Environ 1.170.000 Américains sont morts au combat depuis la fondation des Etats Unis d'Amérique. Environ 1.490.000 Américains ont été tués par balle depuis que Robert Kennedy a été assassiné à coups de revolver en 1968, année la plus éloignée où on peut trouver des statistiques fiables sur ces morts Pendant la seule Présidence de Barack Obama, les armes à feu ont tué plus d'Américains que durant la Première Guerre mondiale. (Alvin Chang, journaliste à Vox.com, 3 décembre 2015) UN BREF COMMENTAIRE INTRODUCTIF A croire les candidats républicains à la Présidence des Etats Unis, la plus grande menace physique qui planerait sur les citoyennes et citoyens américains viendrait de la population musulmane de ce pays, et contre laquelle ils suggèrent toutes sortes de mesures répressives, allant jusqu'à l'extrême de faire passer une loi rendant l'adhésion à l'islam un crime, et proposant, au minimum, d'établir un fichier central pour les musulmans et d'établir des mesures sécuritaires visant spécifiquement les musulmans, et même - mesure intermédiaire de caractère policier- de placer dans des camps de concentration, qui ne disent pas leur nom, toute la population musulmane de ce pays, comme cela avait été fait pour les Américains d'origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Toutes ces suggestions, accompagnées de commentaires islamophobes justifiées par les «valeurs de violence » dont les préceptes de cette religion serait porteurs, et qui seraient contraires aux enseignements du christianisme, religion vastement majoritaire dans ce pays, seraient-elles justifiées par des données statistiques établissant que les adeptes de l'islam seraient plus portés à la violence extrême, avec usage d'armes à feu, contre leurs concitoyens américains d'autres religions ? Venant d'hommes qui se targuent d'objectivité et de rationalité, et ambitionnent de diriger le pays qui constitue le reflet des valeurs civilisationnelles dominantes, on aurait pensé que la phobie de l'islam et des musulmans aurait des fondements objectifs tirés de la réalité sécuritaire intérieure de la plus grande puissance du monde. Or, on constate qu'il n'en est rien et que les statistiques sur les crimes par arme à feu dans ce pays sont le fait, dans leur écrasante majorité, de non-musulmans, quoiqu'on se garde bien, dans les médias, de faire référence aux croyances religieuses des criminels sauf, évidemment, s'ils se trouvent être musulmans. L'analyse traduite ci-dessous, mérite d'être reproduite dans son entier car, d'abord, elle vient d'un observateur neutre, si ce n'est adhérant sans réserve aux valeurs civilisationnelles dominantes, de plus journaliste dans un média occidental et, mieux même, situé dans le pays le plus proche culturellement des Etats Unis et, ensuite, parce qu'elle révèle, s'il fallait encore, que les médias dominants sont plus dans la manipulation que dans l'information lorsqu'ils grossissent tels actes criminels, condamnables et mêmes qualifiables de barbares, et passent sous silence, ou minimisent, des crimes dont la fréquence est épidémique et révélatrice d'une violence criminelle sociétale qui est loin des enseignements de le religion dominante. Et ces valeurs, dont on vante tant les bienfaits et la perfection, sont sans valeur si elles sont violées avec autant de fréquence sans que leurs tenants n'y trouvent rien ou si peu !- à redire. Ce qui suit constitue l'article traduit de l'anglais L'AUTRE MASSACRE DU MERCREDI 2 DECEMBRE DONT VOUS N'AVEZ PAS ENTENDU PARLER Alors que les agences de presse diffusaient les informations sur le massacre qui avait eu lieu à San Bernardino en Californie, une nation exaspérée s'est recroquevillée, prise dans un mélange de sentiment d'horreur et de surprise. Quelque six jours avant le massacre de San Bernardino, dans lequel, selon la police, Syed Farook et Tashfeen Malik ont tué au moins 14 personnes et en ont blessé 21 autres dans un centre communal, le regard du pays s'était fixé sur Colorado Spring, au Colorado, où un extrémiste anti-avortement avait tué 3 personnes et en avait blessé 9 dans un centre de planning familial. Mais le carnage de mercredi en Californie n'était pas le premier massacre par balle depuis que Robert Dear avait ouvert le feu dans la clinique de Colorado Spring. Ce n'était même pas le premier carnage par balle qui avait eu lieu ce mercredi 2 décembre 2015. Quelques heures avant le massacre de San Bernardino, des coups de feu étaient en train d'être tirés à La Savanne, en Géorgie, et avaient causé la mort d'une femme et infligé des blessures à trois personnes, selon le Washington Post. Que s'est-il donc passé à La Savanne? Le quotidien local «Atlanta Journal Constitution» rapporte que les autorités étaient à la recherche de deux tireurs auteurs du crime qui s'était déroulé tôt le matin dans un quartier résidentiel et avait abouti à la mort de Brandy Council, âgée de 34 ans. Trois autres victimes - Jamond Heyward, 17 ans, Jarren Myers, 40 ans, et Jeran Washington, avaient souffert de blessures non mortelles, selon ce quotidien. Selon le même quotidien, les autorités n'ont pas encore annoncé si elles avaient découvert un motif derrière cette fusillade. La fusillade de La Savanne a totalement échappé à l'attention du pays, ce qui atteste de la nature quelque peu «assourdissante» des massacres collectifs en Amérique. Il n'est pas surprenant qu'une fusillade qui a causé plus de 31 victimes ait consommé l'attention de la nation ce mercredi ; mais c'est un commentaire rempli de tristesse que de constater que la violence par balle est devenue tellement routinière que nous avons tendance à n'y prêter attention que quand il y a un nombre si dramatique de victimes. «Vous avez 14 morts en Californie, et c'est une tragédie horrible. Mais, on peut assurer que 88 autres personnes sont mortes par balle ce jour aux Etats Unis.» Les attaques de La Savanne et de San Bernardino ont constitué respectivement le 354ème et le 355ème massacre par balle survenus sur le sol américain cette année, selon les données compilées par le Washington Post, à partir de l'organisme de «suivi des massacres» qui définit le massacre comme un incident qui a causé la mort ou les blessures d'au moins quatre personnes. Cela signifie que les meurtres collectifs ont eu lieu à un rythme de plus d'un par jour en 2015. Le mercredi 2 décembre était le 336ème jour de cette année. La violence à main armée de manière globale: chaque massacre par balle qui retient l'attention de la nation ne représente qu'une faible partie des morts par arme à feu qui ont lieu chaque jour aux USA. Comme l'a déclaré au New York Times Ted Alcorn, de l'association «Toutes les villes pour la sécurité contre les armes» : «Vous avez 14 victimes mortes en Californie, et c'est une horrible tragédie. Mais, soyez assurés que 88 autres personnes sont mortes par balle aujourd'hui dans tous les Etats Unis.» Utilisant les données fournies par les Centres pour le contrôle des maladies, la campagne «Brady pour lutter contre la violence à main armée» (du nom du porte-parole de la Maison-Blanche blessé et paralysé à la suite d'une attaque par arme à feu) estime que, chaque jour, 31 personnes sont assassinées par arme à feu en Amérique, 151 sont blessées par balle et 55 autres se suicident par balle. En 2015, les statistiques soulignent la brutale vérité derrière le reportage de la BBC sur le massacre du mercredi soir qui fut introduit ave les mots à donner la chair de poule : «Un jour comme un autre aux Etats Unis d'Amérique». Réagissant au massacre de San Bernardino du ce mercredi passé, Hillary Clinton, candidate démocrate à la Présidence des Etats Unis, a réitéré son appel pour la réforme de la sécurité des armes. Tweetant : «Je refuse d'accepter ceci comme normal». La réalité, qui constitue une secousse, est qu'en l'absence d'une action sérieuse pour affronter la violence armée, les meurtres par balle sont on ne peut trop normaux. Luc Brinker, journaliste à la BBC - 3 décembre 2015- traduit