La consommation de tabac en milieu scolaire ne faiblit pas en Algérie. Au contraire ! Une récente enquête de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM) montre que le tabagisme reste très dominant en milieu scolaire. La Fondation a rendu public hier samedi, à la veille de la célébration de « la journée mondiale sans tabac » qu'organise chaque 31 mai l'OMS, une enquête menée au niveau de plusieurs collèges et lycées d'Alger-Est (El Harrach, Baraki, Sidi Moussa, Eucalyptus, Bachdjarrah, Bordj el Kiffane, Bab Ezzouar, Dar El Beïda, Rouiba, Dergana et Aïn Taya), qui montre une fois de plus le fort taux de pénétration du tabagisme au sein des établissements scolaires algériens. Pour les besoins de l'enquête, un échantillon de 8.645 élèves (47% garçons et 53% filles) a été sélectionné, dont 3.419 lycéens et lycéennes et 5.226 collégiens et collégiennes. L'âge des élèves du cycle moyen varie entre 10 ans et 19 ans, alors que celui des lycéens oscille entre 15 ans et 22 ans. Les résultats de cette enquête laissent perplexe : 2,2% des collégiennes (60 élèves sur 2.699 élèves) fument, alors que pour les garçons, la proportion est de 14,8% de fumeurs, soit 381 élèves sur 2.567 collégiens. Par contre, ce qui est alarmant, c'est que, selon cette enquête, au moins 8,3% des collégiennes qui fument ont seulement 12 ans d'âge, contre 40% pour les collégiens âgés entre 16 et 19 ans. Dans le cycle secondaire, 3,64% des filles de ce cycle fument, soit 71 élèves sur 1.965 élèves interrogées, alors que la proportion pour les garçons est de 34,3% qui fument, soit 499 élèves sur 1.454 élèves interrogés lors de cette enquête. Pour autant, le taux de filles qui fument dans ce cycle est également très alarmant, comme cela a été constaté pour le cycle moyen. L'enquête de la FOREM établit que sur les 71 filles du secondaire qui ont déclaré fumer, 85,9% d'entre elles sont âgées de 17 ans et plus, contre 14,1% pour celles âgées de 15-16 ans. Pour les lycéens âgés de 17 ans et plus, 76,8% fument. Pour la catégorie des 15-16 ans, la proportion est de 23,29% de lycéens qui fument. Par ailleurs, 66,7 % des collégiennes qui fument ont déclaré qu'elles fument depuis moins d'un an, contre 33,3% qui ont déclaré qu'elles fument au moins depuis deux ans. En outre, 50,7% des collégiens qui fument le font depuis moins d'une année contre 49,3% depuis plus de deux ans. Sur la quantité de cigarettes consommées quotidiennement, 10% des collégiennes qui fument interrogées ont déclaré qu'elles consomment un paquet par jour, alors que les lycéennes concernées ont déclaré à 28,2% fumer un paquet de cigarettes par jour. Pour les garçons, ils sont 28,9% de collégiens (qui fument) à consommer un paquet/jour contre 29,1% pour les lycéens. Autre constat inquiétant : selon les élèves, au moins 25% des enseignants dans le cycle moyen fument en classe, devant les élèves, et 10% dans les lycées. En outre, 95% de filles et 85% de garçons disent être conscients que le tabac est mauvais pour la santé. En tirant les conclusions de ce phénomène, la FOREM rappelle que le cancer du poumon, qui représente 15% de tous les cancers qui affectent l'homme, a doublé en 25 ans (1986-2010), passant de 11% à 20% pour 100.000 habitants, alors que le cancer du larynx touche 2,5% de sujets. Pour la FOREM, il faut « diminuer la morbidité et la mortalité contre le cancer », avec comme axe stratégique, la diminution « des facteurs à risque » avec la lutte contre le tabagisme, y compris le tabac à chiquer. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le tabac sera la principale cause de décès et d'incapacité, d'ici 2020, avec plus de 10 millions de victimes par an. Le tabagisme entraînera plus de décès que la tuberculose, le sida, les accidents de voitures ou les suicides et les homicides combinés.