L'opération de tirage au sort des noms des bénéficiaires de logements sociaux est arrivée hier à son troisième round, et ce n'est que justice que 18 d'entre eux fassent partie des personnes qui ont été forcées de passer leurs plus belles années dans les centres d'accueil de l'enfance assistée. Incroyable le pouvoir de ce petit bout de papier, sur lequel est mentionné le numéro du bloc et l'étage et le numéro du futur logement social, de rendre celui qui le détient entre ses doigts, le plus heureux des hommes. Que dire alors de ces citoyens qui ont pu jouir enfin d'un minimum de droits civiques qui leur ont été ôtés prématurément depuis leur conception. Djaballah était aux anges, hier devant le siège de la maison de jeunes Ahmed Saadi, située dans la cité Filali, il a enfin une adresse. «C'est très particulier pour les citoyens qui ont eu à affronter le sort d'être un enfant assisté, ce bout de papier, ce n'est pas un simple bon, c'est une identité, une adresse». Djaballah n'était pas venu seul, il était accompagné par ses amis, pères et mères de famille, des gens qui ont plus ou moins réussi leur vie mais une seule donne les lie et les liera solidement et à jamais, c'est d'avoir occupé un jour les lits des centres d'accueil de l'enfance assistée. «On est presque une quarantaine à avoir des attestations de pré-affectation, les convocations au tirage au sort sont envoyées à la première adresse mentionnée sur le dossier de la demande d'un logement social, on n'occupe cette adresse que provisoirement comme locataire, donc, la convocation ne nous parvient pas et c'est pour cela qu'on doit assister à chaque tirage au sort, le nom de notre ami Djaballah a eu la chance d'être tiré aujourd'hui». Ce problème ne leur est pas propre, du moment qu'on apprendra que beaucoup de convocations (faites par ordre alphabétique) peinent à trouver leurs destinataires «on va consacrer le jour du 12 juillet aux citoyens dont les noms ont été tirés et qui n'ont pas été présents, pour une raison ou une autre, lors du déroulement des opérations précédant cette date», nous a déclaré M. Braya, le secrétaire général de la daïra de Constantine. C'est l'un des problèmes soulevés à la fin de l'opération à côté de celui de l'inadéquation du niveau de l'étage pour certaines maladies chroniques, le premier toujours à l'ombre, à titre d'exemple auquel a objecté fermement le père d'un enfant asthmatique et qui a été changé sur le champ par la commission de daïra. Des femmes veuves ou divorcées, en possession des attestations de pré-affectations et qui n'ont pas été convoquées pour le tirage au sort, ont jugé que les déclarations officielles affirmant leur priorité dans cette opération n'ont pas été traduites réellement, d'autres ont signalé que l'ancienneté du dossier n'a pas primé. M. Braya nous dira à ce propos «la date de dépôt de dossier compte bien entendu, mais un père de huit gosses qui a déposé son dossier en l'an 2000 passe avant le dossier d'un autre sans enfants et dont le dossier a été déposé en 95 et passe aussi avant une femme divorcée sans enfants». Pourquoi ce tirage au sort quand on apprend que les appartements ne seront pas occupés dans l'immédiat ? Est-ce pour calmer les mouvements de protestation qui se suivent ? Le secrétaire général de la daïra nous expliquera qu'«on veut par cette opération rassurer les gens du moment que les travaux arrivent à 99% de leur achèvement. Les premiers à être occupés sont ceux de Massinissa, et ce sera probablement pour le mois de septembre prochain». En direction des citoyens qui pensent que cette opération n'est qu'une mise en scène, M. Braya dira «le cachet de l'Etat figure sur ces bons d'affectation, l'Etat ne peut pas se mettre dans une situation embarrassante, cette opération est officielle, pourquoi douter alors qu'on a déjà relogé 23.000 habitants».