Ahmed Ouyahia n'est plus le président par intérim du RND. Il retrouve son poste de SG du deuxième parti politique du pays. Le congrès extraordinaire, tenu ce jeudi à Alger, plébiscitant l'homme malgré une opposition de circonstance, est perçu comme un retour à la normale, trois ans après avoir été chassé du parti par un mouvement de redressement. Dans son discours d'ouverture des travaux, Ouyahia s'est voulu consensuel à plus d'un titre. En premier lieu, il a remis au goût du jour son initiative d'alliance présidentielle, le fameux pôle politique autour de Bouteflika, foulée aux pieds par l'appétit de leadership de Saadani qui lui aura, tout simplement, volé l'idée lancée en juin dernier. Le SG du FLN exigeant pour l'adhésion de son parti à ce conglomérat partisan qu'il en soit la locomotive. La suite, tout le monde la connaît comme on devine la réponse de Saadani à ce nouvel appel, lui qui n'a même pas pris la peine de répondre à l'invitation de son alter ego. Ouyahia s'est également déclaré ouvert à travailler avec l'opposition. Une suggestion qui n'est pas si nouvelle, lui qui alterne attaques frontales, critiques acerbes et diplomatie envers les partis de l'opposition. Ouyahia, comme à ses habitudes, pose ses conditions, des lignes rouges à ne pas dépasser : respect de la Constitution et des institutions du pays. Du pur Ouyahia dans le texte. Des préalables qui limitent toute volonté de travail commun lorsqu'on connaît la position de l'opposition concernant certains dossiers comme la vacance du pouvoir. A propos de politique intérieure, Ouyahia a réitéré ses attaques contre le MAK, sans le citer, dénonçant «les connexions extérieures» confirmées par «le sinistre Bernard-Henri Lévy qui a été à l'origine de la destruction d'un pays frère voisin». Le SG du RND ne dérogeant pas à la règle en critiquant les nombreuses tentatives «de porter atteinte à l'unité nationale». Le discours de Ouyahia évoquera également le soutien partisan à Bouteflika, au gouvernement, à l'UGTA et au patronat. Des constantes dans la politique du RND qui confortent le SG dans sa reconquête du parti, laminant toute opposition interne. Ouyahia n'hésitera pas à évoquer une «dictature de la minorité». Le congrès fini. Que seront les prochaines étapes de l'homme ? Se consacrera-t-il à fourbir ses armes en vue de la guerre de succession à El Mouradia ? Tout porte à croire que le travail de Ouyahia ne fait que commencer après avoir assuré ses arrières. Une base fidèle et des relais forts le placent parmi les favoris pour la course à la présidence.