L'interdiction, émanant du Premier ministre, aux administrations, institutions et entreprises publiques de migrer vers Windows 10, le dernier né des systèmes d'exploitation de Microsoft, « devrait être une occasion de lancer le débat sur l'introduction des logiciels open source », estime l'expert en nouvelles technologies (TIC), Younes Grar. Le lancement de Windows 10, qui est offert en mise à niveau gratuite pour les détenteurs de licences Windows 7 et Windows 8, suscite des inquiétudes mondiales. Des « vices cachés » ont été divulgués aux Etats-Unis dès les premiers jours suivant son lancement. Ces inquiétudes sont liées à l'acceptation des « nouvelles clauses de confidentialités » pour bénéficier de la gratuité pour passer à la version Windows 10. Ces clauses, « qui peuvent être désactivées », sont instituées par Microsoft pour « permettre, disent-ils, de récupérer les données en cas de problèmes », ajoute M. Grar pour qui certaines « conditions d'utilisations ne sont pas claires ». « Beaucoup craignent que les données des utilisateurs de Windows, stockés par Microsoft, soient exploitées et partagées avec des institutions et organisations à travers le monde », affirme-t-il. Bien sûr, « Microsoft se défend en expliquant que ces fonctionnalités peuvent êtres désactivées » mais « ces assurances n'ont pas été suffisantes aux yeux des utilisateurs experts », estime-t-il. Ces fonctionnalités sont-elles absentes des précédentes versions de Windows ? « Même avec les anciennes versions, des entreprises de sécurités ont soupçonné Microsoft d'intégrer dans son systèmes d'exploitation des fonctions cachées, sous forme de tâches non déclarées, dont la mission est d'espionner l'utilisateur du PC et, peut-être, de pirater des données », affirme encore Younes Grar. « Si Microsoft s'en est toujours défendu, cela reste tout de même un débat sur les risques pour la sécurité et l'intégrité des données des utilisateurs de ce système fermé qu'est Windows, comme tout logiciel propriétaire », explique notre interlocuteur qui rappelle que dans plusieurs pays on a opté, ou du moins un large débat a été lancé, pour « favoriser l'usage des logiciels et systèmes d'exploitation libres (open source) comme Linux ». Pour l'expert en TIC, « l'open source est une option très sérieuse qu'il faut prendre en charge si l'on veut éviter ces problèmes de sécurité et de confidentialité des données, mais également pour éviter de payer des dizaines de milliers de licences de Windows ou de logiciels propriétaires ». D'ailleurs, selon lui, les dépenses des licences annuelles de logiciels propriétaires « sont assez lourdes » étant donné que la « quasi totalité » des administrations (wilayas, ministères, APC, daïras, établissements scolaires et universitaires, ainsi que d'autres institutions publiques), des établissements financiers et des entreprises publiques « fonctionnent sous Windows ». « Il est temps, dit-il, de relancer en Algérie le débat sur les logiciels open source, un débat qui existe depuis des années grâce à des associations, des universitaires, des étudiants et des ingénieurs, qui appellent à l'utilisation de Linux et des logiciels libres ». Outre l'avantage financier, Grar voit dans la migration de Windows vers Linux une « grande opportunité » pour les « compétences nationales » d'introduire des « modifications » et des « personnalisations » pour des usages précis selon les domaines, voire même une « option pour créer des emplois ». « Ce n'est pas une guerre contre Microsoft », tient-il à rappeler, mais c'est un « choix stratégique » que « devrait adopter l'Algérie ».