Le syndicat national des praticiens de Santé publique revient à la charge pour dénoncer «le démantèlement programmé de la santé publique», à travers des projets de privatisation «hasardeuse», annoncés par le ministre de la Santé concernant les CHU et le secteur de la Formation médicale. Les praticiens de la Santé alertent et laissent présager une désarticulation du secteur, dans les années à venir, «le secteur public sera réservé, dans cinq ans, exclusivement aux personnes démunies», ont-il alerté en s'interrogeant «à savoir sur quel critère on définira le citoyen démuni, d'ici là ?» Le président du SNPSP, Lyès Merabet, a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse, que son syndicat est contre la privatisation «hasardeuse» du secteur de la Santé, notamment, dans les conditions actuelles des choses, où le secteur public souffre de sérieux problèmes de dysfonctionnements. Pour Merabet, l'idée de créer des hôpitaux privés de 500 lits, avec l'idée d'ouvrir le secteur de la Formation médicale, au secteur privé, annoncée par le ministre Abdelmalek Boudiaf, est une «aventure hasardeuse» au moment où le secteur public a besoin d'être davantage soutenu et renforcé. Pour Lyès Merabet, cette privatisation, à la hâte, ne fait que fragiliser, davantage, le secteur public. Et de faire rappeler que, déjà, le niveau des dépenses de la Santé publique, en Algérie, est en-deçà des pays voisins. Il précise que selon des statistiques de l'OMS, les dépenses totales de l'Algérie pour le secteur de la Santé, comparativement au PIB, sont de 4 %, durant les 10 dernières années, alors que les niveaux des dépenses en Tunisie et au Maroc, sont de l'ordre de 6 à 6,2 % du PIB. Le SNPSP s'est dit, également, opposé, voire rejeter, le nouveau système de pointage par empreinte digitale, pour les personnels hospitaliers, annoncé par le ministre. Pour le SNPSP, cette pratique est en fait une restriction des libertés individuelles «et elle n'est pas en mesure de lutter contre le phénomène de l'absentéisme, constaté dans les hôpitaux et les polycliniques». Lyès Merabet, explique que les récalcitrants peuvent bien faire le pointage le matin et repartir pour prendre un café, ils iront aux cliniques privées pour exercer et revenir en fin d'après-midi, pour pointer. Pour Lyés Merabet «c'est l'activité complémentaire que nous avons, catégoriquement, rejetée qui a ouvert la porte à ce genre de comportement». Il a signalé que la mise en place de ce système de pointage coûtera un budget considérable, à l'Etat au moment où on parle d'efficience et de restriction budgétaires dans le secteur public. Le Dr Merabet a affirmé qu'un seul appareil coûte une moyenne de 400.000 DA. Et de préciser que le dernier hôpital devra au moins installer une dizaine, et sachant que nous avons 500 structures hospitalières, la facture sera lourde. Pour le conférencier, le personnel hospitalier est déjà régi par une série de mesures administratives et déontologiques qui l'obligent à assurer sa disponibilité, à travers le système de brigade, de la garde et d'autres. Et de signaler que le travail de contrôle doit être assuré par les chefs de services et les DRH dans les administrations. Le syndicat défend le corps médical du secteur public et dénonce les injures proférées, par certains responsables, «ils nous traitent de mercenaires, ils font croire aux citoyens que nous sommes une association de malfaiteurs», dira-t-il. Et de souligner «que certains propos nous touchent profondément, au moment où nous avons tant besoin d'encouragement pour régler certaines dysfonctionnements dans le secteur». DES INTERROGATIONS SUR LES UVRES SOCIALES DE MUSTAPHA BACHA Le syndicat national des praticiens de la Santé publique a affirmé son soutien aux délégués syndicaux de l'hôpital Mustapha Bacha, qui font l'objet de pressions, après avoir déposé plainte, auprès de la justice, sur la gestion douteuse des uvres sociales de l'hôpital Mustapha Bacha. Lyès Merabet a affirmé que son syndicat ne dit pas qu'il y a eu détournement ou pas, mais dit-il, la justice a été sollicitée, la brigade des Finances et une brigade de la Gendarmerie sont en train d'enquêter. Il faut laisser ces instances travailler conformément à la loi. Les élus des syndicats, SNPSP, Snapap et Snapsy ont eu des soupçons sur le sort de 67 milliards de centimes des oeuvre sociales, « n'importe quel travailleur a le droit de connaître le cheminement, ou le sort des œuvres sociales du moment que 3 % sont prélevés de son salaire». Lyes Merabet dit ne pas comprendre pourquoi certains fonctionnaires ont observé un sit-in, au CHU Mustapha Bacha à Alger, pour soutenir la directrice générale de l'établissement, installée par intérim depuis six mois. Pour Merabet, ni un sit-in de soutien, ni un sit-in de dénonciation ne peut prouver s'il y a eu détournement ou pas, «seule l'enquête déterminera le sort de l'argent des uvres sociales». Le Dr Merabet s'est interrogé, pourquoi la commission chargée de gérer les uvres sociales n'a pas été renouvelée depuis quatre ans, et pourquoi l'Administration a accepté de travailler dans de telles situations, «en manque de transparence?» Lyes Merabet conclut «nous sommes contre les pressions exercées sur les délégués syndicaux et il n'est pas question de se taire». Le conférencier a fait état de mutations abusives des délégués syndicaux, et de menaces agressives suite à cette affaire, à l'encontre de certains syndicalistes. A QUAND L'APPLICATION DE L'ACCES AUX GRADES POUR TOUS Le SNPSP réclame l'application des résultats du concours pour l'accès aux grades, du mois de juin passé. Une application partielle a été enregistrée, pourtant, des instructions ont été données, par le ministère de la Santé, par celui des Finances et les responsables de la Fonction publique pour l'application des résultats, avant la fin de l'année. Le Dr Lyès Merabet, a affirmé que certaines wilayas, telles que Tizi Ouzou, Tipaza, Ouargla, Sétif, Annaba, Sidi Bel- Abbés ont refusé, carrément, d'appliquer les résultats du concours relatif à l'accès aux grades, sous prétexte, qu'il n'y a pas eu des postes budgétaires. Pis, les contrôleurs financiers de certaines wilayas ont demandé de contrôler les feuilles d'examen et le barème de correction, des candidats pour pouvoir débloquer les rappels. Le conférencier a voulu attirer l'attention du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière qui avait dit que ce dossier est clos, «on vous a présenté un dossier incomplet sur l'état d'avancement et l'application des résultats du concours», alerte Merabet. A noter que le SNPSP tiendra un conseil national extraordinaire, le 3 mars prochain, dans le but de plancher sur plusieurs points en suspens, entre autres la réouverture du dossier du statut particulier, vu les anomalies.