Les Européens pressés par leur tuteur américain ont engagé un bras de fer avec la Russie sur l'Ukraine, convaincus qu'en lui imposant des sanctions économiques ils l'emmèneront rapidement à baisser pavillon et à renoncer de faire obstacle à l'intégration de ce pays dans la zone d'influence occidentale. Les sanctions ont certes affecté l'économie russe, mais Poutine et son pays restent inflexibles dans leur refus de voir l'OTAN mettre pied en Ukraine, c'est-à-dire aux portes de Moscou. Ce sont maintenant les Européens qui sollicitent du président russe un compromis dans la crise ukrainienne qui leur sauverait la face. Ils ont toutefois poussé le bouchon trop loin dans la suffisance et l'arrogance à l'égard du président russe et de son pays pour espérer leur arracher un accord n'entérinant pas de façon trop brutal l'échec européen dans le bras de fer imprudemment engagé. D'autant que Moscou ne voit et à sa juste raison les Européens qu'en tant que supplétifs de l'Amérique s'étant fourvoyés dans un conflit sur l'Ukraine avec la Russie à l'instigation des Etats-Unis sur la solution duquel ils n'ont plus prise malgré la posture de matamore dont ils ont fait montre. Si un accord doit intervenir à Minsk ce ne sera pas de la volonté des deux chefs de file de l'Union européenne qui y ont rencontré Vladimir Poutine. Le seul accord qu'acceptera le président russe ne sera que celui qu'Obama absent aura décidé d'entériner. Un accord qui au-delà de la question ukrainienne aura pour clause fondamentale l'arrêt par les Occidentaux de leur politique poussant depuis la chute du mur de Berlin et la dislocation de l'Union soviétique à l'encerclement de la Russie et à l'avancée de l'OTAN à ses frontières. La crise ukrainienne est la cause de cette politique qu'Américains et Européens ont cru pouvoir continuer même si la Russie de Poutine n'est plus dans l'état de déliquescence où l'a plongée le règne inqualifiable de Boris Eltsine. Ils n'ont pas mesuré à ses justes conséquences la détermination de Poutine de rétablir la Russie dans son statut de grande puissance ayant ses intérêts et son mot à dire dans les affaires internationales et plus spécialement celles ayant pour scène une région et des Etats où se joue la sécurité nationale de son pays. Angela Merkel, François Hollande et derrière eux Barack Obama se seraient mépris sur la détermination de Poutine s'ils ont été à Moscou puis à Minsk avec l'intention de le faire céder sur l'affaire ukrainienne sans reconnaître à la Russie la justesse de sa position à l'égard de la politique occidentale envers la Russie. La crise ukrainienne dont il faut répéter qu'elle découle des agissements occidentaux ayant été jusqu'à l'ingérence directe dans les affaires intérieures du pays, ne peut désormais se dénouer que si Occidentaux et Russes conviennent de mettre à plat tout ce qui fait conflit dans leurs relations. Poutine n'est pas le « malade » imprévisible et dangereux de ce fait tel que présenté par les Occidentaux. C'est en homme d'Etat ayant compris à quoi ces Occidentaux veulent réduire son pays qu'il a décidé de faire pièce à leur politique qui en arrimant l'Ukraine à leur sphère d'influence lui aurait infligé une irréparable humiliation. Dans son combat, il a ce qui n'est pas rien, le soutien de l'écrasante majorité de son peuple elle aussi revenue du mirage d'un Occident cherchant à faire partager à la Russie ses valeurs de respect des libertés des peuples et de non-ingérence dans leurs affaires nationales.