La capitale des lumières, Paris, a repris ses couleurs à la faveur d'une météo printanière, au lendemain des tragiques attentats terroristes, sur lesquels l'enquête semble progresser. Après un samedi soir très particulier au cours duquel les rues étaient presque désertes, la Tour en berne, la vie parisienne renaissaient dimanche de ses cendres dans la douleur. Dans les marchés, les Parisiens ne cessaient d'évoquer avec stupeur et colère ces attentats qui ont fait 129 morts, dont deux Algériens, et 352 blessés. Plus d'une quinzaine de nationalités ont été victimes de ces attentats, les plus meurtriers jamais commis en France. La plus belle avenue du monde, les Champs-Elysées, grouillait de personnes qui donnent d'ailleurs l'impression que rien ne s'est passé un vendredi soir à Paris. Le dispositif sécuritaire mis en place montre que l'Etat français est déterminé à combattre les terroristes de « manière impitoyable», comme l'avait affirmé le président François Hollande. Dans les bouches de métro, les gares, les marchés, la présence de policiers est bien visible. Sur demande de la préfecture de police de Paris, certaines stations de métro ont même fermé aux usagers. Mais dans la communauté, on craint un regain et un renforcement du sentiment islamophobe. Des membres de cette communauté, rencontrés par l'APS au marché de Saint-Denis, disent qu'il faudra que les mentalités « changent ici». Ces assassins ont commis des actes contre l'humanité, expliquent certains, « sans distinguo» et « nous les considérons des terroristes qui combattent tout simplement la vie». "Il faudra éviter de nous toiser avec des regards douteux et suspicieux, comme si nous étions complices" dans ces attentats que "nous condamnons vivement", recommandent d'autres. Une autre indication que la vie reprend à Paris, les cinémas parisiens, fermés samedi, ont rouvert leurs portes dimanche, à l'exception de ceux du réseau Pathé-Gaumont. "Après une journée un peu particulière hier (samedi, ndlr), la totalité de nos salles devrait pouvoir vous proposer des séances ce dimanche. Si la situation était amenée à changer, nous ferons notre maximum pour vous tenir informés", indiquait la page Facebook du réseau des cinémas UGC. De son côté, le réseau "Les Ecrans de Paris", regroupant cinq salles parisiennes, a également annoncé son intention de reprendre une activité normale. Le réseau Pathé-Gaumont, qui compte une dizaine de complexes à Paris, a lui décidé de laisser fermés ses cinémas situés à Paris intramuros et celui près du Stade de France à Saint-Denis, une des lieux visés par les attentats de vendredi soir. Sur le plan de l'enquête, les investigations semblent progresser, selon des médias qui citent des sources judiciaires ou policières. Piste belge, véhicules des assaillants retrouvés, gardes à vue, tout laisse indiquer que des pistes sérieuses ont été déterminées. L'enjeu est de savoir, estime-t-on, si certaines des sept personnes interpellées depuis samedi en Belgique faisaient partie du commando, dont sept membres sont morts, ou si une autre équipe est dans la nature. Deux des assaillants tués dans les attentats sont des Français ayant résidé à Bruxelles, selon le parquet fédéral belge, qui a précisé que les "deux voitures immatriculées en Belgique" retrouvées à Paris et en proche banlieue ont été louées "en début de semaine dans la région bruxelloise". Plusieurs fusils d'assaut Kalachnikov ont été découverts dans une voiture Seat noire utilisée par les assaillants et retrouvée à Montreuil, une commune limitrophe de Paris, selon une source judiciaire. Un seul des assaillants a pour le moment été identifié, un Français de 29 ans, Omar Ismaïl Mostefaï, qui a participé à la prise d'otages sanglante du Bataclan. Né à Courcouronnes (Essonne), il était fiché pour sa radicalisation islamiste, mais n'avait "jamais été impliqué" dans un dossier terroriste, selon le procureur de Paris François Molins. Les enquêteurs ont par ailleurs trouvé, près du corps d'un des trois kamikazes du Stade de France, un passeport syrien appartenant à un migrant enregistré en Grèce, selon Athènes. L'enquête a suivi également une piste en Belgique, où sept personnes ont été arrêtées. Parmi elles, l'homme qui avait loué une Polo noire utilisée par les kamikazes et retrouvée garée devant le Bataclan. Sur son compte Twitter, la police a demandé, dimanche, de ne pas diffuser d'images des scènes des attentats, "par respect pour les victimes et leurs familles", après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une photo qui aurait été prise à l'intérieur du Bataclan, montrant une trentaine de corps ensanglantés. Le président français François Hollande recevait, dans toute la journée de dimanche, la classe politique et prononcera lundi un discours devant le parlement avec ses deux chambres.