La présidence luxembourgeoise de l'Union européenne a décidé de convoquer une réunion d'urgence des 28 ministres européens de l'Intérieur et de la Justice vendredi prochain à Bruxelles, à la demande de la France, suite aux attentats de Paris. Cette réunion est destinée à renforcer la réponse européenne et à assurer le suivi et la mise en œuvre des mesures décidées, a annoncé le vice-Premier ministre luxembourgeois et ministre de la Sécurité intérieure, Etienne Schneider, dans un communiqué. Face à la barbarie, face au terrorisme, l'Europe est unie et aux côtés de la France, a-t-il assuré soulignant que la décision de convoquer cette réunion avait été prise de concert avec les autorités françaises. Paris avait auparavant réclamé la tenue d'un conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE, à la suite des attentats qui ont fait au moins 129 morts. Le combat contre le terrorisme doit encore être renforcé à tous les niveaux et en particulier aux niveaux européen et international, a estimé le ministère français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Cette réunion doit permettre d'aborder, de manière aussi concrète et opérationnelle que possible, plusieurs sujets identifiés comme prioritaires depuis les attentats de janvier en France, a indiqué M. Cazeneuve, ajoutant qu'il est urgent d'en accélérer le calendrier de négociation et de mise en œuvre. Face au niveau de menace pesant sur l'UE, sur ses Etats membres et sur ses citoyens, l'Europe doit se doter d'un (fichier européen des passagers aériens) PNR efficace, d'un cadre pour lutter contre le financement du terrorisme et d'une législation solide et efficace sur le contrôle des armes à feu, a ajouté le ministre français. Les pays membres de l'UE doivent également renforcer leurs échanges de renseignements et mettre en œuvre des contrôles systématiques et coordonnés aux frontières extérieures de l'UE, à travers une révision ciblée du code frontières Schengen, a aussi expliqué le ministre, souhaitant sur tous ces sujets que des avancées concrètes interviennent au plus vite. Dans une déclaration conjointe publiée dimanche soir à l'issue d'une réunion à Paris, les ministres luxembourgeois et français et le Commissaire européen chargé des Migrations et des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, ont estimé que les attentats barbares du 13 novembre 2015 ont été une attaque contre l'Europe dans son ensemble. L'Europe a le devoir historique de défendre ses valeurs fondamentales et de ne pas succomber à la terreur. L'Europe restera unie dans la solidarité face à la violence et la haine, selon leur communiqué. Nous avons souligné l'urgence de prendre des décisions rapides et opérationnelles et de les mettre en œuvre dans un calendrier resserré, ont conclu les trois responsables.
Se préparer à de nouvelles répliques La France et l'Europe doivent se préparer à de nouveaux attentats, a affirmé hier le Premier ministre français Manuel Valls. Il a indiqué que plus de 150 perquisitions avaient été menées sur le sol français dans les milieux islamistes depuis vendredi. La France va "vivre longtemps" avec la menace du terrorisme et doit se préparer à la possibilité de "nouvelles répliques" dans "les jours qui viennent, dans les semaines qui viennent", a déclaré le Premier ministre sur RTL. "Nous savons qu'il y a des opérations qui se préparaient et qui se préparent encore, pas seulement contre la France, mais contre d'autres pays européens. Le communiqué de revendication de l'Etat islamique de samedi indique très clairement quelles sont les cibles possibles", a ajouté le Premier ministre. "Cet attentat a été organisé, pensé, planifié depuis la Syrie", a affirmé le Premier ministre, qui a martelé que le gouvernement n'écartait "aucune solution" dans cette "guerre" contre le terrorisme. Mobilisation générale "Plus de 150 perquisitions administratives ont été menées" en France dans les milieux islamistes depuis vendredi, a-t-il précisé. Lors de l'une d'entre elles, à Lyon, cinq personnes ont été interpellées dans la nuit de dimanche à lundi et "un arsenal de guerre" dont un lance-roquettes a été découvert, selon une source proche du dossier. "Il faut fermer les mosquées et les associations qui s'en prennent aux valeurs de la République", a également ajouté le Premier ministre. Manuel Valls a souligné que la France était "souvent à l'avant-garde pour agir contre le terrorisme", comme au Mali. "C'est aujourd'hui toute la communauté internationale qui doit se mobiliser" contre une "guerre qui va être longue et difficile", a-t-il déclaré. "Plus que jamais, l'union sacrée" est "indispensable", a-t-il dit. Il a également appelé "chacun à la maîtrise, à la prudence et à la vigilance". "Oui, le comportement de chacun va se modifier par rapport à cette menace terroriste", a-t-il poursuivi.
Ankara affirme avoir averti la France La Turquie a mis en garde à deux reprises en un an la France au sujet d'un des militants djihadistes qui s'est fait exploser vendredi soir lors des attentats de Paris, mais assure n'avoir reçu aucune réponse, a déclaré un responsable gouvernemental turc. La police turque a informé la police française deux fois, en décembre 2014 et juin 2015 au sujet d'Omar Ismaïl Mostefaï, un des assaillants de la salle de concert parisienne du Bataclan, a précisé ce responsable sous couvert de l'anonymat. Nous n'avons toutefois jamais eu de retour de la France sur cette question, a-t-il poursuivi. En octobre 2014, la Turquie a reçu une demande d'information de la France au sujet de quatre djihadistes présumés qui ne comprenait pas le nom du kamikaze présumé de Paris, selon cette source. La Turquie avait toutefois enquêté à son sujet car il était lié au groupe visé par les services français, a-t-elle ajouté. Né dans la banlieue parisienne, Omar Ismaïl Mostefaï a participé à la prise d'otages sanglante du Bataclan avant de se faire exploser. Il a été identifié par son empreinte retrouvée sur un doigt sectionné. Selon le procureur de Paris François Molins, il avait été condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun et fiché pour sa radicalisation islamiste depuis 2010 mais n'avait jamais été impliqué dans un dossier terroriste. Le responsable turc a indiqué que ce suspect était entré sur le territoire turc en 2013 par la province d'Edirne (nord-ouest), aux confins des frontières bulgare et grecque. Nous n'avons aucune trace de son départ du pays, a-t-il également indiqué. Selon la même source, les autorités turques n'ont été sollicitées par la France sur le cas d'Omar Ismaïl Mostefaï qu'après la vague d'attaques, revendiquées par le groupe Etat islamique (EI), qui a fait au moins 129 morts vendredi soir à Paris. Ce n'est qu'après les attaques de Paris que les autorités turques ont reçu une demande d'information de la France au sujet de Omar Ismaïl Mostefaï, a-t-il assuré. Nawal Z.