Dans son allocution à la rencontre régionale de Talaie El Hourriyet à Sétif, Ali Benflis est revenu sur l'analyse que fait son parti de la situation du pays. Le même constat que fait l'ancien chef de gouvernement depuis plusieurs mois car, dit-il, la situation n'a pas changé et le pays se dirige «vers une impasse». «Il y a cinq mois, nous étions rassemblés dans le cadre d'un congrès régional réuni à Constantine en vue de préparer les assises constitutives de notre parti. J'avais alors procédé devant vous à une évaluation de la situation politique, économique et sociale du pays. J'avais également tenté, à votre attention, une description de cette impasse à laquelle notre pays était confronté dans ses dimensions les plus graves et les plus menaçantes ; j'avais enfin mis en garde contre les retombées incalculables de cette impasse et les périls qu'elle faisait peser sur le pays tout entier». Cinq mois plus tard, «j'aurai souhaité vous dire aussi que nos gouvernants avaient pris la mesure des effets ravageurs de l'immobilisme et de la stagnation et qu'ils étaient déterminés à insuffler une nouvelle dynamique au pays et à le remettre en marche» et prendre les «leçons de leurs erreurs et de leurs échecs» et aller dans «le sens de l'intérêt général et de l'intérêt national», mais «je ne peux malheureusement rien vous dire de tout cela». «Ce que j'ai à vous dire ne surprendra personne parmi vous car chacun d'entre vous lit, voit et écoute et ce qui lui parvient n'augure rien de bon pour notre pays». Benflis se dit pas rassuré de la «vacance du pouvoir qui laisse le pays sans chef, sans source d'inspiration et de direction et sans centre de décision connu et visible», avec pour conséquences des «institutions et l'administration publique dans un état de quasi-léthargie» et des «forces extraconstitutionnelles c'est-à-dire des groupes d'intérêt, d'influence et de pression» qui «s'empressent de combler en fonction de leurs seuls soucis et de leur seules préoccupations», a-t-il ajouté. Pour Benflis, «le discours politique du régime en place se durcit et verse dans l'inconvenant et devient blessant et méprisant» et le «régime politique en place menace, accuse, intimide et pense pouvoir bâillonner, ligoter et bander les yeux de tous ceux qui se sentent un devoir et une responsabilité d'appeler l'attention de notre peuple sur ses échecs, ses errements et ses défaillances». Le président de Talaie El Hourriyet affirme que ni son parti ni l'opposition ne cèdera «au chantage» et «refuse l'intimidation» exercée par le pouvoir. Il est revenu sur la nécessité de «la création d'une autorité indépendante pour le contrôle des élections» et la «demande d'un changement démocratique» dans le pays. Il estime que «les revendications de l'opposition nationale ne viennent pas du néant» et qu'elles «ne relèvent pas d'un art pervers de la critique pour le seul plaisir de la critique» ni de «dénonciations systématiques sans fondements». «L'opposition nationale n'est pas dans cette situation-là car la gouvernance actuelle de notre pays a atteint de tels niveaux d'imprévoyance, de défaillance et de non performance qu'elle s'expose d'elle-même aux critiques les plus sévères, aux remises en cause les plus justifiées et aux stigmatisations les plus fondées», affirme encore Ali Benflis pour qui son parti est «partie prenante de l'opposition nationale» avec comme «mot d'ordre» : «le rassemblement pour le changement».