A l'instar d'autres personnalités de l'opposition, l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis qui préside aux destinées du parti «Talaie El Hourryet» a réagi à l'annonce par le chef de l'Etat de la prochaine publication de son projet de révision de la Constitution. Rappelant que depuis que Bouteflika a fait connaître son intention de réviser la Constitution, il n'a eu de cesse de qualifier son projet de «diversion qui vise à détourner les Algériens des véritables questions», Ali Benflis s'est déclaré constant dans son appréciation et n'en changera pas quoiqu'ait dit le chef de l'Etat tendant à accréditer que cette révision va consacrer la séparation des pouvoirs, la dotation de l'opposition parlementaire de prérogatives et la mise en place d'une commission électorale indépendante. Pour le président de «Talaie El Hourryet», la mise en chantier par le pouvoir du projet de révision de la Constitution ne lui a pas été dictée par le souci de concrétiser les engagements évoqués par le chef de l'Etat dans son message mais par «la panique» suscitée en son sein par la peur des contagions des révolutions arabes. Convaincu de cela, Benflis considère que le projet en question est «destiné essentiellement à assurer la pérennité du régime politique en place, en dépit de tous ses échecs et de tous les torts qu'il a causés et cause encore au pays». Raison pour laquelle il affiche la plus catégorique défiance quant au contenu qu'aura la révision constitutionnelle que Bouteflika s'apprête à rendre publique. S'il ne nie pas qu'il faut nécessairement changer la Constitution présente particulièrement indigente en garanties pour la démocratie et les droits citoyens, l'ancien chef du gouvernement estime que cette opération doit être l'œuvre «d'institutions légitimes représentatives et dûment mandatées par le peuple souverain» et qu'elle doit s'inscrire dans le cadre du traitement et du règlement global de la crise qui est de son point de vue celle du régime. Un règlement que le président de «Talaie El Hourryet» estime possible à travers un «dialogue national inclusif et sérieux» auquel il s'est déclaré prêt à participer. A Bouteflika qui dans son message a assuré que son intention en ayant initié le projet de révision de la Constitution est de doter l'Algérie d'une démocratie «apaisée», son ex-Premier ministre devenu l'un de ses plus intransigeants détracteurs a rétorqué que l'Algérie a besoin plus que tout d'une démocratie «non faussée». Il est vrai qu'il ne peut y avoir de démocratie et encore moins «apaisée» si la pratique électorale moteur de cette forme de système politique est dévoyée par la fraude et le détournement de la souveraineté populaire. Ce dont Benflis accuse sans détours le régime en place de les avoir pratiqués et ne cesse de marteler que cela lui ôte par conséquent toute légitimité et est inapte à formuler un projet allant dans le sens de l'émergence de l'Etat de droit et de la consolidation de la démocratie.