Intervenant jeudi à une journée de pédiatrie sur l'allergologie de l'enfant, organisée conjointement par les pédiatres constantinois et leurs homologues de l'ouest du pays, des professeurs de pédiatrie ont tiré la sonnette d'alarme sur l'indisponibilité du médicament « Adrénaline » dans le pays. « L'allergologie est une maladie très fréquente chez l'enfant en Algérie. Et aussi chez l'adulte. Et elle est mortelle dans certains cas. D'où l'importance de faciliter l'accès à ce médicament importé qui constitue l'élément principal de la trousse d'urgence. Et lorsque l'adrénaline est absente il y a un risque énorme de décès du malade », a indiqué le docteur Boubidi Amal, pédiatre venue d'Alger. Cette praticienne considère que tout le personnel de la santé, « aussi bien le généraliste que le spécialiste », est concerné par la prise en charge de cette pathologie qui est aujourd'hui très fréquente chez l'enfant. A propos de la journée médicale, le Dr Boubidi a expliqué que cette rencontre a porté beaucoup plus sur la réactualisation des connaissances dans ce domaine. « Aussi, il a été fait appel au concours des pédiatres de l'Ouest et du Centre pour l'échange d'expérience parce que c'est un problème qui intéresse tout le pays ». Les facteurs déclencheurs de l'allergie, a-t-elle poursuivi, sont beaucoup plus d'ordre socio-économique et environnemental. Donc sa prise en charge commence à la maison et concerne surtout les mesures hygiéniques et les mesures diététiques qui doivent être respectées, ensuite le médecin pour le diagnostic, l'orientation et le suivi. Viennent ensuite les pouvoirs publics pour préserver un environnement sain et pour veiller à la disponibilité des médicaments. Sur ce dernier point, le docteur Kardoussi Adel, allergologue libéral de Constantine, président du comité scientifique de la journée, annoncera, à propos de l'Adrénaline, «nous allons avoir ce médicament cette année car le dossier d'autorisation de mise sur le marché est en bonne voie au niveau du ministère de la Santé et au niveau de la sécurité sociale, et cela constitue une bonne nouvelle». Le professeur Radoui, chef de service de pneumologie et d'allergie pédiatrique à l'hôpital pédiatrique de Canastel Oran, expliquera aussi que l'allergologie est une maladie émergente en Algérie, pays qui est en train de connaître une transition épidémiologique. « Nous sommes passés de la malnutrition à l'obésité et des maladies infectieuses vers les maladies allergiques. Ce qui fait que nous sommes confrontés dans la pratique courante à des enfants qui posent de plus en plus de problèmes allergiques alimentaires. Nous sommes en train de nous +occidentaliser+. Mais Chez nous où les problèmes sont les mêmes d'une région à l'autre, nous sommes encore à la phase d'initiation à la pathologie et nous procédons par des journées de formation continue et de sensibilisation du médecin sur ce qu'il faut faire pour telle ou telle allergie. Nous ne sommes pas encore au stade de service spécialisé qui prenne en charge le mal quoiqu'il y ait des services spécialisés à Alger et à Oran. Mais la prise en charge se fait avec des moyens insuffisants parce que l'allergologie n'est pas encore reconnue comme une spécialité ».