en Ukraine. Ce que nie la Russie. Dans le même temps, le groupe du « G7 » faisait de « l'appel du pied » à Vladimir Poutine : « une solution politique est possible, pour peu que la Russie s'implique pour aider à apaiser la situation et au retour du dialogue entre les rivaux en Ukraine » pouvait on en conclure en substance. Après avoir reproché à la Russie d'intervenir (militairement et politiquement) en Ukraine, les Occidentaux lui demandent d'intervenir et d'influer pour un retour à la paix. « Chacun doit prendre sa part de responsabilité dans la crise ukrainienne », a déclaré le président américain Obama. Ainsi, les Russes ne sont pas seuls responsables des événements qui secouent l'Ukraine. C'est un grand pas vers une solution politique. « Il faut maintenir et insister sur le maintien du dialogue avec la Russie », a ajouté la chancelière allemande, Angela Merkel. Le lendemain sur la plage d'Omaha en Normandie, Russes, Européens et Ukrainiens ont, enfin, échangé les premiers dialogues directs et se sont engagés pour faire rencontrer les belligérants ukrainiens. Poutine a parlé au nouveau président ukrainien Petro Porochenk et à Obama droit dans les yeux et a promis d'aider au retour du dialogue en Ukraine. A charge des Occidentaux de faire pareil et d'éviter la surenchère et l'escalade dans cette crise. Russes et Occidentaux souhaitent sortir par le haut, la tête haute de l'impasse ukrainienne. L'urgence d'une solution en Ukraine est telle que les traditionnels sujets de discussion du « G7 » sont passés à la trappe et laissés aux soins des ministres : climat, banques, énergie et jusqu'au fameux traité transatlantique. Trois jours rien que pour l'Ukraine. Si en 1945 la jonction des forces alliées et russes pour vaincre la guerre s'est faite à Berlin, vendredi dernier la rencontre des deux camps s'est faite en France, en Normandie, plus à l'ouest de Berlin avec un enjeu géostratégique situé, lui, plus à l'Est, en Ukraine. C'est peut-être le nouvel axe de construction de l'équilibre entre l'Occident et la Russie. Le reste du monde observe et attend.