Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
Au début de cette année, le responsable d'une association algérienne des commerçants a avancé le chiffre de 60 000 tonnes de produits périmés par an que les consommateurs avalent, loin des yeux des contrôleurs dépassés ou passifs des services du commerce et de la concurrence. «Plus d'un tiers des Algériens mangent mal […] chaque citoyen consomme chaque année plus de 1,5 kg de ces produits suspects», stocks approvisionnés via l'industrie de la contrefaçon. Le lait et les produits dérivés, les viandes, le poisson, les conserves, les épices, les gâteaux et les pâtisseries ainsi que les friandises, les chocolats, les jus de fruits, les beurre et margarine, les fromages et le tabac sont cités en première ligne de la liste des produits mis en cause. Même des produits pharmaceutiques sont incriminés, selon des données fournies par des professionnels du secteur.«Des produits alimentaires dont la date limite de consommation est dépassée de plusieurs semaines ou mois sont mis sur le marché par des intervenants commerciaux alors qu'ils devraient être interdits à la vente et destinés logiquement à la destruction, des articles de l'électroménager contrefaits et qui constituent un réel danger pour la vie des usagers crédules, ont aussi fait leur apparition sur le marché local ajoutant à la concurrence déloyale qui prévaut dans ce créneau ces dernières années», nous déclare un intermédiaire dans le marché des conserves à Tizi Ouzou. Selon des commerçants, ces produits dangereux proviennent généralement de grossistes qui, constatant que la date limite de péremption approche, font appel à des revendeurs à la sauvette dans les rues et marchés de proximité, pour écouler leurs marchandises.Et le consommateur dans tout ça ? «De manière générale, le consommateur se rabat sur ces produits qu'il pense ne pas trouver à un prix soi-disant concurrentiel dans d'autres surfaces commerciales et magasins d'alimentation générale ; les revendeurs les cèdent à moindre prix ; parfois le tiers du prix initial, c'est un piège qu'on tend et qui réussit souvent devant l'imprudence des acheteurs», affirme un autre commerçant de la région qui fait remarquer par ailleurs que le marché de la pièce détachée est «inondé» par des accessoires autos contrefaits mettant ainsi en danger de mort des milliers d'automobilistes qui s'approvisionnent notamment au niveau des «casses» automobiles de la région de Tizi Ouzou et même chez certains concessionnaires agréés de l'automobile.Cela dit, la problématique des produits contrefaits est considérée comme étant multidimensionnelle par les spécialistes du marché parallèle, car plusieurs facteurs ne contribuent pas à éradiquer le phénomène dans la situation actuelle des paramètres en jeu. On pourrait relever les dysfonctionnements qui frappent la régulation de l'économie, la concurrence déloyale, l'ouverture anarchique sur le marché mondial, l'insuffisance des moyens de contrôle des agents des directions de wilaya du commerce et de lutte contre la fraude, le chômage endémique, la dégradation du pouvoir d'achat…etc.Pour rappel, le marché informel cause un préjudice financier de plus de 300 milliards de dinars par an, selon un représentant des commerçants qui estime, d'autre part, à plus de 1,5 million les personnes vivant du marché noir.