Invité à l'émission «On n'est pas couché», animée par Laurent Ruquier sur la chaîne de télévision française France2, l'écrivain et journaliste, Kamel Daoud, finaliste du prix Goncourt de 2014, s'est livré aux questions-réponses des deux chroniqueurs de l'émission, Léa Salamé et Aymeric Caron. 'Mersault contre-enquête», dernier roman de Kamel Daoud, l'arabe, le colonialisme, le printemps arabe, la solidarité avec la Palestine autant de sujets abordés et sur lesquels Daoud a donné son point de vue et sa position. Avant de commencer, le journaliste est revenu sur les raisons qui l'ont poussé à écrire un roman sur l'œuvre littéraire du prix Nobel de la littérature Albert Camus. Il a expliqué qu'en fait, l'origine de ce roman est une chronique écrite sur le journal Le Quotidien d'Oran, intitulée 'Meursault ou l'arabe, deux fois tué». «J'avais rencontré un journaliste français, dira-t-il, qui était sur les traces de Camus et ce qui m'agaçait, c'est qu'il donnait cette impression de poser la question est-ce que Camus est à vous ou à nous ? Je suis monté chez moi et j'ai écrit cette chronique. C'est mon éditeur qui m'a appelé par la suite pour me dire, c'est une très belle matrice pour faire un roman. C'est à partir de là que j'ai continué». Interrogé ensuite par la chroniqueuse Léa Salamé sur le nom arabe, faisant remarquer à l'invité de l'émission que «de manière générale, vous avez un problème avec le nom arabe», Kamel répond que «l'arabité est un patrimoine, c'est une culture. C'est comme si je vous disais: vous êtes française ou latine ? Vous êtes française. Moi, ma nationalité est algérienne. Je suis Algérien. L'arabe, ce n'est pas une nationalité, c'est une culture, une domination, une colonisation». Sur la religion, l'écrivain souligne : «La religion est un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers Dieu à pied, s'il le faut, mais pas en voyage organisé». Et d'ajouter : «Si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l'homme et on ne va pas avancer. Tant que Dieu est dans la surinterprétation, l'homme devient secondaire». Les chroniqueurs ont enchaîné ensuite sur les questions qui fâchent, à savoir si la colonisation a des aspects positifs, question posée par Aymeric Caron. L'écrivain rétorque que «c'est une violence et qui fait partie de mon histoire. Mon désenchantement, le regard sévère et la critique que j'ai sur l'Algérie maintenant ne doivent pas me servir comme prétextes pour absoudre une colonisation. On est responsable de ce qu'est devenue l'Algérie aujourd'hui». Sur ce pourquoi l'écrivain n'est pas solidaire avec la Palestine et Ghaza, un sujet qui a fait polémique, Kamel Daoud a expliqué que «si la solidarité était au nom de la race, de l'ethnie ou la confession religieuse, je ne suis pas solidaire. Maintenant, si on revient à la Palestine comme une injustice et de colonisation, là, je suis solidaire». Abordant le printemps arabe et notamment la chronique sur le sujet parue sur la revue Le Point, le journaliste écrivain dira : «J'ai été solidaire avec le printemps arabe mais j'ai constaté par la suite qu'il y a eu une myopie quelque part. Si on ne refond pas le lien religieux, ça ne sert à rien de faire tomber un dictateur. Je dirai que j'ai le devoir d'être lucide. Si on ne fabrique pas une modernité, une démocratie, si on ne réforme pas l'école, si on ne plante pas les bases d'une société future, si on ne fabrique pas un citoyen, cela sert à quoi de faire tomber un dictateur».