Sonatrach ne semble pas «affectée» par la baisse brutale des cours de pétrole. La compagnie nationale des hydrocarbures compte en effet maintenir intacts ses investissements pour la prospection notamment de nouveaux gisements. «Nous avons décidé de maintenir notre plan d'investissement inchangé en dépit de la baisse des prix de pétrole qui ont atteint leur plus bas niveau depuis cinq ans», a fait savoir hier Saïd Sahnoun, le PDG de Sonatrach. S'exprimant en marge de la 9e édition du Sommet nord-africain du pétrole et du gaz qui se tient du 7 au 9 décembre à l'hôtel Sheraton, à Alger, M. Sahnoun affirme qu'il a été décidé de déployer un effort particulier pour «l'élargissement de la base de réserves et à augmenter la capacité de production du groupe Sonatrach». Le plan en question, ajoute le même responsable, prévoit principalement le développement des gisements du pétrole et du gaz, le renforcement des capacités de transport des hydrocarbures, de l'activité pétrochimique et du raffinage ainsi que la valorisation des ressources humaines. Il y a lieu de rappeler que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait décidé malgré la baisse des cours de maintenir son plafond de production de pétrole à 30 millions de barils par jour. Cette décision, qui avait surpris plus d'un observateur, n'arrange nullement les affaires de l'Algérie dont l'essentiel des revenus provient justement des hydrocarbures (pétrole et gaz). Le groupe Sonatrach pourra-t-il réellement faire face à son «ambitieux» plan d'investissement en dépit de la baisse drastique des prix de l'or noir ? La compagnie nationale avait annoncé l'été dernier, pour rappel, un investissement de 42 milliards de dollars pour augmenter sa production à 225 millions de Tep (Tonnes équivalent pétrole). La part du gaz naturel représente un montant de plus de 22 milliards de dollars sur la période quinquennale qui prend fin. Pour les cinq prochaines années, Sonatrach prévoit, selon des prévisions rendues publiques il y a quelques mois, l'entrée en production des champs Tinhert à Illizi (24 millions de m3/jour), Hassi Bahamou et Hassi Mena (21 millions de m3/jour), Touat à Adrar (12 millions de m3/jour), Reggane (12 millions de m3/jour) et le projet Timimoun (5 millions de m3/jour). Le nouveau PDG de Sonatrach a fait état hier clairement de l'intention du groupe d'investir près de 90 milliards de dollars sur la période allant de 2015 à 2019. 90 milliards de dollars, cela équivaut presque à deux années de revenus de Sonatrach. En décidant de maintenir des investissements colossaux, la compagnie ne semble pas prendre en considération, du moins pas suffisamment, les répercussions de la chute du prix du pétrole, pas seulement pour Sonatrach mais également pour tout le pays qui tourne à 98% grâce à la vente du liquide précieux. La «stabilisation» des prix du pétrole à un niveau bas les prochaines années aura certainement des conséquences néfastes sur l'Algérie qui a engagé un ambitieux programme quinquennal doté de plus de 280 milliards de dollars. La question est de savoir, devant l'entêtement des autorités à poursuivre leur «politique dépensière», où trouvera-t-on l'argent pour concrétiser tous les projets inscrits au titre du plan quinquennal 2015-2019, sachant que la diversification de notre économie est comme un mirage qui apparaît et qui disparaît ? Ceci étant, il y a lieu de souligner que la 9e édition du Sommet nord-africain du pétrole et du gaz a rassemblé un grand nombre de compagnies, notamment Shell, Total, Repsol, ENI, Anadarko, EGAS, DANAGAS Egypt, NOC Libya, ETAP, Schlumberger, Baker Hughes, Siemens, Halliburton, Foster Wheller, SamirRefinery, Midor, Abu Dhabi Oil Refiningcompany, International Finance Corporation, Axens, KBR. Le sommet sera par ailleurs l'occasion d'aborder les questions relatives au «succès de la coopération fructueuse Nord-Sud», «la création de richesse pour les communautés locales», et sera également l'occasion de parler entre experts sur la situation sécuritaire en Libye, son impact sur l'industrie en Afrique du Nord. «L'enjeu de la sécurité des approvisionnements», «la question des hydrocarbures non conventionnels», «le financement de nouveaux projets et «les innovations technologiques à venir dans le secteur des industries extractives» sont quelques thèmes retenus au programme de ce sommet co-organisé par Sonatrach et le cabinet The Energy Exchange.