Le président de la fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, a appelé hier vendredi les clubs de division 1 à revoir leur politique de recrutement et de paiement des joueurs étrangers. Dans une déclaration à la radio chaîne 3, il a expliqué les raisons de la décision du bureau fédéral d'interdire à partir du mercato d'hiver tout recrutement de joueurs étrangers par les clubs évoluant dans le championnat de D1. En fait, la première raison est que «le club doit être en mesure de lui (joueur étranger, Ndlr) transférer son salaire dans le cadre de la réglementation». «Or, la réglementation aujourd'hui ne permet pas aux clubs de transférer, et (ils vont) au marché parallèle acheter des devises dans l'illégalité la plus totale, et les joueurs sortent les devises dans l'illégalité la plus totale», ajoute le président de la FAF. Le 26 juillet dernier à l'issue d'une réunion ordinaire, le BF de la FAF avait annoncé dans un communiqué que les clubs de D1 ne pouvaient plus recruter des joueurs étrangers, la mesure entrant en vigueur dès le mercato d'hiver ou janvier 2016. «Les clubs professionnels algériens ne sont plus autorisés à recruter des nouveaux joueurs étrangers à partir de la prochaine date de signature, c'est-à-dire à partir de janvier 2016», indique la FAF dans un communiqué. Le bureau fédéral a justifié cette décision par «des difficultés financières, de l'impossibilité d'obtenir des devises légalement pour payer les salaires, indemnités de formation et de solidarité des joueurs étrangers ainsi que devant les agissements de certains agents de joueurs et autres acteurs du football peu scrupuleux». Les joueurs étrangers disposant d'un contrat pourront l'honorer jusqu'à la fin de leur engagement avec le club. Presque tous les clubs, sinon tous les clubs de D1 ont au moins un joueur étranger. «Ce que nous faisons, c'est protéger tout le monde ; nous ne voulons pas que ce système continue», affirme le président de la FAF, qui appelle par ailleurs l'Etat à mettre en place «un système pour autoriser les clubs à transférer les salaires des joueurs». Pour autant, une semaine après l'annonce du BF de la FAF relative à l'interdiction de recrutement de joueurs à partir du prochain mercato, Mahfoudh Kerbadj, président de la Ligue nationale de football (LNF), a été plus nuancé sur le sujet. Selon lui, «plusieurs conditions devront être réunies désormais pour le recrutement d'un joueur étranger : l'ouverture d'un compte bancaire avec l'accord de la Banque centrale pour le transfert d'une partie de son salaire à son pays d'origine, un hébergement digne et surtout prouver que le joueur a bel et bien évolué dans l'équipe première de son pays, quitte à nous ramener les fiches techniques des matchs, car nous n'acceptons plus un joueur qui a porté les couleurs des U-17 ou U-20 de son pays». Raouraoua crève l'abcès Par ailleurs, le président de la FAF, qui tient à crever l'abcès, revient sur le problème des indemnités de formation. Car pour lui, les clubs ayant recruté des joueurs étrangers doivent également honorer leurs engagements à payer l'indemnité de formation. Car, selon lui, il n'y a pas seulement les salaires à régler par les clubs, mais également «les indemnités de formation». M. Raouraoua explique cette disposition des règlements généraux de toute fédération sportive que certains clubs semblent ignorer ou vouloir ignorer. «Un jeune joueur de moins de 23 ans, quand il vient d'un pays à un autre, le club qui le reçoit doit payer à tous les clubs formateurs de ce joueur une indemnité de formation qui va jusqu'à 100.000 dollars». Et M. Raouraoua cite ici le cas du MO Béjaïa qui n'avait pas ou ne voulait pas payer les indemnités de formation pour un de ses joueurs africains. La FAF, dans le cas de ce club a payé «à la place du MOB 98.000 dollars pour un seul joueur d'un petit club malien. Si nous ne l'avions pas payé en lieu et place du MOB, la FIFA aurait demandé une défalcation de trois points au club», explique le patron de la FAF qui prévient cependant que «ce n'est pas le rôle de la fédération de suppléer les clubs, ni de payer à leur place, et on n'a pas le droit de mettre à la disposition des clubs l'argent de la fédération». Il poursuit : «Nous sommes une association qui a des ressources en devises ; on n'a pas le droit de les mettre à la disposition des clubs qui sont des SPA, des entreprises commerciales. On l'a fait (pour le MOB) pour préserver le club et l'intégrité du championnat, on ne veut pas de problèmes à l'intérieur de ces clubs et de leur environnement». En outre, toujours sur le volet important de cette indemnité de formation, il explique également que le taux de cette indemnité est fixé à 5% du montant du contrat joueur. «Donc, si le montant (du transfert du joueur) est de 20 millions de dinars, c'est 5% de ce montant qui doivent être transférés à l'ensemble des clubs formateurs de ce joueur, et c'est ce qu'on appelle le passeport du joueur», affirme encore le président de la FAF qui a précisé que «c'est ce que nous faisons pour les joueurs algériens lorsqu'ils partent à l'étranger ; eux aussi bénéficient donc de cette indemnité» de formation. L'exigence du passeport du joueur professionnel est mentionnée au 13ème point des dispositions réglementaires relatives aux compétitions de football professionnel «Saison 2015/2016» édictées par la FAF. Ce point mentionne en effet que «tout joueur doit disposer d'un passeport qui récapitulera sa carrière depuis l'âge de 12 ans à 23 ans», et ce «document tenu en double (un exemplaire pour le club et un exemplaire pour le joueur) permettra aux clubs formateurs de solliciter lors de chaque transfert, le paiement de l'indemnité de formation et l'indemnité de solidarité». Quant à l'indemnité de formation, elle est fixée pour cette saison 2015-2016 à un million de dinars pour les clubs de L1 et 500.000 dinars pour les clubs de L2. Quant à l'indemnité de solidarité, qui s'applique «chaque fois qu'un joueur professionnel est transféré avant l'échéance de son contrat», est fixée à cinq pour cent (5%) du montant du contrat. Selon les même dispositions de la FAF, «la Ligue de football professionnel est responsable du recouvrement et de la répartition de l'indemnité de solidarité conformément au règlement du statut et du transfert des joueurs de la FIFA».