Situé dans le périmètre sauvegardé de la Médina et devant, de ce fait, subir une opération de rénovation et de réaménagement qui s'inscrit dans le plan gouvernemental de sauvegarde de la vieille ville de Constantine, le vieux marché de Souk El Asser sera vidé de ses commerçants. La décision qui interviendra incessamment pose problème aux commerçants de ce marché qui s'inquiètent des conséquences de cette décision qui, ont-ils dit, va les priver de leur unique gagne-pain. «Qu'allons-nous devenir après ? Comment va-t-on faire pour nourrir nos familles ?», se sont-ils demandés en apprenant que le marché allait être fermé. Les premières démarches précédant cette opération ont été enclenchées hier matin par une réunion qui s'est déroulée à l'Hôtel de ville et qui a regroupé les représentants des commerçants et les responsables de la direction du patrimoine de la commune. Le conclave a examiné la question des délais, celui à partir duquel les marchands doivent quitter les lieux ainsi que la durée des travaux de réaménagement et de rénovation. Dans ce cadre et selon le coordinateur du bureau de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) que nous avons contacté à la fin de la réunion, le bureau d'études du secteur de la culture, l'office de gestion des biens culturels (OGBC) qui est chargé du programme de réaménagement et qui reste le maître d'œuvre du chantier qui va être lancé à Souk El Asser, a donné le délai de 6 mois pour l'achèvement des travaux et la remise du marché à ses commerçants. C'est un délai trop long, a considéré M. Bouhenguel qui, de concert avec les représentants directs des commerçants, a demandé que la durée des travaux soit raccourcie et ramenée à 3 mois. Car, il va sans dire que cela va porter un grand préjudice aux marchands qui n'ont d'autre ressource que celle fournie par les étals qu'ils tiennent quotidiennement sur cette place. D'autant plus que, pendant toute la durée de fermeture du marché à l'activité commerciale, ils ne seront pas indemnisés pour le manque à gagner». Ni l'APC ni le maître d'œuvre n'ont proposé de solution de rechange pour permettre aux commerçants de continuer à exercer leur activité en attendant que le marché soit livré sous son nouveau visage. «Seulement, pendant la période où le marché sera fermé pour travaux, les loyers ne seront pas dus aux services de la mairie», nous a déclaré hier le directeur du patrimoine de la commune, M. Dokkari. La date de fermeture du marché, elle, sera probablement arrêtée de concert avec les partenaires, à savoir les commerçants eux-mêmes, les responsables du bureau d'études OGBC, le syndicat des commerçants UGCAA et le service du patrimoine de la commune, et ce dans un autre conclave qui les réunira au courant de la semaine prochaine, ont indiqué nos différents interlocuteurs. Reste à dire que parmi les 125 commerçants de Souk El Asser l'atmosphère est à l'inquiétude et la tristesse. « Nous ne sommes pas dupes, c'est à une liquidation pure et simple qu'on nous prépare », ont commenté amèrement les membres d'un groupe de marchands de ce marché que nous avons joints hier pour recueillir leurs impressions. « Notre sort, ont-ils ajouté, sera celui dont ont été victimes l'année passée les marchands à la sauvette de la rue Didouche Mourad qui ont été exilés au bout de la ville et qui ont fini, les malheureux, par abandonner et retourner au chômage ! »