Le Centre d'études maghrébines en Algérie a organisé, hier, à la Cité du Chercheur (Ex- IAP) une conférence portant sur «La dynamique des langues en Algérie -Cas de l'arabe dialectal dans la rubrique (Tranche de vie) d'El Guellil du journal d'information «Le Quotidien d'Oran». D'emblée et avant de s'attaquer au cœur du sujet, le professeur Milani soulignera que «parler de langue c'est forcement parler de politique» qui, dans son immuabilité et sa quasi-sacrée rhétorique de l'homogénéité ne veut toujours pas reconnaître de statut formel à l'arabe dialectal, de surcroît à l'ère de la mondialisation et du contact. «Aucune communauté linguistique n'est homogène et ne peut en aucune manière vivre en vase clos au risque de dépérir. «Langue unitaire comme ciment et porte-étendard d'une nation dans l'adversité peut être une panacée pour un temps mais pas pour toujours». «L'arabe dialectal est une réalité occultée par l'institution et cette cécité mentale ne peut la dissimuler éternellement ». Le professeur s'attellera ensuite à disséquer cette langue qui « n'est pas en déclin, pas en concurrence, elle n'est pas en résistance, importante et assure l'intercompréhension » et si l'on ajoute l'usage de sa propre grammaire, soit tous les items qui font d'une langue une langue. Pour le cas d'El Guellil c'est le parfait exemple de ce parlé qui voyage bien entre l'oral et l'écrit et transgresse bien de limités. Les emprunts, les métaphores, variations linguistiques, création lexicale, néologisme : la convocation de tous les ingrédients langagiers pour poinçonner d'une certaine singularité cette chronique. Chronique modeste de par sa visée, légère et grave à la fois, humoristique qui s'adresse aux moins nantis que cherche El Guellil à se placer à leur même niveau pour mieux les apprivoiser. Chaque mot, chaque invocation, chaque clin d'œil portent en eux une vision du monde qui se partage avec autrui dans la générosité. En présence de l'auteur de la rubrique et de nombreux étudiants, un riche et long débat s'en est suivi par un auditoire se questionnant sur le statut des langues en Algérie. Faut-il continuer à les minorer comme persistent à le faire les gardiens du temple ou bien au contraire à leur reconnaître un statut formel pour ensuite les développer puisque dans la réalité elles existent et servent de principal outil de communication ?. L'exemple des journaux en langue arabe qui n'hésitent pas à employer à profusion les mots en français tels quels dans les énonciations et même dans les éditoriaux sans travestir le sens de l'énonciation et l'utilisation de l'arabe dialectal dans les spots publicitaires ont été pris en exemple par certains intervenants qui voient dans ce dialecte un outil de communication et de socialisation. Ne dit-on pas que la langue de la mère parle aux affects. Et le langage est avant tout expression d'une émotion.