Des indices probants indiquent des ramifications de l'organisation terroriste (Etat Islamique ?) en Belgique et probablement dans d'autres pays européens. Bruxelles est en alerte. Immédiatement après l'annonce des horribles attentats terroristes qui ont endeuillé la capitale française vendredi soir, les services de sécurité belges étaient sur les dents et intervenaient dans les milieux islamistes, déjà sous surveillance depuis l'attentat du musée juif de Bruxelles en mai 2014, et ceux ayant frappé l'hebdo satirique « Charlie Hebdo » en janvier dernier. Bilan : trois interpellations dès le samedi et une série de perquisitions de cibles islamistes dans la capitale belge qui n'ont pas encore livré leur résultat. Mais au-delà de cette opération « coup-de-poing » et son premier bilan, l'inquiétude des autorités belges (et européennes) est la découverte de connexions avérées entre les tueurs de Paris avec des complices vivant ou ayant transité par Bruxelles, particulièrement dans la commune de Molenbeek Saint-Jean, où vit une importante concentration de la communauté maghrébine (80 % selon la bourgmestre -maire-). Samedi, les enquêteurs belges ont saisi aussi deux voitures immatriculées en Belgique repérées vendredi à Paris à proximité des lieux des attentats. Ces premiers éléments de l'enquête indiquent clairement l'existence d'une organisation terroriste « supranationale » dont les ramifications sont disséminées à travers plusieurs pays européens. En effet, les enquêteurs français ont récupéré sur les lieux des tueries des passeports grecs et syriens entre autres. En Belgique, le niveau d'alerte antiterroriste a été relevé et les réunions des responsables politiques se multiplient à tous les niveaux. Les contrôles sont renforcés aux frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays. Dans la capitale belge, « experts » et responsables politiques s'interrogent sur la particularité de la commune de Molenbeek décrite comme base arrière d'activistes islamistes, réservoir de candidats djihadistes en Syrie et repaire potentiel de terroristes. Les interrogations sont nombreuses : pourquoi spécifiquement cette commune qui compte près de 100.000 habitants ? Sa bourgmestre (maire), Mme Françoise Schepmans (Mouvement Réformateur de droite libérale) pointe l'absence durant de longues années d'une véritable politique d'intégration et le « déni » des responsables d'installation de vrais ghettos et leur lot de perversités sociologiques diverses. Bourgmestre depuis 2012, Mme Schepmans vise clairement les socialistes qui ont gouverné ces dernières 20 années la commune. Cependant, la bourgmestre tient à nuancer ses propos et affirme qu'il fait bon vivre dans la majorité du territoire communal et les molenbeekois sont dans leur grande majorité des gens accueillants et parfaitement intégrés pour ce qui concerne les communautés immigrées. Ce sont donc, quelques quartiers-chancres où sévissent toutes sortes de criminalités. En revanche, le ministre fédéral de l'Intérieur, Jan Jambon (NVA- droite conservatrice) n'a pas hésité à employer un langage fort : « Je vais faire le ménage à Molenbeek et à Bruxelles », a-t-il déclaré. De leur côté, les associations musulmanes ont condamné fermement les attentats de Paris, marqué leur solidarité avec le peuple français et dénié le droit aux terroristes à se réclamer de l'islam. Elles ont aussi appelé les populations à ne pas tomber dans le piège des terroristes et sombrer dans l'amalgame, la stigmatisation et le racisme. Les musulmans de Belgique craignent un accroissement d'actes stigmatisants. Faut-il rappeler que la Belgique est le pays européen où vit le plus grand nombre de communautés d'origines étrangères ? Plus de 180 nationalités différentes en Belgique selon le ministère de l'Intérieur. Songer à une ville comme Verviers (lieux des perquisitions lors des attentats contre Charlie Hebdo) ou cohabitent près de 170 nationalités différentes sur une population d'à peine 40.000 habitants. Cela prouve que le vivre ensemble est, contrairement aux déclarations de certains responsables, une vraie réussite et un exemple dans le monde. Et verser dans le discours des ségrégationnistes et communautaristes en tous genres, jusqu'à remettre le modèle belge en question, est l'exact but recherché par les terroristes et intégristes de tous bords : mettre en confrontation les communautés, cultures, religions etc. La Belgique se doit, comme la France en ces jours de deuil, d'être forte, debout, solidaire et résolument engagée contre le terrible fléau de ce siècle qu'est le terrorisme aveugle et barbare.