Jauger le volume du parc «livrable» à brève échéance de logements publics locatifs était l'objet d'une récente mission APW-OPGI. Bilan : 3.380 unités sont attribuables, d'ici à la fin d'année, ce qui portera à 9.630 logements livrés à la fin 2015. Au-delà de ce chiffre-clé, que retenir de cette visite de chantiers ? Primo : on aura mieux compris la ritournelle du wali : «Un logement, on ne le livre pas avec des parlotes». Secundo : la DUC, à laquelle incombe la viabilisation (réseaux primaires et secondaires) demeure, toujours, le maillon faible de la chaîne. Tertio : si les VRD étaient pris en charge, à temps, le taux de livraison serait, nettement, supérieur. Pas besoin d'une synthèse pour tirer ces conclusions. C'est une réalité crue. Celle des chantiers. La vingtaine de sites LPL supervisés, totalisant 18.000 unités sur un global de 43.000, mais, aussi, bon nombre d'ateliers LPA et LSP, passés en revue sur le même trajet, donnent - sauf pour un aveugle - un aperçu sur l'immense effort consenti, en la matière, par les pouvoirs publics. La priorité accordée par les autorités locales au dossier du logement est palpable, concrète. Le " social " est 'priorisé' par l'Etat, qui lui alloue des enveloppes non limitées, contrairement aux autres programmes. Cela explique d'ailleurs pourquoi un F3 social est largement de meilleure qualité qu'un F3 ou F4 LSP, LPA ou AADL, où presque tout est à refaire par l'acquéreur. C'est clair, c'est aberrant aussi : l'Etat fait " trop " de social. Et il n'est, a priori, pas près d'y renoncer, de s'en départir d'un iota, en matière de logement à tout le moins, en cette conjoncture financière délicate. Il est 8h30. Une forte équipe, composée de membres de la Commission d'Urbanisme de l'APW, le DG de l'OPGI, le directeur du Logement, le sous-directeur de la DUC, le sous-directeur de la DLEP ainsi que des responsables de services techniques (Seor, Sonelgaz, Algérie Télécom...), prend départ du siège de la wilaya. Première destination : le pôle de Belgaïd. Dans le paysage d'innombrables chantiers à ciel ouvert, serrés les uns aux autres, et de bâtiments neufs à perte de vue, la délégation avance à petite allure. A peine un quart d'heure, c'est l'arrivée au premier point du circuit : les 1.430 logements de l'entreprise 'China Railway Construction Engineering Group' (CRCEG). Le projet, confié dans sa globalité (étude et réalisation) à cette firme chinoise de travaux de bâtiment, tous corps d'état, est composé de deux sites : 640 et 816 unités. Les gros-œuvre sont achevés à 100%. La plupart des bâtiments sont, déjà, peints. Les travaux de réseaux tertiaires, dont l'OPGI, lui-même, est chargé, battent leur plein. Mieux, on en a déjà fini pour la partie de 640. Ahmed Saber, directeur général de l'OPGI estime à 90% le taux d'avancement global de ce projet. De visu, le constat est unanime : si la viabilisation primaire et secondaire avait été lancée à temps par la DUC, tous les 1.430 logements seraient livrables dans si peu de temps. Mais la qualité du site, des espaces communs et des blocs, et celle de la finition à l'intérieur des appartements, au premier degré, vaut bien la patience des mal-logés d'El-Hamri, Mediouni et Derb, futurs heureux occupants de ces deux grandes cités, pré-affectation à l'appui. LE SOCIAL : DU LUXE COMPARE AU LPA ET AU LSP Des R 5 et R 9 déjà équipés d'ascenseurs, avec des F3 de 70 m2 dont le " finishing " et le confort intérieur sont tels que le chanceux bénéficiaire n'aura que s'y installer sans toucher à quoi que ce soit. M. Saber fait savoir que le coût de réalisation pour le LPL, période 2014-2015, est de l'ordre de 37.500 DA/m2 sans les VRD. Ceux-ci coûtent vers les 2.000 DA/m2. Il profite de la présence sur place de représentants de Seor, Sonelgaz, Algérie Télécom, entre autres, pour lancer un appel à manifestation, à l'intention de toutes les administrations publiques pour l'acquisition des locaux à usage professionnel, leur incitant à saisir, dès maintenant, l'occasion, elles qui ont la priorité et certaines exonérations de taxes. " Ne nous obligez pas à aller à la vente aux enchères ", lance-t-il. Point suivant, à quelques encablures du chantier 'CRCEG', les 5.100 logements de l'opérateur turc 'ASLAN'. Sur le parcours inter-chantiers, un pâté de maisons de fortune s'offre à la vue. Un micro-bidonville, nouveau-né comme en témoignent portes et fenêtres neuves achetées de la camelote des marchés noirs de bric-à-brac de Fernand-ville ou de Chteïbo, sans doute, et les assiettes paraboles neuves. Renseignement pris, il s'agit, bel et bien, d'une expansion qui s'est faite du jour en lendemain, d'un ancien petit foyer de constructions illicites, donnant lieu à un début de baraquement qui, telle une puce, est venu se coller aux chantiers d'à-côté. Sur le POS des 5.100 logements 'ASLAN', l'intervention de la DUC est cette fois-ci bien présente. OPGI et DUC font de leur mieux pour livrer par paquets successifs ce programme accusant un gros retard, cible d'attaques frontales, en série, menées par le chef de l'exécutif, Abdelghani Zâalane, dès sa prise des commandes de la wilaya, en novembre 2013. La stratégie de " livraison partielle ", concentrant l'effort sur les lots les plus en avance, sans pour autant lever le pied, pour les autres compartiments " déphasés " du programme, conçue par les autorités locales et adroitement mise en pratique par l'OPGI, sous M. Saber, donne ses résultats. 700 logements (2 sites de 500 et 200 unités) sont fin prêts, confortant, ainsi, les engagements des Turcs, mis dos au mur, par le wali et le DG de l'OPGI, afin de respecter les échéances. L'accélération du mécanisme d'exécution ne s'est pas faite, au détriment de la dextérité et des règles de l'art du bâtiment. LIVRER PAR PAQUETS SUCCESSIFS Au contraire, 'ASLAN' fait preuve de perfectionnisme : plus de soin pour les parties communes à l'instar du palier en faïence, la menuiserie en PVC pour les fenêtres (mischler de 1er choix), plus d'application dans la peinture des façades, etc. Les 500 et les 200 logements étant livrables, sous peu, reste en revanche les 4.400 unités, dont le taux d'évolution est à 60%. Pas de souci à se faire, demain, quant à l'hétérogénéité cité-chantier puisque les 500 et 200 logements, situés sur les extrémités et non au cœur du POS, une fois livrés seront autonomes et cloisonnés de sorte qu'ils ne dépendent plus de l'achèvement de la viabilité de tout le POS et ne subissent pas les désagréments des chantiers alentours, rassure M. Saber. Cap sur le chantier des 2.000 logements LPL de l'Entreprise chinoise 'ZIEC', où 2 lots de 168 et 288 unités sont fin prêts, selon les explications fournies sur les lieux. Une démonstration, sur site, par le premier responsable local de l'Office de la règle sécuritaire d'aménagement spatial des cités : espace privé (bâtiment) puis espace semi-public (espace libre de cité), ensuite espace public (voie de circulation). Finalité : quand l'enfant sort de chez-lui, il n'est pas, directement, sur la route ; le risque étant minimisé. En passant, la délégation fait une halte sur le chantier des 182 logements LPA, réalisés par un privé : Sarl Dekinsan. C'est un des trois sites LPA, déjà livrables sous peu, avec au total 426 unités (2 sites de 182 et 144 à Belgaïd plus 100 à Aïn El-Turck) relevant du quota de 1.400 unités du programme de Logement promotionnel aidé, confié au promoteur public OPGI. Là aussi, ce sont les VRD qui rendent, pas encore, habitable cette cité et renvoie, donc, à plus tard la remise des clés. Les 144 logements, quant à eux, sont un peu moins avancés en gros-œuvres. Après les Chinois et les Turcs arrive, maintenant, le tour des Indiens sur la feuille de route APW-OPGI, pour cette mission de supervision, avec l'entrée en matière de 'Shapoorji Pallonji International Constructions'. De tous les programmes LPL d'une consistance de 15.000 unités, c'est celui qui a connu plus de tâtonnements par le passé. Un des facteurs majeurs ayant été à l'origine du démarrage, en côte, raté de Shapoorji à Oran est le fait que son programme de 5.200 logements est éparpillé sur 12 sites, contrairement à 'CRCEG', 'ZIEC' ou 'ASLAN', par exemple, dont les projets sont condensés dans l'espace, un site d'un seul tenant parfois. 'SHAPOORJI' : COUP D'ACCELERATEUR APRES UN DEMARRAGE EN RATES Ajouté à cela, la vocation de Shapoorji qui est plutôt spécialisée en équipement et non en BTP. Du coup, les Indiens ont eu toutes les peines du monde à installer leurs chantiers, disséminés, ça et là, et encore plus à leur imprégner le rythme qu'il faut. Sachant, pertinemment, qu'un mauvais arrangement (si tant est qu'on puisse qualifier de mauvais l'accord conclu entre les autorités locales et l'entreprise indienne) vaut mieux qu'un bon procès, les pouvoirs publics locaux ont prêté l'oreille aux doléances, somme toute, objectives, des responsables de 'Shapoorji'. Entre autres mesures d'accompagnement, des avances financières leur ont été consenties pour leur permettre d'installer et de mettre en branle leurs chantiers avec bases de vie. Les difficultés liées au visa d'entrée et le permis de travail, en Algérie, ont été aplanies et, en un petit laps de temps, l'effectif déployé sur les 12 chantiers de 'Shapoorji' - dont la main-d'œuvre est importée à 100% - au niveau d'Oran, est passé de 200 à plus de 800. Après quoi, les Indiens ont montré de quoi ils étaient capables. Le chantier de 200 logements à Hassi Mefsoukh, premier des 4 sites à l'enseigne 'Shapoorji' concernés par la tournée, est en soi une démonstration, grandeur nature, du second souffle retrouvé par les Indiens, après le dépannage de la machine. Les membres dirigeants de la commission d'Urbanisme de l'APW, laquelle assemblée avait, on s'en souvient, déchiré à belles dents 'Shapoorji' lors d'une de ses plénières de 2014, sont revenus à de meilleurs sentiments en constatant le progrès accompli, entre temps, par les Indiens. Sur un air confiant, le DG de l'OPGI leur a annoncé sur place que les 200 logements de Hassi Mefssoukh seront livrés au courant du 1er trimestre 2016. VRD A LA TRAINE : LES MEMES REFRAINS DE LA DUC Un peu réconforté après un cumul de petites déceptions, à travers quelques-uns des chantiers antérieurs, du fait des mêmes refrains avancés par le représentant de la DUC, pour justifier une viabilisation non lancée, par-ci, des VRD à la traîne par-là (...), le représentant de l'APW, qui insistait, à chaque arrêt, sur la nécessité, pour tous les intervenants, de travailler sur la base des instruments d'urbanisme - quand ils existent- a abordé le débat, au point suivant, le chantier des 1.050 logements de 'CRCEG-Chine' à Gdyel, en l'occurrence, avec manifestement de plus d'entrain, de ton critique aussi. Le lieu d'implantation est à l'état sauvage, hostile à toute forme de vie, en commun. Sur les hauteurs de la ville, à son arrière-plan, le site est complètement délaissé par l'APC. Comme si cette partie, greffée au corps souffrant du chef-lieu, ne concernait pas la municipalité. Et dire que Gdyel, ex-Saint Cloud, a atteint la mise à niveau ! Il faut d'abord désherber, élaguer, mettre à l'abri la cité contre sangliers et chiens errants, dé-plastifier, curer, chauler, désencrasser les routes, plutôt les sentiers, régler les problèmes épisodiques de cette zone inondable... avant de tirer vanité d'une prétendue mise à niveau. Les blocs des 1.050 logements, quant à eux, sont entièrement achevés. Les VRD ? Là aussi, ce n'est pas pour demain, puisque, selon la version de la DUC, l'ouverture des plis pour le choix d'entreprise ne devait se faire que le 9 septembre (mercredi passé). Le premier appel d'offres a été déclaré infructueux, selon la même source, car le montant proposé, 850 millions de DA, dépassait les moyens de la DUC. Une révision des devis quantitatifs devait avoir lieu dans l'intervalle, d'autant qu'il était question d'un LPA à prendre en charge également. " La priorité est pour le LPL ", soutient, mordicus, le sous-directeur de la DUC. Direction vers El-Mohgoun pour s'enquérir du chantier de 850 LPL de 'CRCEG-Chine', scindé en 3 tranches : 444, 268 et 138 unités. " D'ici un mois, on aura terminé avec tous les blocs ", affirme la super-active superviseuse de l'OPGI. " Mais (l'intervention de) la DUC n'est pas encore arrivée ", fait-elle remarquer. Réponse du cadre de la DUC : " On est au stade du cahier de charges, après la levée des réserves ". " Du déjà entendu. Il y a un mois et demi, vous disiez la même chose ", lui réplique la technicienne de l'Office. S'ensuit un échange assez vif, qui n'avance en rien les choses... UN QUOTA DE SECOURS EN CAS DE FORCE MAJEURE Les Indiens de 'Shapoorji' reviennent avec, cette fois-ci, le site de 1.300 logements, à El-Mohgoun. On retiendra que 2 lots de 260 unités seront livrés, avant la fin de l'année. Empruntant un CW, serpentant dans un paysage pittoresque, passant par la plaine où on projetait, initialement, le nouveau pôle urbain d'Oran avant de le délocaliser vers un site entre Aïn El-Beïda et Misserghine, la délégation est arrivée à Oued Tlélat, où elle a entamé son périple au pôle de 17.000 logements (soit un quart du programme de l'OPGI d'Oran) par le chantier de 3.100 LPL de 'ZCIGC'. " Sur instructions du wali, il a été décidé de cibler les tranches les plus avancées en dehors des sites non pré-affectés, afin de faire face à d'éventuels relogements d'urgence, à partir du bâti menaçant ruine, à Oran-ville ", rappelle M. Saber, précisant que, sur ce site, 434 logements seront disponibles à 100%, avant le 30 septembre. L'ultime pierre d'achoppement qui se posait là, à savoir l'eau, a été levée, au moyen d'une ressource locale (le pompage des eaux d'un réservoir de 1.000 m3, étant donné que le château d'eau est situé en contrebas du site). Mais le problème d'AEP pour le reste du programme, 14.000 logements, demeure entier, font savoir les cadres de Seor. Idem pour l'assainissement. Dans le site mitoyen des 3.000 logements, l'OPGI a pris, à son compte, une partie du réseau secondaire, " car on ne pouvait plus attendre la DUC ", selon M. Saber. Le représentant de la DUC jette un pavé dans la mare : " Il n'y a aucun programme VRD pour les 3.100 ". Les techniciens de l'OPGI le contredisent, arguant que le site fait l'objet d'un POS, dont l'étude avait été confiée par la DUC, d'ailleurs, au BET Urbor. De quoi déclencher une énième discussion OPGI-DUC, aux relents d'une vive controverse. Le DG se voit obligé de réagir : " Vous ne devrez pas ignorer que l'instruction du transfert que vous évoquez, à répétition, (instruction du ministère de l'Habitat, en vertu de laquelle la prise en charge des VRD des logements devait être transférée, tout en bloc, des DUC vers les OPGI : ndlr) a été, purement et simplement, rejetée par le ministère des Finances, au motif que l'OPGI n'est pas une administration et que de ce fait son directeur ne signe pas au nom du wali mais au nom de son ministre de tutelle ". INSTRUMENTS D'URBANISME : PAS TOUJOURS EVIDENTS Le directeur du Logement intervient pour dire, en substance, qu'" il suffit de commencer par un plan d'aménagement, ensuite on intègre, au fur et à mesure, comme cela se fait partout ". Le débat est loin d'être tranché. Remontée au créneau des représentants de la Commission d'Urbanisme, visiblement, de plus en plus, en perte de repères. Le chef de mission portant la caquette de l'APW revient à la charge : " On n'y comprend que dalle. Voilà un cas de programme de logements, implanté dans un plan d'occupation des sols, cet ensemble de documents d'urbanisme qui définissent les modalités opérationnelles d'aménagement et les règles et servitudes d'occupation du sol et de construction, et on en est, toujours, à se poser la question qui doit faire quoi ? Où est l'intersectorialité dans tout ça ? Et les équipements d'accompagnement, pour ces grandes cités-dortoirs? Nous avons des engagements avec la population. Que chacun assume ses responsabilités!" L'équipe mixte s'est déplacée, ensuite, au chantier de 3.000 logements de 'ZIEC'. Là, en royaliste plus que le roi -sans insinuation péjorative aucune- le chef du projet chinois se révolte d'emblée. S'exprimant, couramment, en dialecte algérien, version " darija " oranaise, pour avoir passé plus de 10 ans sur des chantiers à Oran, le Chinois vocifère : " Cela fait une éternité que je vous conjure de me déplacer cette ligne de haute tension qui entrave le chantier et de m'alimenter en eau, mais en vain ". En effet, 2 lignes MT et HT passent sur le chantier, posant de gros problèmes et un énorme risque. Une a pu être démantelée, mais pas l'autre en raison, explique-t-on, d'une action en justice introduite par un agriculteur qui s'en alimente. Le Chinois pèse ses mots -et personne ne pouvait le désavouer, tellement on ne trouve rien à redire sur l'état bien avancé de son chantier " modèle ", en termes d'organisation et de qualité de travail, dans toutes ses déclinaisons- quand il dit: " si on m'avait enlevé ces fichus poteaux et si on m'avait ramené l'eau, ces 3.000 logements vous les auriez eu, ça fait bien longtemps ".