Un bras de fer commence à se dessiner entre les commerçants de la place Benhamadi, plus connue de la population sous le nom de «Rahbet Lejmal», et les autorités locales représentées par la daïra, l'APC et l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC), le bureau d'étude affilié au secteur de la culture et qui pilote l'opération de rénovation des sites et monuments de la vieille ville. Dans cette perspective qui paraît inévitable à beaucoup de commerçants occupant les lieux, les marchands de la place, notamment ceux des fondouks Benhamadi et Bencharif, ont commencé à fourbir leurs armes tout en proclamant leur détermination à ne pas quitter les lieux. «Certains d'entre nous sont là depuis plus de 70 ans, nous ont-il fait savoir hier. Quitter nos locaux c'est nous exposer fatalement à une mort commerciale certaine et à la misère car nos familles ne vivent, au jour le jour, que des ressources tirées de ces commerces». Rencontrés hier dans leurs magasins, ils nous ont priés de dire qu'ils rejettent catégoriquement le principe d'évacuer leurs locaux. «Pour aller où ? ont-ils demandé. Les autorités ne nous proposent aucune alternative valable de nature à préserver nos droits et donner satisfaction d'un point de vue strictement commercial». Quant aux responsables de l'UGCAA ils leur ont proposé de les assister, les conseiller et les accompagner dans les négociations avec les autorités. «Les commerçants ont le droit légitime de craindre pour leur avenir car les autorités n'ont avancé aucune alternative d'une part et n'ont exprimé aucun engagement d'assurer leur retour dans les locaux une fois les rénovations terminées. Ils sont maintenus dans un flou total. Que ce soit la daïra, la mairie ou l'OGEBC, chacun a un point de vue différent sur la façon dont doit être menée l'opération. Il n'y a que le bureau d'étude qui insiste sur l'évacuation totale des locaux avant le lancement du chantier», nous a expliqué hier M. Bouhenguel, le coordinateur du syndicat des commerçants. Il regrette que nul parmi les autorités ne s'est exprimé sur la question des délais que prendront les travaux, sur les compensations financières, etc. Il ajoute que la place est laissée à la rumeur qui fait rage parmi les commerçants. «L'une d'elles qui a été diffusée dernièrement en leur sein affirme que celui qui consentirait à quitter son local en optant pour la compensation financière recevra une indemnité mensuelle de 7 millions. Mais la majorité ne veut pas parler de compensation». En tout cas, conclut M. Bouhenguel, le débat se déroule au sein des commerçants, mais il est totalement absent avec les autorités. Il considère qu'il faut d'abord commencer par là : sensibiliser les commerçants sur la nécessité de réaliser le plan de rénovation touchant leurs locaux et demander leur compréhension, voire leur collaboration, au lieu de les laisser dans l'expectative et les pousser à des réflexes défensifs, à se renfermer sur eux-mêmes pour essayer de préserver leurs intérêts.