«On se croirait en plein ramadhan», ricanent des citoyens devant les étals des marchands de fruits et légumes, dont les prix ont enregistré ces derniers jours une hausse vertigineuse. D'autres observeront que les prix en question n'ont pas atteint ces hauteurs durant le mois sacré. Pratiquement tous les produits, même de saison, sont touchés par cette hausse subite et inexpliquée. « Les ménages ne peuvent plus se permettre d'acheter chaque jour en quantité suffisante des légumes, à cause de cette cherté des prix. Aucune marchandise n'est cédée à moins de 50 DA ! Le prix de la tomate, généralement bas en pareille période caniculaire, a sauté à la barre des 70 dinars le kilo. Même la pomme de terre, produite en quantité suffisante, est vendue à 55 DA et plus. Franchement, pour remplir son couffin, il faudrait sacrifier une bonne partie de son salaire », réagit d'une voix amère un jeune homme, hier, au marché Bettou, au centre-ville de Constantine. « Ce n'est pas avec ma modeste paye que je pourrais satisfaire tous les besoins alimentaires de ma famille », lâche-t-il. « Autrefois, la saison chaude était une aubaine pour les petites bourses, tous les prix se mettaient à portée de main en raison de la disponibilité des produits et de la crainte des commerçants de voir leur marchandise périr sous la chaleur s'ils n'arrivaient pas à l'écouler le jour même. Aujourd'hui, c'est le monde à l'envers, la tomate atteint les 70 dinars, du jamais vu au mois d'août, sauf lorsqu'il a coïncidé avec le ramadhan. Les bananes qui craignent la chaleur demeurent accrochées à des prix inaccessibles de 150 dinars le kilo et plus. Vraiment épuisant de faire ses courses par les temps qui courent », renchérit un homme, père de 6 enfants. Là où on se tourne, la flèche des prix est à la hausse. La salade verte est écoulée à 140 dinars le kilo ! Le poivron doux à 140 dinars le kilo. La carotte à 80 dinars. La pomme écoulée à 200 dinars le kilo. Les raisins, fruit de saison, sont cédés entre 200 et 220 dinars le kilo. Le poulet, lui aussi, s'est fait des ailes pour s'envoler vers des prix qui rappelle le ramadhan. Cédé, hier, à partir de 340 dinars, le poulet a enregistré une hausse de 60 dinars ces derniers jours. Pression sur la demande ? « Non, pas du tout », nous apprend un détaillant du marché Bettou. Regarder, ajoute-t-il, « le marché est presque vide, en réalité ce sont les aviculteurs qui ont réduit leur production à la suite de la récente chute des prix du poulet, et voilà la courbe des prix redressée avec une rareté de l'offre ». C'est une flambée généralisée qui s'est abattue sur les marchés sans crier gare. La cause ? Aucune explication convaincante ne peut être donnée aux consommateurs puisque des légumes ou des fruits de saison sont vendus à des prix inaccessibles. Inflation galopante, spéculation, dinar au rabais, tout concourt à écraser le pouvoir d'achat des ménages.