La localité de Mécheria, à quelques encablures de Naama, a célébré jeudi et vendredi et en grande pompe, Mawssim Moulay Tayeb, une tradition séculaire, célébrée à Mécheria depuis les années 1940 et qui draine chaque année un afflux marquant de visiteurs et de troupes folkloriques venus des quatre coins de l'Oranie. Cette manifestation d'envergure, qui a permis à la cité des Hauts-Plateaux de sortir, l'espace d'un week-end, de sa profonde léthargie, s'est attribuée un cachet particulier, illustré par une empreinte culturelle festive et religieuse perpétuant cette coutume ancestrale synonyme d'un hommage à l'érudit et saint cheikh Moulay Tayeb. Au programme, une manifestation religieuse marquée par la lecture du Coran (selka) avec la participation, cette fois-ci, de la zaouïa de Kounta (Adrar), réputée pour la qualité de son enseignement théologique dispensé par de valeureux chouyoukh, dignes successeurs de cheikh El Kounti; une ripaille au couscous traditionnel, garni de viande ovine et de légumes de saison, offerte à tout le monde en guise de baraka, pendant que se faisaient entendre des séances de psalmodies de versets de Coran et de hadra. Le folklore touati n'est pas en reste du programme puisque les troupes participantes, venues notamment d'Adrar, Relizane, Aïn Témouchent, Bogtob, El-Bayadh, sillonnant les grandes artères de la ville, ont gratifié le public de danses traditionnelles, exécutant des salves de baroud sous le rythme soutenu du galal et tabakalt et sous les yeux émerveillés des bambins et des femmes, lançant des youyous stridents du haut des balcons. Selon un membre de l'association des amis du folklore touati, évoquant l'histoire de l'érudit cheikh Moulay Tayeb, celui-ci, fils de Moulay Abdellah Chérif, est issu de la zaouïa de Moulay Slimane dont le siège est à Ouazzène (Maroc). Lui et son frère Moulay Touhami ont été instruits dans cette zaouïa mais Moulay Tayeb s'est distingué en instituant sa propre tarika dite «Ettaybiya», fondée sur la base du «dikr wa salat». «Cette tarika, devait-il encore dire, a été répandue à travers quelques villes du Maghreb grâce aux déplacements des caravanes commerciales qui faisaient régulièrement le circuit Maroc-Tlemcen-Tombouctou-Timentit. Donc, c'est Timentit dans la wilaya d'Adrar, appelé communément le «Touat» qui a vu la naissance de cette tarika en Algérie». Moulay Tayeb, ajoute notre interlocuteur, n'a jamais foulé le sol algérien, ce serait son frère Moulay Touhami qui a eu le mérite d'instituer cette tarika à travers les zaouïas de l'Ouest algérien notamment.