Une profonde inquiétude hante aujourd'hui les commerçants et les artisans de la place Benhamadi (Rahbet Lajmal) qui craignent de perdre leurs commerces dont le site est compris dans le plan de sauvegarde de la vieille ville qui devra être soumis au programme de rénovation totale. Dans ce cadre, et pour faciliter les travaux de rénovation qu devront être lancés dans les plus brefs délais, les autorités leur demandent d'évacuer totalement les lieux en leur assurant qu'ils pourront reprendre leurs locaux une fois l'opération terminée. «Cela ne nous convient pas d'évacuer totalement les lieux. Et pour aller où ? Et puis les autorités ne nous ont proposé aucune alternative», nous ont répondu hier les concernés à Fondouk Benhamadi. Nos interlocuteurs nous ont expliqué le flou total dans lequel ils sont laissés, sans explications claires sur les modalités d'évacuation, sur le sort des commerçants durant la période des travaux de rénovation, la durée de celle-ci, des garanties fermes pour le retour, etc. «La rencontre de concertation tenue avec les autorités au siège de la wilaya, à Daksi, n'a abouti à aucun résultat satisfaisant, contrairement à ce qu'a été rapporté par la presse. «Nous, nous préférerions rester dans nos locaux pendant que l'opération de rénovation se déroule. Fermer les commerces comme ça et s'en aller c'est se condamner à la faim, ceci si l'on considère que la durée des travaux reste encore inconnue, et pour nous et pour les autorités en charge de l'opération», ont-ils souligné avec cette inquiétude au fond d'eux-mêmes qui les rend soupçonneux et non réceptifs à tout argument, ou proposition venant des autorités. Et d'ajouter : «Nous sommes 150 commerçants installés ici à Fondouk Bencharif et Fondouk Benhamadi. Ajoutez Fondouk Ezzit au quartier de R'cif et vous aurez quelques 177 familles qui vont être touchées par l'opération. Multipliez par 10 et vous aurez le nombre d'individus qui pourraient en pâtir», ont considéré les commerçants qui ne veulent pas entendre parler de l'indemnisation car, nous ont affirmé d'autres commerçants de la place, «l'indemnisation ne peut convenir qu'à ceux qui possèdent des commerces ailleurs». Et cela s'est avéré juste puisque d'autres, que nous avons contactés aussitôt à la place Benhamadi, ont confirmé qu'ils opteraient volontiers pour la formule de la compensation et sont prêts à quitter les lieux. Contacté hier matin, le coordinateur du bureau de wilaya de l'union générale des commerçants et artisans Algériens (UGCAA), M. Bouhenguel nous a confirmé le désarroi des commerçants. «Ils sont venus ce matin à notre bureau pour nous faire part de leurs inquiétudes quant aux conséquences de l'opération dont l'imminence ne fait plus de doute à leurs yeux, a-t-il dit. Leurs appréhensions se justifient surtout par le manque de garanties claires qu'ils pourront réintégrer leurs commerces à la fin de l'opération de rénovation. La plupart d'entre eux sont affiliés à notre organisation et ils sont venus pour se concerter et nous demander de les soutenir, surtout qu'ils vont se réunir jeudi matin 18 décembre avec le chef de la daira pour discuter des modalités d'évacuation de la place». Et de terminer en signalant qu'une réunion de concertation a été programmée avec les commerçants de la place Benhamadi jeudi matin au siège de l'UGCAA avant leur départ pour la daira et une autre rencontre plus élargie sera organisée avec les commerçants au même lieu à partir de 13 heures.