Après l'audition de l'ensemble des accusés (personnes physiques) au nombre de 15 dans le cadre du procès de Sonatrach 1, le juge Mohamed Reggad a appelé, hier, à la barre les représentants des 4 entreprises étrangères et nationales incriminées dans cette affaire et poursuivies notamment pour corruption et majoration des prix. Les représentants des entreprises concernées ont tous nié en bloc et rejeté ces chefs d'inculpation. Le nouveau PDG de Saipem Contracting Algérie, Galli Poli, a affirmé que son entreprise a remporté d'une façon transparente le marché relatif à la réalisation du lot 3 du gazoduc G3K devant relier Hassi R'mel à El Kala, et qui devait une fois achevé alimenter le gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie. Le projet a été accordé à Saipem Algérie au gré à gré par la Sonatrach pour un montant de 586 millions de dollars, après une réduction négociée de 15%, sur un montant initial de l'ordre de 680 millions de dollars. Galli Poli a affirmé en réponse aux questions du juge que «le prix n'a pas été gonflé ou exagéré». Et de préciser que le prix est justifié par le fait que cette partie (lot 3) est la partie la plus difficile en termes de réalisation, notamment dans le volet relatif à l'accessibilité et à la sécurité. Il explique que «le projet se situe dans une région montagneuse et forestière, avec l'absence totale d'éclairage le nuit». «Cette contrainte, explique-t-il, nous a poussé à travailler uniquement le jour, ce qui nous a emmené à doubler notre effectif pour remettre le projet dans les délais fixés». Et de souligner «on était obligé de faire appel à nos techniciens en Italie pour dépasser quelques entraves techniques». Et de souligner que sur 3500 travailleurs, 600 étaient des expatriés dont on devait assurer toutes les conditions de vie pour qu'ils travaillent à un rythme accéléré. Le représentant de la partie civile de Sonatrach intervient pour lui demander pourquoi avez-accepté la réduction des 15%, puisque vous dites que le prix n'est pas du tout exagéré. Galli Poli explique que ces 15% ont été consacrés essentiellement aux aléas et aux risques dans la partie réalisation. Il reconnaît «nous avons fait une évaluation pessimiste des risques, inondations, tempêtes, incidents techniques Mais, en fin de compte, affirme-t-il, Saipem a enregistré des pertes dans ce projet de plus des 15% de réduction». Il conclut en précisant «dire que l'offre de Saipem est exagérée sur la base d'une comparaison sur le marché n'est pas tout à fait exact, car elle ne repose sur aucune expertise technique». Et de poursuivre «cette comparaison est fausse, c'est comme faire une comparaison entre une Clio et une Mercedes», dit-il. Interrogé sur les 40 millions de DA versés par l'ancien dirigeant de Saipem Contracting Algérie, Tullio Orsi, au fils de l'ex-PDG de Sonatrach, Réda Meziane, l'actuel dirigeant de Saipem a affirmé que peut-être cette somme a été octroyée par Tullio Orsi à Réda Meziane à titre personnel et privé, car il n'y a aucune trace de cette somme dans la comptabilité de l'entreprise. Il précise «nous avons uniquement le salaire mensuel de Réda Meziane qui travaillait en tant que conseiller auprès de l'entreprise». Quel est le nombre des marchés obtenus par Saipem durant la période où Réda Meziane était employé par Saipem ? L'auditionné précise «sur 20 appels d'offres, nous avons obtenu 8 marchés». Et d'ajouter que Saipem a plus de 50 ans en Algérie, et n'est pas un client de Sonatrach mais son partenaire, «nous avons installé des pipelines qui sont restés intacts après 40 ans», dit-il en affirmant que son entreprise qui a été créée sous l'égide de Saipem Italie (filiale du groupe pétrolier italien ENI), a obtenu une moyenne de 157 marchés en Algérie. A noter et selon les déclarations faites au cours du procès que les travaux de réalisation de ce gazoduc se sont poursuivis malgré la poursuite judiciaire contre l'entreprise et le départ de son ex-PDG Tullio Orsi. Le nouveau PDG a expliqué devant le juge que l'entreprise a pris des engagements et elle a tenu à les honorer. A noter en outre que Saipem Algérie n'a pas été blacklistée après l'éclatement de cette affaire, elle continue à avoir des marchés en Algérie. Le représentant légal du groupement Contel Funkwerk Plettac, Mathias Peter, a rejeté pour sa part les accusations, notamment celle relative à la majoration des prix pour la sécurisation des sites sensibles de la Sonatrach, notamment au sud du pays. Il explique qu'il faut bien comprendre la logique tel qu'il a été demandé par la Sonatrach, «la logique de mieux-disant». Il explique davantage en précisant que la Sonatrach voulait mettre un système de sécurité performant. «Pour ce qui nous concerne nous travaillons sur la base des EPC, c'est-à-dire étude, approvisionnement et installation, et chaque partenaire doit présenter son projet technologique de pointe avec un permis d'exportation délivré par les autorités allemandes». Il affirme que le prix est justifié par la qualité des produits en matière de résistance anti-déflagration et par la durée de vie. Et de préciser que le groupement a soumissionné au dinar algérien, alors que les autres entreprises ont soumissionné en devises. Et d'enchaîner «nous avons perdu de l'argent suite à la dépréciation du dinar face à l'euro». Interrogé par le juge sur qui a fait la proposition pour faire la présentation des équipements de télésurveillance, il répond «Sonatrach». Le juge lui pose autrement la question, pourquoi n'avez-vous pas soumissionné sans Contel Algérie ? Il répond, c'est la Sonatrach qui avait exigé une partie contractante, mais elle n'a pas imposé la formule du groupement. Et de conclure «nous avons donc créé ce groupement temporaire pour réaliser les cinq contrats obtenus pour la sécurisation des sites». Le représentant du groupement a précisé que le projet de sécurisation de la base de vie du 24 Février 1971 dont les travaux ont atteint 75% est toujours gelé, en raison du gel des comptes de Contel Funkwerk.