Finalement, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, n'intégrera pas le Maroc, dans son plan de vol, à l'occasion de sa première visite, prévue, la semaine prochaine, en Afrique du Nord, pour une tournée consacrée au conflit du Sahara Occidental. L'annonce faite, vendredi, par l'Organisation onusienne met, fin, ainsi au suspense entretenu par Rabat autour de cette escale et la réponse, toute diplomatique des Marocains qui ont expliqué que leur souverain ne sera pas présent au pays. «Le secrétaire général n'ira pas à Rabat. Le roi ne sera pas là», a notamment, déclaré, à propos de ce sujet, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. Dans son agenda, Ban Ki-moon, avait envisagé de se rendre à Laayoune, principale localité du Sahara Occidental occupé, ainsi qu'à Rabat pour essayer de déverrouiller, un conflit vieux de 40 ans. Ce refus des Marocains de recevoir un homme qu'ils ne considèrent pas comme un allié, était prévisible, eux qui ont tenté, dans un premier temps, d'entraver la visite du SG en allant jusqu'à lui choisir certaines régions à visiter, selon l'universitaire sahraoui, Mustapha Baba Sayed, professeur à l'Université Alger 3, dans une déclaration faite à la presse. Il précisera que l'idéal pour le régime marocain aurait été que la visite intervienne après la publication du rapport du Conseil de sécurité, sur l'examen du renouvellement du mandat de la Minurso, présente sur place depuis 1991, afin de veiller principalement, au respect du cessez-le-feu, entre le Maroc et le Polisario. Ces atermoiements des autorités marocaines ont pour objectif de gagner du temps jusqu'à expiration du mandat de l'actuel secrétaire général de l'ONU, mais, aussi, de miser sur le prochain président américain favorable à la « solution » marocaine, a, également, expliqué le représentant du Front Polisario, auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari. Des tentatives vaines puisque M. Dujarric avait indiqué qu'outre la situation humanitaire des réfugiés sahraouis, la visite du SG de l'ONU dans la région s'inscrira, également, dans le cadre de la préparation du prochain rapport sur la situation au Sahara Occidental qu'il doit présenter en avril au Conseil de sécurité. Cette tournée qui inclura le Burkina-Faso et la Mauritanie, les 3 et 4 mars, connaîtra son apogée, à partir du 5 mars jusqu'au 7, avec l'escale algérienne et la visite des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, ainsi que les locaux de la Minurso. Rappelons que Kofi Annan, l'ancien patron de l'ONU, avait visité Rabat et Laayoune, en 1998. Du côté d'Alger, on réaffirme le soutien aux efforts de l'ONU pour relancer les négociations directes entre le Maroc et le Polisario. Le président de la République a, en effet, affirmé que l'Algérie «ne ménagera aucun effort» pour l'initiative onusienne qui garantit au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination. Alger a rappelé, de nouveau, sa position par rapport au conflit, se reconnaissant «dans la démarche de la Communauté internationale et des Nations unies, en particulier». Le message de Bouteflika est sans fioritures laissant la responsabilité du règlement de ce dossier, à l'ONU. Cette offensive de la Communauté internationale coïncide également, avec le froid qui caractérise, actuellement, les relations entre Rabat et Bruxelles, après l'annulation de l'accord agricole entre les deux parties. Jeudi dernier, le chef de gouvernement marocain, Abdelillah Benkirane, a informé l'ambassadeur de l'UE, à Rabat, de la décision de son pays de «l'arrêt de tout contact avec la Commission européenne et le Conseil européen». Une décision prise pour contester le verdict de la Cour européenne de Justice (CJUE) qui a annulé, le 10 décembre dernier, l'accord agricole qui liait l'UE au Maroc, suite à une plainte déposée par le Front Polisario qui a contesté cet accord qui incluait le Sahara Occidental occupé par le Maroc. La CJUE a relevé, dans son jugement, que le Conseil de l'UE a manqué à son obligation de vérifier si l'exploitation des richesses naturelles du Sahara Occidental occupé se fait ou non, au profit du peuple sahraoui.