Il fallait un retard de plusieurs heures pour arracher un accord sur un texte pour lequel le président de la conférence Laurent Fabius n'a même pas donné le temps aux objections pour le valider avec son marteau vert. Tout le monde aura compris, politique oblige qu'après les attentats terrorises du 13 novembre dernier, les pres-sions des ONG'S à l'extérieur, la dé-confiture du parti socialiste aux élec-tions régionales et surtout à la veille d'un deuxièmes tour dont le ton a été pour la première fois agressif, Paris ne pouvait pas se permettre le moindre échec d'une conférence sur laquelle elle avait tant misé pour redresser les sondages d'opinion en sa faveur. Si l'accord constitue effectivement une plateforme intéressante, juste, équilibrée pour les pays du sud, les contraintes qui y figurent vont elles dissuader les principaux pollueurs de le ratifier par la suite ? Rappelons que cet accord n'a été qu'au stade de validation à Paris, il faudrait d'ici fin 2017 que chacun des pays le ratifie, ce qui n'est pas encore gagné. Que contient exactement cet accord ? Quels sont les enjeux climatiques par rapport aux échéances contenues dans cet accord ? Comment va se jouer l'avenir des énergies fossiles ? Quels sont les changements que doit opérer l'Algérie dans sa vision énergétique en perspective ? 1- QUE CONTIENT EXACTEMENT CET ACCORD ? Le plat de résistance et les différentes discussions de cet accord de 29 pages tourne autour de l'article 02 qui stipule que le réchauffement devra être contenu «bien en deçà de 2°C» par rapport à l'ère pré -industrielle (nous sommes déjà à + 0,8°C) et que des efforts devront être réalisés pour tenter de rester en-dessous de 1,5°C, conformément à ce que demandaient les pays les plus vulnérables au réchauffement (à commencer par les petits états insulaires menacés par la montée du niveau des mers). C'est un symbole important même si les spécialises du climat s'accordent à dire que le franchissement de la barre des 1,5°C est inéluctable Toute la question est comment l'atteindre dans les faits ? C'est l'un des gros points noirs de l'accord: il n'y a aucun objectif chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il est simplement convenu que celles-ci devront atteindre «un pic aussi rapidement que possible», étant entendu que les pays en voie de développement l'atteindront plus tard, et qu'elles devront ensuite décroître rapidement pour atteindre un niveau où elles pourront être intégralement capturées par la végétation et les océans (c'est ce qu'on appelle la neutralité carbone) dans la 2e moitié du XXIe siècle. Cette trajectoire est loin d'assurer que le réchauffement ne dépassera pas 2°C. Y aurait-il un moyen de contrôle quelconque ? Pour le moment, les réductions d'émissions promises de façon volontaire par 186 Etats conduisent à l'émission de 55 gigatonnes de CO2 en 2030 alors qu'il faudrait atteindre 40 gigatonnes pour rester sous les 2°C. Le groupement d'experts indépendants sur le changement climatique doit déterminer d'ici 2018 quel niveau d'émissions serait compatible avec un réchauffement limité à 1,5°C. On fera à ce moment là un bilan des efforts collectifs. Les pays seront sans nul doute appelés à revoir leurs ambitions à la hausse, sur la base du volontariat, avant le nouvel inventaire prévu en 2023. Ce processus de révision sera renouvelé tous les 5 ans. Les pays devront à chaque fois revoir leur copie en rehaussant leur niveau d'ambition. Cet effort devra être équitablement réparti. Ce principe de «différenciation» était au cœur des négociations. En résumé, les pays en voie de développement appelaient les pays développés à leur responsabilité historique. C'est-à-dire à faire des efforts supplémentaires. Ces derniers rechignaient à inscrire dans le marbre la vieille dichotomie pays riches/pays pauvres. Le compromis se fait dans l'article 2 du traité qui acte le principe de responsabilités et des capacités différentes des Etats résultant de leurs «circonstances nationales différentes». Une formulation jargonneuse qui peut paraître compliquée mais dit en fait quelque chose de très simple: rien n'est figé, le monde évolue. Dans le reste de l'accord, il est reconnu que les pays développés doivent jouer un rôle moteur dans la réduction des émissions mondiales et aider financièrement les pays en voie de développement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les 100 milliards promis ont été retiré du texte mais figure sur une annexe. Cela doit notamment permettre d'éviter un rejet du projet d'accord par le Sénat américain. Il est reconnu qu'un nouvel engagement financier précis devra être formulé en 2025. Cette somme est intégralement à la charge des pays développés. Les autres pays sont eux appelés à réaliser un effort financier supplémentaire s'ils le souhaitent (et non s'ils le peuvent comme le demandaient les pays développés). Aucune somme n'est sanctuarisée pour l'adaptation, c'est à dire pour les projets permettant aux pays en voie de développement de faire face aux conséquences du réchauffement. Les conséquences irréversibles du réchauffement ont été retirées du texte de l'accord mais figurent dans une annexe elles aussi. Il est reconnu qu'un nouvel engagement financier précis devra être formulé en 2025. Cette somme est intégralement à la charge des pays développés. Les autres pays sont eux appelés à réaliser un effort financier supplémentaire s'ils le souhaitent (et non s'ils le peuvent comme le demandaient les pays développés). Aucune somme n'est sanctuarisée pour l'adaptation, c'est à dire pour les projets permettant aux pays en voie de développement de faire face aux conséquences du réchauffement. 2- L'ACCORD NE PEUT PARER A L'URGENCE DU DESASTRE CLIMATIQUE Même si pour commun des mortels, quatre degrés de plus affichés sur le thermomètre ne changent pas grand chose, à l'échelle de la planète, ces quelques degrés supplémentaires chaque année peuvent avoir des conséquences irréversibles. Grosse chaleur, canicule, pluies diluviennes, crues, tempêtes et cyclone etc. Ces événements extrêmes qui sont la conséquence de circulation de masses d'air autour du globe pourraient devenir plus fréquents et plus violents, selon le 5ème rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat(Giec). La conséquence directe de la récurrence de ces phénomènes climatiques extrêmes est la montée du niveau de la mer et donc la disparition de certaines îles. Le niveau des océans s'est élevé de dix centimètres ces 50 dernières années et cela n'est pas prêt de s'arrêter. En effet, une augmentation de deux degrés en moyenne sur le globe ne signifie pas que le thermomètre grimpera de deux degrés partout, uniformément. La hausse de température sera donc beaucoup plus forte dans l'Arctique que sur l'Equateur et la température aux pôles pourrait grimper de huit à dix degrés. Cette forte augmentation va accélérer la fonte des calottes glaciaires qui, conjuguée à la fonte des petits glaciers de montagne et la dilatation des molécules d'eau à cause de la chaleur, entraînera une montée du niveau des océans de 30 à 80 centimètres pour deux degrés de plus. A titre d'exemple, d'ici 2100, la dune du Pyla à l'entrée du bassin d'Arcachon pourrait perdre 80% de sa surface. Et selon une étude du CNRS, 10.000 à 20.000 îles et archipels pourraient totalement disparaître avant la fin du siècle. De nombreux village du Sénégal vont être entièrement engloutis. Si le réchauffement climatique dépasse deux degrés, les phénomènes de canicule pourraient se multiplier dans le monde. A Alger par exemple, il pourrait y avoir des canicules insupportables par an en 2050, selon le scénario le plus pessimiste, elles seront plus virulentes que celles de l'été dernier. Un phénomène particulièrement marqué dans les zones de forte densité urbaine où les bâtiments emmagasinent de la chaleur et les températures restent élevées en permanence. Sécheresses, typhons, cyclones et pluies diluviennes vont s'intensifier dans les années à venir et provoquer une migration des populations. Dans un rapport publié en 2012, l'ONU prédisait 250 millions de déplacés dans le monde en 2050. Pire, ces 20 dernières années, les catastrophes naturelles ont tué quelque 600.000 personnes (en moyenne 30.000 par an) selon le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes. Un phénomène qui touche particulièrement les pays pauvres puisque 89% de ces décès ont été enregistrés dans des pays à faibles revenus. La Banque mondiale estime d'ailleurs dans un rapport publié en novembre 2015 que plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l'extrême pauvreté si les objectifs de réduction des gaz à effets de serre ne sont pas tenus. Ce sont les plus démunis qui sont le plus durement frappés par le changement climatique. Le défi auquel est maintenant confrontés consiste à éviter que le dérèglement du climat ne plonge dans l'extrême pauvreté des dizaines de millions d'êtres humains. Selon les spécialistes, une augmentation de température de trois degrés Celsius entraînera une migration des espèces de 500 kilomètres vers le Nord. Et c'est d'ailleurs pour cela, que les frelons asiatiques ou les chenilles processionnaires ont fait leur apparition ailleurs. Plus grave encore, en analysant les résultats d'une centaine d'études qui portent sur l'impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore, des chercheurs américains ont établi qu'une espèce animale sur six pourrait disparaître si le rythme actuel des émissions de gaz à effets de serre se poursuit. 3- LA MISE EN UVRE DE CET ACCORD FAVORISERA LA HAUSSE DU BARIL DE PETROLE Il faut peut être souligner que depuis la création du fond, vert les pays du nord n'ont cotisé qu'environ 10 milliards pour initier à peine 8 projets de moindre envergure. Il se trouve que cette caisse est gérée administrativement sans se soucier de l'évolution réelle des dérèglements climatiques par des spécialités dans le domaine des statistiques, des sciences économiques ainsi ceux qui s'intéresse au climat et les catastrophe naturelles. Ce fond est malheureusement plus prés des lobbies des multinationales que de la régulation des gaz à effet de serre et, ce à cause de l'influence qu'ont ces sociétés sur les pouvoirs publiques. Il a peu de lien avec les grandes banques et notamment la banque mondiale. Il a peu d'autorité sur la distribution des quotas d'émission par pays et ne peut venir à bout des erreurs patentes. La taxe carbone est perçue comme une recette fiscale du pays qui la pratique mais en aucun cas aux opérations qui contribue au règlement du climat. En somme c'est un espèce d'alibi aux pays riches pour faire taire ceux qui auront à subir les conséquences d'un dérèglement climatique sans pour autant en polluer l'atmosphère. Il a été établi que les différents pays s'engagent certes, mais n'ont pas les coudées franches face au lobbysme des multinationales. Donc, ce n'est du côté des Etats qu'il faudrait s'attendre à des changements climatiques mais plutôt celui des investissements privés. Or, le critère de taille du capital privé est la rentabilité. S'ils trouvent leur compte dans d'autres formes d'énergie comme les renouvelables par exemple, ils abonderont les ressources fossiles par transférer leurs capitaux ailleurs. Cette situation va rétrécir automatiquement sur le long terme l'offre des hydrocarbures et du charbon avant même le début d'une transition énergétique. Ceci va faire flamber les prix du baril ce qui n'arrangera pas la plus part des pays de l'occident et notamment consommateur d'énergie. On se rappelle par exemple le Canada qui s'est retiré du protocole de Kyoto en 2011 après son engagement ferme cat plus de 44% de sa production proviennent des sables bitumineux d'Alberta. Il s'agit d'un pétrole lourd très polluent et dégage plus de gaz à effet de serre que le brut conventionnel. Quant aux autres, fortement énergétivores, ils ne voulaient pas consentir à réorienter voire changer leur modèle de consommation. Tout donc porte à croire qu'à part l'Arabie Saoudite, le Venezuela et un peu l'Afrique du Sud pour le charbon, les Etats Unis n'a pas lever le petit doigt. Ils sont persuadés que le texte reste dans des généralités annexées de toutes ses contraintes. Mais l'énorme dégât causé à la planète les oblige moralement à satisfaire les pays pauvres mais n'ont aucune certitude sur l'avenir de la politique qu'ils vont mener d'ici 2020. Quant à l'Inde et la Chine, elles sont elles mêmes victimes du réchauffement climatique. 4- COMPTER SUR LES ETATS POUR ESPERER UN CHANGEMENT, C'EST SE LEURRER Pour consolider et fertiliser ce progrès dans la sensibilisation et les acquis déjà obtenus, l'action citoyenne devra constituer un contre pouvoir au lobbysme des multinationales qui n'agissent qu'en fonction de leurs intérêts pour libérer les pouvoirs étatique de leur joug Comme elle applaudit les décisions audacieuses des Etats, elle devra contester d'une manière la plus ostentatoire possible les retards dans les programmes tracés en veillant à leur application tout en surveillant leur exécution. Bien que la stratification sociétale ne soit pas homogène sur le sujet, la recherche des points d'accord restent de mise pour avancer. C'est le seul thème générique qui concerne les citoyens du monde entiers et pour lequel les alliances hors frontière sont impératives. En effet, il y a des climato- sceptiques qui pensent que, la terre se réchauffe depuis plusieurs millénaires. Cependant, cela n'est pas suffisant pour justifier une quelconque politique coercitive. Pour eux il s'agit d'une propagande des médias pro-écolos, il ne semble pas que ce soit le cas. En fait, aucun réchauffement anormal n'a été observé depuis 1998. Ils préconisent que l'homme n'est pas le seul responsable mais les chercheurs ont prouvé entre autres les méfaits des rayons cosmiques sur l'évolution du climat .Pour cette approche du dérèglement du climat, l'augmentation du niveau de la mer n'est qu'un stratagème gouvernemental pour les faire peur pour rien. Ils soutiennent que le niveau des océans a toujours augmenté et ce depuis la fin de la dernière glaciation. La vraie question est de savoir si l'augmentation a été plus accentuée ces dernières années et, si c'est le cas, quelle différence cela fera. Par ailleurs, les études ne montrent aucune corrélation entre le réchauffement et la fréquence des ouragans, sécheresses et feux de forêts. La peur est un bon moyen pour les pouvoirs de faire vendre des votes, les taxes pour continuer de grossir leur empire, les chercheurs scientifiques veulent être publiés et subventionnés, les ONG environnementalistes veulent des dons pour payer leurs salaires exorbitants, les sociétés d'électricité et d'ingénierie veulent vendre des éoliennes et des panneaux solaires, les banques veulent les financer à grands coup de dette. Pratiquement tout n'est qu'imaginaire. En dépit de cette divergence de vue, tout le monde admet que cette situation mène droit vers une contraction des ressources (eau, aliments etc.) pour ne pas dire carrément une pénurie Ce manque va ramener les peuples de la terre à s'entretuer pour se nourrir. Ceci va mener l'humanité à régresser en renouant avec les guerres. Est-ce réellement la volonté des citoyens ? C'est vers cette fibre que l'initiative citoyenne doit s'orienter pour une mobilisation mondiale qui fera plier les différentes parties qui hésitent encore de réduire les facteurs qui dérèglent et détériore le climat. 5- CONCLUSION Si le rapport de la COP 21 est jugé bon, c'est parce qu'il contente et non satisfait les parties qui sont réellement dans des situations climatiques inextricables. La diplomatie a pris le dessus sur les réalités du terrain. 1,5°C n'est qu'un objectif mais personne y compris les scientifiques ne disent clairement comment y arriver. L'échéance semble longue mais la détérioration de la planète est immédiate. Il aurait été plus judicieux que tout le monde mettent la main dans la poche pour payer le carbone qu'il dégage et passer rapidement à la réparation de la maison planète au lieu de tchatcher. Serait-il écrit que l'homme court à sa propre perte ? Ou est-ce la loi de la permanence et de l'invariabilité humaine ? * Consultant et Economiste Pétrolier