L'onde sécuritaire des attentats de vendredi, qui ont endeuillé la capitale française, se propage à toute la France, sous-couvert de l'état d'urgence. Ainsi, 23 personnes ont été interpellées, lors des 168 perquisitions, effectuées dans la nuit de dimanche à lundi, dans 19 départements et de nombreuses villes, principalement à Lille, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Marseille et Toulouse, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Les descentes menées dans l'agglomération lyonnaise ont conduit à l'interpellation de cinq personnes et la saisie d'un véritable «arsenal de guerre» composé d'un lance-roquettes, un fusil d'assaut kalachnikov, une série d'armes de poing et d'épaule, ainsi que des gilets pare-balles. Des perquisitions ont, également, permis la saisie de 31 armes, de vêtements militaires, de drogue et d'ordinateurs, a précisé le ministre de l'Intérieur. Dans le même temps, la France a décrété 104 assignations à résidence de personnes suspectes. Face aux premières critiques, Bernard Cazeneuve a rappelé que 203 interdictions de sortie du territoire avaient été prononcées à l'encontre de personnes suspectées de vouloir partir en Syrie ou en Irak, et que 62 interdictions d'entrée en France avaient été notifiées, à l'encontre de suspects étrangers. En outre, six déchéances de nationalité française ont été prononcées et 34 arrêtés d'expulsion ont visé des ressortissants étrangers liés à la mouvance djihadiste, en particulier des «imams prêcheurs de haine», a-t-il précisé. Cette offensive des services de sécurité est couverte par les possibilités qu'offre l'état d'urgence, en particulier son aspect répressif, à travers des perquisitions administratives, 24 heures sur 24, et l'interpellation de «tous ceux et toutes celles qui sont dans la mouvance djihadiste», avait indiqué le Premier ministre, Manuel Valls qui estime que son pays va «vivre longtemps» avec la menace du terrorisme et doit se préparer à la possibilité de «nouvelles répliques» après les attentats de Paris, qui ont été «organisés, pensés, planifiés depuis la Syrie», a-t-il expliqué. L'enquête a permis d'identifier le commanditaire présumé et 5 des auteurs des attentats de vendredi, dont 4 Français, au nombre desquels figure un homme mis en examen en 2012, pour terrorisme et visé par un mandat d'arrêt international. Les deux nouveaux assaillants identifiés sont le kamikaze du Stade de France auprès duquel un passeport syrien a été retrouvé et l'un des tireurs et kamikazes de la salle de spectacle parisienne du Bataclan' où au moins 89 personnes ont été tuées. L'authenticité du passeport syrien au nom d'Ahmad Al Mohammad, né le 10 septembre 1990 à Idlib (Syrie), reste à vérifier mais le procureur de Paris a précisé, dans un communiqué, que les empreintes du kamikaze concordent avec celles relevées lors d'un contrôle de «migrants» en Grèce, en octobre dernier. Le deuxième assaillant, un Français de 28 ans, né à Paris et originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis), Samy Amimour, avait été mis en examen, le 12 octobre 2012, pour association de malfaiteurs terroriste, après, notamment, un projet avorté de départ vers le Yémen et placé sous contrôle judiciaire. L'IDENTITE DES KAMIKAZES CONNUE Trois membres de son entourage familial ont été placés en garde à vue, lundi matin. Des perquisitions étaient en cours, lundi, à Drancy dans son entourage. Un haut responsable turc a fait savoir, hier, que la Turquie avait alerté, à deux reprises, en 2014 et 2015, la France sur l'un des attaquants du Bataclan' identifié, dès samedi, Ismaïl Omar Mostefai, mais que les autorités françaises n'avaient formulé de demande d'informations qu'après les attentats. Passé par le territoire turc, fin 2013, il se serait rendu en Syrie, fin 2013- début 2014. Au total, 4 Français, dont plusieurs qui résidaient en Belgique, figurent pour l'heure, au nombre des participants aux attentats. Il reste deux des sept kamikazes à identifier. L'un des 2 Français identifiés dimanche, Bilal Hadfi, âgé de 20 ans, s'est fait sauter à proximité du Stade de France. Le deuxième, Brahim Abdeslam, 31 ans, a actionné son gilet d'explosifs dans le restaurant Le Comptoir Voltaire', dans le XIe arrondissement de la capitale. Une opération de police était en cours, lundi à Bruxelles, pour tenter d'appréhender l'un des frères de ce dernier, Abdeslam Salah, un Français qui faisait l'objet d'un appel à témoins des autorités françaises, depuis dimanche. Un troisième frère Abdeslam, également de nationalité française et habitant en Belgique, est depuis le week-end entre les mains des autorités belges. Au total sept personnes ont été interpellées en Belgique, principalement à Molenbeek, quartier pauvre de Bruxelles, connu pour être l'épicentre de l'islam radical. Le cerveau présumé des attentats est un Belge d'origine marocaine, Abdelhamid Abaaoud, 27 ans, une figure de Daech qui serait à l'origine de plusieurs attentats ou projets en Europe. Originaire, lui aussi, de Molenbeeck, il serait directement impliqué aujourd'hui, dans les attentats de vendredi. Selon plusieurs sources, il est d'ailleurs l'un des intimes de Salah Abdeslam ; l'un des membres présumés et toujours en fuite du commando qui a visé le Bataclan', le Stade de France, et plusieurs commerces des Xe et XIe arrondissement de la capitale. Par ailleurs, et sur le front syrien, des chasseurs-bombardiers français ont lancé, ce dimanche soir, leur raid le plus massif jusqu'ici en Syrie, visant Rakka, bastion de l'Etat islamique. Le raid a impliqué 12 avions français, dont 10 avions de chasse, et 20 bombes ont été larguées, a annoncé le ministère français de la Défense. Alors que près de 150 personnes du mouvement identitaire Adsav' ont manifesté contre les migrants, ce samedi à Pontivy, Marine Le Pen, la présidente du FN a réitéré sa demande de «désarmer les banlieues, perquisitionner, aller chercher les armes qui pullulaient déjà sous le mandat de Nicolas Sarkozy -qui n'avait pas tenu sa promesse à l'époque- et qui continuent à pulluler». Elle a évoqué l'existence pérenne «de nos frontières, car elles semblent être utiles, contrairement à ce qu'on nous avait dit jusqu'à présent, puisque les contrôles ont été rétablis, au moins, pendant un certain temps» soulignant son «inquiétude» concernant «les gigantesques vagues de migrants qui arrivent et qui vont continuer à arriver», craignant «une infiltration terroriste» avec la «dissémination de ces migrants dans les villages, villes en France», et citant le chiffre de 3 millions, d'ici 2017, annoncés par la Commission européenne.