Le président de Talaie El-Houriat, Ali Benflis, a réagi, hier, au message de Bouteflika adressé au peuple à l'occasion du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution, notamment dans son volet se rapportant à la révision constitutionnelle. "La révision de la Constitution n'a d'autre dessein que de donner un second souffle à la manœuvre dilatoire et à l'entreprise de diversion qui durent depuis près de quatre ans", a-t-il dénoncé dans un communiqué rendu public. L'ancien chef de gouvernement a rappelé que le projet de révision constitutionnelle "a commencé comme une réaction de panique suscitée par la peur de la contagion des révolutions arabes et s'est transformée, au fil du temps, en manœuvre purement politicienne visant à détourner l'attention des véritables défis actuels qui ont pour nom une impasse politique totale et une crise de régime manifeste". Ali Benflis considère que le projet est "destiné essentiellement à assurer la pérennité du régime politique en place". Un régime qu'il accuse de s'efforcer à poursuivre cette entreprise "en dépit de tous ses échecs et de tous les torts qu'il a causés et cause encore au pays, et non à offrir des perspectives de règlement de la crise globale dont toute la nation subit au quotidien les retombées dommageables du fait d'un système politique devenu synonyme de stagnation, d'immobilisation et de défaillance". Ali Benflis est plus que jamais convaincu que le projet de révision constitutionnelle dont il s'agit "n'aura pour autre but que de faire obstacle et de différer l'indispensable modernisation de notre système politique et la non moins indispensable rénovation économique et sociale de notre pays". Une double ambition nationale qui, déplore-t-il, restera "hors d'atteinte aussi longtemps que perdurera la crise du régime actuelle". Il regrette que "la vacance du pouvoir et l'apparente occupation du centre de décision national par des forces extraconstitutionnelles n'offrent absolument pas les meilleures conditions pour une révision constitutionnelle quelle qu'elle soit". Il estime, de ce fait, que "le mal profond dont souffre le pays n'est pas dans sa Constitution, mais bel et bien dans son régime politique". Pour Benflis, la vraie Constitution dont le pays a besoin devra être "l'œuvre d'institutions légitimes, représentatives et dûment mandatées par le peuple souverain". Pour lui, "les ravalements de façade" qu'annonce le projet de révision constitutionnelle ne vont pas dans le sens de remédier à la crise que traverse le pays, encore moins de représenter la panacée à cette "crise de régime qui coûte tant au pays". "L'Algérie a certes besoin d'une démocratie apaisée et nul ne saurait en disconvenir ; mais elle a besoin, plus que tout, d'une démocratie non faussée", a-t-il, conclu. F.A