Le temps des vacances avec ses journées longues et torrides qui pourchassent, quotidiennement, des centaines de familles vers les plages ne sont pas seulement une occasion pour se détendre, mais aussi une bonne occasion qui rappelle les Algériens, une fois encore, que l'ordre et la bonne gestion des lieux de détente ne sont pas pour demain. En effet, chaque été, le problème de la concession des plages, débordant plus que de mesure, resurgit avec acuité et avec le même constat : un fait accompli de « privatisation » des plages et du domaine public et l'exclusion de milliers d'estivants aux revenus modestes. Un mode de gestion qui autorise les privés à exploiter des parcelles de plages et, en contrepartie, faire payer les estivants qui souhaitent prendre place sur ces espaces «propres et sécurisés». Les estivants se trouvent dans l'obligation de payer un parasol et/ou une table et des chaises même s'ils figurent dans leurs bagages. C'est le cas des plages de Boutlélis. A Madagh, presque la totalité de la superficie des plages est squattée par de vrais et de faux concessionnaires. Il n'y a, pratiquement, pas d'espace libre pour les estivants voulant passer quelques moments sur la plage.Chaque concessionnaire délimite son espace soit par une corde, soit par des balises. Bien des rixes ont éclaté entre les locataires du rivage et les riverains qui estiment qu'ils ont le droit de s'installer où et quand ils veulent, et des concessionnaires qui croient, dur comme fer, qu'ils sont propriétaires des lieux. Sur place, on peut constater un alignement de solariums. Les tables, les chaises et les parasols sont collés les uns aux autres ne laissant aucun centimètre d'intimité aux clients. Les cahiers des charges auxquels les bénéficiaires de ces solariums ont été soumis et qui stipulent que seulement 30% des plages est soumise à la concession ne sont pas respectés. Pour les tarifs, ils varient entre 1.000 et 1.200 DA pour un parasol, une table et 4 chaises, le tout sur un espace de 4 m2. Pour cet été, la direction du Tourisme a pris, seulement, les plages dotées de plans d'aménagement. Toutefois, en dépit de ces mesures des indus exploitants sont là, sur quelques plages de la corniche oranaise, semant le désordre et dictant leurs lois à des estivants, contraints de mettre la main à la poche pour s'acquitter des droits d'entrée à des espaces, sans commodités, et livrés à l'anarchie. Le squat des sables survient au moment où les autorités locales vantent, à l'avance, les résultats de la gestion, par voie de concession, des plages. Le beau principe de la gratuité des plages évoqué par les pouvoirs publics, les concessionnaires, non contents de fonctionner comme si les plages leur appartenaient exclusivement, pratiquent en plus des tarifs très libres. Pour rappel, en prévision de la saison estivale, la commune d'Aïn El Kerma a bénéficié d'une enveloppe budgétaire de 4 milliards de centimes. Plusieurs opérations d'aménagement ont été inscrites. Parmi ces projets, l'aménagement des pages et des parkings, l'éclairage, la réhabilitation de quelques espaces verts, ainsi que plusieurs opérations de nettoiement et d'embellissement. Cette année, et après la fermeture de la plage Madagh 2' de la wilaya d'Aïn Témouchent pour les travaux d'extension du port de pêche, les prévisions tablent sur une augmentation du nombre d'estivants, qui vont se diriger vers les plages de Boutlelis, à savoir cap Blanc et Madagh1'.