La réhabilitation des bâtisses sera, à coup sûr, une opération ardue, au vu de l'état de dégradation ayant touché leur structure. Après des décennies d'oubli et de négligence, le fameux caravansérail situé juste derrière l'édifice du théâtre de la ville, sur la place de Rahbet Ledjmal (place des chameaux), aujourd'hui place Benhamadi Mohamed Ameziane, et dont la construction remonte à l'époque turque, sera sauvé grâce à un ambitieux plan de réhabilitation, le plus important depuis l'Indépendance. Un projet inespéré il y a quelques années, et qui sera concrétisé avec l'opportunité de l'évènement culturel de 2015. Selon Nabil Gaham, responsable du cabinet d'architecture chargé de l'étude et du suivi du projet de réhabilitation de l'îlot 2B dans la haute Souika, en partenariat avec le bureau d'étude espagnol Integral SA, conformément à la règle 51%-49%, les travaux dans cette partie concernent la réhabilitation du grand et du petit fondouk de la place de Rahbet Ledjmal, ainsi que la mosquée Abderrahmene El Karaoui, se trouvant juste à côté, la terrasse située derrière le siège de la BNA, à la rue des Frères Ahssane, et la zaouïa Seyda Hafsa, de la rue Abdellah Bey. «Le projet dont le montage financier n'a pas encore été arrêté, a été entamé le 5 janvier dernier avec le recensement et la prospection du site, avant d'entamer les relevés architecturaux de l'ensemble des structures au scanner 3D, réalisés par le bureau Topo Consult d'Alger. On passera ensuite au diagnostic des constructions avant de se lancer dans la phase décisive de la réhabilitation et de la mise en valeur. L'étude des lieux devra être achevée vers fin mai, à condition que les services de l'APC et de la daïra de Constantine prennent leurs dispositions pour la libération des lieux, occupés toujours par près de 170 artisans, commerçants et gargotiers, et différents locaux pour qu'on puisse mener notre mission dans les conditions requises», indiquera Nabil Gaham. Notre interlocuteur notera que les premiers constats faits sur les bâtisses du grand fondouk et du petit fondouk, connus respectivement par fondouk Béni Abbes et fondouk Aouidet, situés tous les deux à la place des Chameaux, ont révélé une sérieuse dégradation de la structure, des fissures importantes sur les murs, un flambement de poutres, une inclinaison des colonnes, un affaissement des dalles, en plus des transformations opérées durant des décennies sur l'ancien immeuble et qui ont déformé une bonne partie de ce dernier. La réhabilitation est une opération complexe, mais elle sera passionnante puisqu'il s'agit de sauvegarder une bâtisse d'une grande valeur historique et architecturale. «Si on arrive à sauver au moins deux fondouks, ce sera extraordinaire, car ces constructions sont très rares en Algérie», a déclaré Abdelouahab Zekar, directeur de l'office de gestion et d'exploitation de biens culturels protégés (OGEBC), lors d'une première visite des lieux effectuée il y a quelques jours. «Cette manifestation est une occasion à saisir pour déclencher l'étincelle qui va entraîner d'autres travaux et inciter d'autres spécialistes à venir y contribuer», notera-t-il.