Boudiaf est mort sans avoir obtenu de réponse. Qui peut, aujourd'hui, prétendre la détenir même parmi les traceurs de pistes qui carburent à la devise « après moi le chaos ! ». Une certitude : on sait où l'Algérie n'y est pas. En pleine décennie noire, Pierre Montagnon, dans son livre Histoire de l'Algérie, résume une malédiction vieille de plus de 2000 ans : « Pauvre Algérie, la peur, la mort, la suspicion se sont glissés partout. Fiasco économique, fiasco politique, fiasco moral, fiasco matériel, fiasco national. Le parcours de plus de 25 siècles d'histoire conduit à un sentiment d'échec. Rien ne débouche. De toutes ces greffes extérieures, une seule s'est enracinée : l'Islam Aucun homme, aucun groupe ne réussit à forger l'unité nationale. Echec numide, fatimide français Si la Tunisie et le Maroc ont engendré une spécificité culturelle et nationale riche d'œuvres d'art et de personnages qui comptent, l'Algérie est vide. Les uniques vestiges de valeur proviennent de Rome ou de France L'inaptitude à constituer une nation Pourquoi ce vide culturel ? Pourquoi cette absence d'hommes marquants ? Pourquoi aucune maison, aucune famille ne sont-elles levées pour prendre en main les destinées du pays ?... » L'auteur s'étonne de l'opposition vigoureuse des Algériens aux divers envahisseurs tout en restant déchirés par des rivalités tribales ou ethniques. Cette opposition cette division ces rivalités ne sont pas spécifiques au pays, c'est l'histoire universelle. La vie des Gaulois n'était pas plus sereine ni plus évoluée que celles des Berbères. De part et d'autre de la Méditerranée, les conditions, affirme l'auteur, étaient à peu près les mêmes pour que la France et l'Algérie évoluent de la même façon. Que s'est-il passé pour que les Lumières jaillissent chez l'une et se refusent à l'autre ? Si « le soleil d'Allah brille sur l'Occident », il brille par son absence sur un sol acquis au Croissant depuis plusieurs siècles. L'Algérie se déclare arabe et musulmane à 100% contrairement aux Gaulois qui ont profité de la civilisation romaine sans lui vendre le moindre atome de leur âme. Idem pour le Japon qui a tout copié sur la Chine Pour Gustave Le Bon, auteur de la Psychologie des foules : « L'âme d'une race régit sa destinée, il faut des générations pour la créer, et parfois peu d'années pour la perdre.» « Des racines pour vivre », précise Tierry Verhelst en affirmant que l'identité appauvrie mène tout droit vers le fatalisme que dire quand elle est greffée par les Beni Hilal. Heureusement, les Arabes sont venus avec un remède bien efficace : le mektoub. Le fonctionnement du cerveau humain n'a plus de secret au grand bonheur des politicards qui s'amusent à le manipuler à défaut d'améliorer la courbe du chômage ou de l'insécurité. Hitler, Mussolini, Marx, Lénine, de Gaulle tous les hommes qui ont fait le 19ème siècle ont pris pour Bible le texte de Le Bon. Le Guide est celui qui guide, dira La Palisse. L'Algérie n'a jamais eu le bon et à force d'encaisser en aveugle, elle a fini par tomber sur le pire. Massinissa aimait dit-on plus sa tente que son palais, 56 ans de règne à combattre Carthage et zéro institution, quel gâchis ! Saint Augustin, le porte-bonheur de la pensée occidentale, l'inventeur de la Cité de Dieu, se retrouve de nos jours renégat dans sa propre cité. Que dire de la naïve Kahina, respectueuse de la diversité jusqu'à croire que le loup, le renard et la brebis peuvent prier sur un même tapis. Quant à l'émir Abdelkader, son destin ressemble à sa statue, plus d'interrogations que d'exclamations. « Abdelkader est, parmi les grands hommes du monde arabe, l'un des seuls qui aient eu droit de cité en France, dans les manuels scolaires et l'image d'Epinal. Célèbre, il reste pourtant inconnu. » Où classer un personnage célèbre et inconnu ? On se rappelle la main tendue de Boudiaf fantasmant sur une démocratie transparente quelques secondes avant d'être assassiné. Et Camus, le seul prix Nobel algérien, crucifié pour avoir préféré son handicapée mère à la liberté des « braves ». Dans l'Envers et l'Endroit, il écrit : « Lui se sentait placé devant le plus affreux malheur qu'il eut encore connu : celui d'une vieille femme infirme qu'on abandonne pour aller au cinéma... » Heureusement la Régence d'Alger a fermé les salles de cinéma dès l'Indépendance pour permettre aux Algériens de jouir de la liberté sans abandonner leur mère. Seulement, les ex- indigènes sont malheureux d'après les Américains, névrosés et terroristes d'après tout le monde, mabouls, paresseux, sales, ingrats, cupides, capricieux et louches d'après le Système qui le sous-entend dans ses discours et fictions via ses médias « uniques ». Pourtant, le pedigree présentait bien à l'origine. Ibn Khaldoun n'avait que d'éloges envers nos bougnouls d'ancêtres. Dans son livre, le Génocide voilé, l'anthropologue et économiste Tidiane N'Diaye évoque leur originalité. Parlant des razzias arabes en Afrique subsaharienne concernant la traite des Noirs qui a duré 13 siècles, ce grand spécialiste des civilisations négro-africaines précise que les Algériens, contrairement aux Tunisiens et aux Marocains, avaient très peu d'esclaves. Généralement monogames et travailleurs, nos fiers aïeux n'avaient nul besoin d'eunuques ni d'esclaves. C'est les Turcs et leurs sanguinaires janissaires qui ont fait de celle qui a été Blanche un repaire de pirates écumant la mer Méditerranée en se mettant à dos tous les pays européens jusqu'à l'Amérique. L'ambassadeur anglais n'hésitait pas à payer le Dey pour sécuriser les navires de l'empire britannique... Cette piraterie s'exerçait dans tous les sens et le djihad était aussi adaptable qu'aujourd'hui. Le 4 mai 1830, quelques jours à peine avant l'invasion des troupes françaises, Ahmed Bey écrivait de Constantine au Dey Hussein : « J'ai fait une razzia sur une ferka des Oulad Saïd, en révolte contre le cheikh de l'Aurès. Je lui ai pris 2000 moutons, 2000 chèvres, 600 bœufs, 70 bêtes de charge. J'ai coupé 500 têtes (hommes femmes et enfants) ». On comprend pourquoi certaines tribus ont refusé de suivre l'émir Abdelkader qui n'a pas hésité à se venger quitte à s'armer auprès des roumis. Un Irangate avant l'heure. Comme aujourd'hui, seule la Kabylie a résisté sur tous les fronts. Cette « maudite bourgade » qui refuse de s'arabiser, cette collectionneuse du non et de la malchance. Cette amoureuse de liberté de démocratie de savoir et savoir-faire constamment suspectée et arnaquée. « Les émigrés kabyles en métropole ont été les premiers touchés par le programme de Messali Hadj. Ils ont fourni les militants de base » Comment éviter que les plus prudents, souvent les meilleurs, optent pour les eaux mêlées ? À peine l'indépendance acquise des dizaines de milliers d'Algériens, sans compter les harkis, prirent la nationalité française dont nombre de moudjahidine. 200000 adeptes de l'Algérie française d'après les historiens étaient dans l'armée française, 200000 victimes de la terreur algéro-algérienne 30 ans plus tard. Pour finir, des millions avec la nationalité gauloise et en premier les « révolutionnaires » mythiques qui ont confisqué l'Algérie pour eux et leur famille. Sans oublier les milliers de faux moudjahidine qui ont pris la place des vrais et les repentis gavés à ne laisser aux patriotes survivants que le couffin du ramadhan. Djihad ou pas, l'histoire de l'Algérie est parsemée de « décennies noires » où le frère assassin prive sa victime du visa de martyr lui bloquant ainsi la porte du paradis céleste. Seule consolation : « Il y a Dieu ! ». Dans l'Exception algérienne, Djamel Guerid écrit : « L'année est scandée par le ramadan, le pèlerinage, les fêtes religieuses la grande prière du vendredi. Dans la vie de tous les jours, les rendez-vous se fixent en fonction de telle ou telle prière et souvent à la sortie de la mosquée. Dans l'espace public, les lieux de culte se multiplient universités, administrations, entreprises, aéroports » Les Algériens remplissent les mosquées, mais ils n'écoutent pas l'imam. Le prêcheur salafiste, qu'on croyait éradiqué avec l'éradication du terrorisme, a plus de succès. Pas étonnant que nos dirigeants donnent des cours de bonne gouvernance à leurs homologues arabes. Géniale tactique. D'un côté, nous avons le cheikh officiel cool zen et de l'autre le clandestin, le psychopathe, le cheikh de l'apocalypse. Pourtant, l'un doit sa survie et sa baraka à l'autre. Interchangeables, les deux compères se protègent mutuellement modelant ou saignant une populace à la dérive selon les directives reçues Dans son livre, Osons dire la vérité à l'Afrique, Bernard Lugan assure : « Accrochés à des % de PIB désincarnés ou artificiels, experts et médias mentent à l'Afrique quand ils lui font croire qu'elle a démarré et qu'une classe moyenne y est née. En effet, non seulement le continent ne se développe pas, mais au sud du Sahara, il est même revenu à une économie de « comptoirs ». Au 18è ces derniers étaient esclavagistes, en 2005 ils sont pétroliers, gaziers ou miniers. Comme ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui n'enrichissent qu'une infime minorité d'acteurs-profiteurs que la masse de la population subit en tentant de survivre. Allons-nous continuer de mentir à l'Afrique quand, confrontées à la misère et pour échapper au désastre dont elles sont les premières victimes, ses jeunes générations risquent leur vie dans de mortelles traversées vers le supposé « paradis européen ? » De nos jours, ces jeunes générations se livrent volontairement à l'esclavage en enrichissant leur passeur. En 2015, le bazar maudit s'est enrichi avec Aqmi, Al-Qaïda, Daech, les kidnappings, le gaz de schiste et le trafic de drogue. L'auteur parle du spectaculaire naufrage de l'Algérie et de l'Afrique du Sud, deux anciennes colonies gâtées par la nature et pourvues d'un impressionnant legs colonial (routes, ponts, ports, aérodromes, hôpitaux, universités etc.). Il donne 10 raisons de l'échec algérien. En premier, il met la « prétendue arabité du pays alors que le fond de la population est Berbère ». Au propre et au figuré, de gré ou de force, les Algériens expulsés de leur pays en arrivent à ne plus savoir s'exprimer dans aucune langue au point d'arabiser le français, de franciser l'arabe et momifier ce qui reste de la langue amazigh. Ce qui a permis de gouverner le bled non par des idées, mais par « l'alliance des baïonnettes et des coffres-forts » (Omar Benderra). Boumediene, grand fossoyeur de l'intelligentsia indigène, n'a pas hésité à envahir Alger avec ses chars flambants neufs, jamais servi contre l'armée coloniale, afin de détrôner son complice Ben Bella. Boumediene qui, sans rire, explique son coup d'Etat en ces termes: « Le pouvoir personnel, aujourd'hui consacré, toutes les institutions nationales et régionales du Parti et de l'Etat se trouvent à la merci d'un seul homme qui confère les responsabilités à sa guise, fait et défait, selon une tactique malsaine et improvisée, les organismes dirigeants, impose les options et les hommes, selon l'humeur du moment, les caprices du bon plaisir. » Pour finalement faire kif-kif avec plus de zèle et de cruauté. Autoproclamé Guide Suprême, il a pris soin de garder les commandes de l'armée en lançant à ses généraux : enrichissez-vous ! Plus tard, le roi Hassan s'empressa de le copier afin de neutraliser les hauts gradés qui rêvaient de se débarrasser de lui. Le Sahara occidental est venu à point pour occuper l'armée des deux côtés de la frontière et faire le bonheur des vendeurs d'armes et des barons de l'informel. Seulement, le monarque a hérité du Maroc de son père pour le remettre à son fils qui le laissera au petit-fils etc. Le père ne sabote pas trop un héritage qu'il désire transmettre à son enfant chéri. Il faut se méfier du paternel qui ne laisse aucune empreinte que celle de sa fuite et des trous dans le coffre. Le fantasme d'un Marocain : « un jour, il changera » ; celui d'un Algérien : « un jour, il partira. » Combien de destructeurs, de vampires ont occupé la Régence avant de disparaître engloutis par un monde parallèle ? Le drame de l'Algérie c'est de ne connaître que des passades avec de vils aventuriers qui se goinfrent de ses entrailles en la poussant à se flageller, se zébrer de profondes fissures. Pourquoi est-ce si compliqué de trouver l'homme providentiel ? 2 éléphants sur 100 à peu près naissent avec des gènes qui bloquent les défenses. On a remarqué que ce pourcentage a plus que doublé et ne cesse de croître. Les scientifiques fidèles à Darwin parlent de sélection naturelle. Grosso modo, les éléphants plus intelligents ont appris à développer ces gènes pour survivre. Les anti-darwiniens voient plutôt une sélection de géniteurs. Les éléphants dépourvus de défenses n'ont aucune valeur marchande pour les trafiquants d'ivoire. Ils sont épargnés par les chasseurs. Contrairement aux autres, ils peuvent se reproduire plus facilement. Etant donné que le mécanisme de la survie des espèces est le même, on peut passer des éléphants aux mammifères pensants que nous sommes. Les pays arabes se classent derniers pour le facteur humain. Les têtes qui essayent d'émerger sont décapitées illico. Résultat, seuls les survivants se reproduisent : l'idiot enfante l'idiot, la crapule enfante la crapule, le terroriste enfante le terroriste, le maboul enfante le maboul, le zombie enfante le zombie, le caïd enfante le caïd, l'esclave enfante l'esclave, le con enfante le con, la prostituée enfante la prostituée, la sorcière enfante la sorcière etc. On se retrouve à la longue avec une masse sélectionnée naturellement dont le dernier souci est « où va l'Algérie ? » Convaincue que personne ne va nulle part sans plaire au Palais. Les contes de fées où les gentils finissent par vaincre les méchants et vivre heureux jusqu'à la fin de leurs jours restent des contes de fées. La force des salopards c'est leur union. Le talon d'Achille de leurs victimes c'est leur incapacité à s'unir. D'après les psychologues, le sentiment d'infériorité est bien partagé par les « minorités » opprimées qui finissent par se haïr et se déchirer. Qui se souvient de la Kabylie enterrée en pleine fête de l'Indépendance ? Qui se souvient d'In Salah et son gaz de schiste ? Ghardaïa et le martyre des Mozabites à qui vient s'ajouter celui des travailleurs espagnols qui peinent en ce ramadan caniculaire à résister à un verre d'eau ? Or si les potentats arabes et leurs mollahs avaient un chouia de matière grise, ils auraient fait une fatwa pour permettre aux jeûneurs de boire de l'eau afin de résister à la fournaise solaire et travailler sans importer de main-d'œuvre. Combien de malheurs la déshydratation a causés en ce mois pourtant sacré ? Boire de l'eau ne permet pas seulement au corps privé de nourriture de résister, mais d'éliminer les toxines cause de la plupart de nos maladies. Une vérité que la médecine moderne vient de découvrir des milliers d'années après les yogis indous. A moins que le but est « Tuez-les tous ! » à la baraka du cheikh Karadaoui et qu'on en finisse N'est-ce pas la Régence d'Alger qui a décrété notre arabité dans le ventre de nos mères ? Ni Arabes ni Amazighs, les Algériens ont fini par devenir des entités pathologiques et explosives. N'est-ce pas ses agents qui pourchassent les non-jeûneurs au point que des malades ont peur de s'alimenter au risque de leur vie ? N'est-ce pas ses Bouchkaras qui ont encensé la chkara et décrété papier de toilettes le chèque utilisé partout même en Afrique ? Maintenant c'est trop tard. Dans le bled du faux, du plagiat, des combines louches, des banques antédiluviennes, des banquiers mafieux et d'une justice nommée et répudiée avec la chkara, la populace a fini par perdre définitivement le 0,00 01 % de confiance. On constate qu'il est toujours trop tard pour bien faire, mais pour mal faire, jamais. C'est malheureux, on a fini par penser comme le FLN. Les communistes qui ont survécu sans trop de dégâts se sont bien mués en islamistes. On nous l'a bien dit, les extrémités finissent toujours par se rejoindre. Pourquoi chercher où va l'Algérie, quand on sait qu'elle n'a jamais décollé de sous les pieds de nos maîtres, les sultans d'Alger ?