Toutes ces tonnes de marchandises déversées, chaque jour, à même le sol, par des centaines de revendeurs, tous ces produits dont notamment des denrées alimentaires, sont-elles recensées, répertoriées et donc contrôlées par les services compétents ? L'interrogation suscite tout l'intérêt des consommateurs, parfois livrés à eux-mêmes. Sur les places publiques, dans les ruelles commerçantes, des marchandises, à la pelle, occupent les espaces, la camelote textile, d'origine asiatique, fait la concurrence à une production nationale inexistante, le marché déloyal impose sa loi et le produit local moribond est là, simplement comme décor. Savons-nous ce que nous consommons, la qualité des produits que nous achetons, leurs dates de péremption, les conditions d'exposition des marchandises fragiles mises à la vente (lait et dérivés, biscuits et friandises ou encore, les pâtes) ? Ne parlons pas des fruits et légumes, étalés, au beau milieu des immondices, sans que cela fasse réagir le consommateur, encore moins les services de contrôle de la fraude et de la qualité censés être sur place. Alors, on continue à faire ses achats, sans se soucier du lendemain. Tout le tapage médiatique, au tour de l'éradication de l'informel n'est, finalement, que conjoncturel, puisque le phénomène est toujours-là. Pire, les endroits stratégiques de la cité, pour ne parler que du chef-lieu de wilaya, sont, systématiquement pris d'assaut par des centaines de nouveaux arrivants et ce, au grand désespoir des commerçants qui exercent dans la légalité. «Je n'arrive plus à ouvrir mon magasin à cause des étals des revendeurs, les passants eux-mêmes trouvent des difficultés à circuler, dans les allées obstruées par les ordures ; parfois les jeunes revendeurs à la sauvette deviennent menaçants dès qu'on les interpelle », dira un libraire, du centre-ville. Pendant ce temps, la ville croule sous les ordures aux odeurs pestilentielles; les déchets sont charriés par le vent et le lieu est devenu une piste ouverte pour automobilistes dans un va-et-vient incessant et de stationnement anarchique. Espérons que le projet d'aménagement de la ville, initié par le wali, viendra alors, sauver cette ville de cet état des faits qui la rend telle une cité répugnante et pour ses habitants et surtout pour ses visiteurs.