Dans l'agenda électoral de Nicolas Sarkozy, l'ancien président français et très probable candidat de la droite pour la présidentielle de 2017, figure à coup sûr le projet d'une visite à Alger sur lequel il ne peut faire l'impasse compte tenu de la symbolique que revêt ce geste électoral pour l'importante communauté de Français d'origine algérienne. Mais pour se rendre à Alger, Sarkozy sait qu'il lui faut au préalable rattraper sa «gaffe» qui consiste à proférer sur l'Algérie des propos inconvenants et provocateurs ayant indisposé à son égard ses autorités et indigné son opinion nationale. L'on peut donc avancer sans grand risque d'être dans l'erreur que le président du Sénat Gérard Larcher qui est aussi un membre influent du parti «les Républicains» ex-UMP pour lequel Sarkozy serait candidat en 2017 et un proche de celui-ci, vient demain à Alger missionné pour tenter de dissiper le «malentendu» occasionné par la sortie provocatrice de l'ancien président français. Le choix de Larcher comme missionnaire et avocat de Sarkozy auprès des autorités algériennes est habile car même en étant remonté contre ce dernier dont elles n'ignorent probablement pas qu'il est l'inspirateur de sa venue à Alger, elles ne pouvaient dire non à la visite de son défenseur qui est tout de même le président du Sénat français. Il se trouve également que Larcher n'a pas mauvaise presse en Algérie, n'ayant jamais affiché de sentiment anti-algérien au contraire de beaucoup d'autres personnalités de la droite fédérée autour de Sarkozy et de sa candidature. Il n'en reste pas moins que le contentieux qui en Algérie rend problématique une visite de l'ancien président est trop lourd pour que Larcher envisage que son intercession sera aisément couronnée par le succès. Il n'y a pas que pour ses propos inconsidérés sur l'Algérie en Tunisie que Nicolas Sarkozy est impopulaire de ce côté de la Méditerranée et qu'il répugne aux autorités algériennes de l'accueillir. L'homme politique qu'il est a manifesté un constant parti pris anti-algérien auquel il s'en est tenu durant ses cinq années de présidence de la France. Au point que durant cette période les relations algéro-françaises ont été crispées et conflictuelles comme elles ne l'ont jamais été précédemment. Avec Sarkozy, la brouille et la mésentente ont culminé sur le dossier libyen. Pour les Algériens, l'ancien président français est l'artisan de la tragédie qui ensanglante la Libye et a provoqué sa dislocation en tant qu'Etat et nation, ce qui a de dangereuses incidences sur la sécurité de leur pays et pour celle de toute la région maghrébo-sahélienne. Le possible retour d'un tel personnage à l'Elysée est unanimement perçu en Algérie comme une perspective qui ne présage rien de bon pour les relations algéro-françaises. Ce contre quoi la jovialité de Gérard Larcher et la sympathie qu'il a su capitaliser auprès des milieux officiels algériens auront du mal à opérer et à faire oublier qu'il est le missionnaire d'un homme politique et d'un candidat à la présidentielle qui ne veut pas grand bien à l'Algérie. Il en a parfaitement conscience car préalablement à sa visite il a été avisé qu'en raison que venant plaider pour Sarkozy, il ne lui sera pas déroulé le tapis rouge de façon exceptionnelle et qu'il lui fallait s'attendre à entendre quelque peu amènes vérités sur ce qui se pense à Alger sur Nicolas Sarkozy et son parti pris anti-algérien qu'il épanche sans discernement.