L'écrivain et chroniqueur Kamel Daoud a signé, jeudi dernier, son dernier opus à Oran, «Mersault, contre-enquête», dans la toute nouvelle librairie «Livres, arts et culture». Une assistance nombreuse était venue écouter la présentation de l'ouvrage faite par les soins de Hadji Melliani, chercheur au Crasc et professeur à l'université de Mostaganem. Par ce nouvel ouvrage, aux éditions Barzakh, Daoud revisite à sa manière «L'étranger» de Camus, en tentant peu ou prou de «réhabiliter» celui qui, dans le chef-d'œuvre camusien, on appelle dédaigneusement «l'Arabe», lui ôtant même le droit d'avoir un nom, donc une identité. Aussi, dans «Mersault, contre-enquête», c'est le frère de cet Arabe assassiné dans l'étranger qui prend la parole, soliloquant dans les bars d'Oran et d'Alger, et relatant sa propre version des faits. Une manière de rendre justice, fût-ce de façon posthume, à cet Arabe si méprisé dans «l'étranger». Toutefois, à aucun moment, l'écrivain n'est tombé dans l'invective : il n'y a pas l'once d'une avanie, dans «Mersault contre-enquête», à l'encontre de Camus. En revanche, c'est bel et bien son ouvrage «l'étranger» qui est passé à la sellette, pour être décortiqué de fond en comble. Daoud s'est livré à une sorte de réquisitoire contre cette œuvre majeure de l'œuvre camusienne, et ce, tout en affichant un total respect pour l'homme et l'écrivain qu'était Albert Camus. «Mersault, contre-enquête», récit de 191 pages, est disponible à présent à Oran dans les «bonnes librairies». Daoud s'est plu à débuter son livre par cette phrase : «Aujourd'hui, M'ma est encore vivante», une sorte de pied de nez à l'étranger et de sa célèbre phrase du début : «Aujourd'hui, maman est morte». Enfin, il faut savoir que des rencontres similaires auront lieu les prochains mois au niveau de cette librairie, qui a ouvert ses portes il y a à peine quelques semaines, et qui, déjà, s'est imposée dans la scène littéraire locale.