L'Algérie, où l'espérance de vie a été rallongée à plus de 70 années, fait face à des maladies nouvelles, des maladies émergentes et des épidémies. Les spécialistes de la médecine préconisent de plus en plus d'aller vers un système médical qui privilégie la prévention, et la mise en place d'un secrétariat national à la prévention. C'est du moins l'avis du président du Conseil national de l'ordre des médecins algériens, le Dr Mohamed Bekkat Berkani. Invité de la radio nationale hier mercredi, il a estimé qu'il faut 'sortir du tout curatif et aller vers le préventif contre les maladies émergentes.'' 'Ce qui compte, c'est la prévention primaire et secondaire'', et 'il faut mettre en place des institutions pour avoir des observatoires de ces maladies'', a-t-il indiqué, avant de relever qu'''inéluctablement, les maladies émergentes vont se répandre à l'avenir, comme le cancer, qui est en évolution, et qui est dû à des facteurs relatifs au mode de vie''. Pour le Dr Berkani, l'Algérie doit 'd'ores et déjà se préparer à faire de la prévention pour éviter sur le plan économique des dépenses très importantes, notamment pour le cancer.'' Il estime par ailleurs qu'avec 'l'allongement de la durée de vie, on fait un peu plus de maladies qu'avant, comme les maladies cardiaques, le diabète, le cancer.'' Pour lui, 'la tendance est unanime, il faut prévenir, car la prévention amènera la guérison très tôt, et qui évitera des dépenses coûteuses.'' Il préconise ainsi des 'offices de prévention, qui puissent faire de la prévision avec les moyens pour faire de la prévention.'' Et puis, un constat: 'nous sommes très défaillants dans ce domaine, on ne peut confier à des associations de faire de la prévention, il faut des institutions pour la prévention. Les épidémiologistes peuvent donner cette feuille de route'', souligne le Dr Berkani, ajoutant que 'nous avons demandé la mise en place d'un établissement pour la prévention contre certaines maladies émergentes.'' En fait, il préconise comme premier remède à ces maladies émergentes 'de la prévention primaire en changeant le mode de vie des Algériens entrés dans le modernisme en mangeant mal, ne font pas de sports. Il faut faire en sorte que les maladies arrivent le plus tard possible. Il ne s'agit plus de faire de la vaccination contre les maladies transmissibles, c'est dépassé, la prévention, c'est essentiel.'' C'est un secrétariat d'Etat à la prévention qu'il faut mettre en place, estime le Dr Berkani, selon lequel il y aurait, en l'absence d'un registre national du cancer, entre 50.000 et 60.000 cancéreux, et près de 40.000 souffrant de maladies respiratoires invalidantes, en particulier l'asthme. Quant aux virus actuels dans le monde, dont Zica, 'c'est en Amérique Latine, aux Antilles et Caraïbes. C'est le rôle d'une institution de veille, nous, nous avons fort à faire pour parler de cette maladie transmissible.'' Sur la médecine parallèle, il n'a pas hésité à qualifier ceux qui s'y adonnent de 'charlatans'', qui profitent de 'situations extrêmes, de la détresse et le défaut d'accès aux médecins.'' Pour l'Ordre des médecins, 'c'est de l'escroquerie et les Algériens méritent une médecine qui est en progrès'', car 'l'Algérie a besoin d'avancer, pas de reculer.'' Dénonçant 'un grand guérisseur qui s'est installé en Algérie, les autorités le savent, il est médecin et pharmacien. Il donne des traitements illusoires qui guérissent le diabète, le cancer'', indique-t-il, précisant que 'nous avions besoin d'hôpitaux, et d'équipements, et non pas se diriger vers des pratiques du passé.'' D'autre part, il s'est félicité sur les dernières mesures relatives au statut des médecins, entre ceux qui ont choisi le secteur public et ceux ayant opté pour le privé, estimant que 'il faut que la médecine soit Une, que les ponts soient assurés.'' 'Il faut assurer cette liberté du malade d'aller se soigner là où il veut'', affirme-t-il, avant de souligner que les médecins algériens partent à l'étranger rechercher la qualification, un avenir. Pour lui, il s'agit de donner, avant, de l'espoir et des conditions d'évolution de carrière et de formation pour les médecins qui sont ici'', précisant que 'le paramédical est la moitié de la médecine'', et qu'on n'a pas formé 'd'infirmiers de qualité.'' Sur les erreurs médicales, le président de l'Ordre des médecins estime qu'il n'y a pas 'plus d'erreurs médicales en Algérie qu'ailleurs'', relevant que si les praticiens ont tous les moyens, 'il n'y aura pas d'erreurs médicales.'' Enfin, sur les maladies à déclaration obligatoire, il a déploré que 50% des médecins ne le font pas, avant d'affirmer lui aussi qu'il n'y a pas 'de pénurie de médicaments en Algérie, c'est juste une question d'organisation de la distribution.''