Conçue comme un large rassemblement des soutiens au chef de l'Etat, l'initiative du front interne lancée par Amar Saâdani, SG du FLN, n'aura finalement pas l'adhésion de tous les partisans de M. Bouteflika. Ainsi, le RND, d'Ahmed Ouyahia et le MPA d'Amara Benyounès, deux formations du cercle présidentiel, n'ont pas manifesté d'intérêt pour l'offre de Saâdani qui, pourtant, est déclinée comme un instrument politique de soutien au Président et qui, donc, ne peut constituer un point de désaccord. On aura compris qu'à travers ce refus du RND et du MPA d'adhérer au front interne, se pose la question de leadership. Mais pas que, tant est que cette "bouderie" cache également mais surtout un entrechoquement de stratégies politiques et d'appréhensions des échéances électorales futures, les législatives et la présidentielle. S'agissant de la guéguerre de leadership, la confirmation vient de la multiplication des initiatives impliquant les partis qui se réclament de la proximité du chef de l'Etat. Elle émane aussi de l'accueil réservé par Saâdani à l'initiative du RND et ses critiques acerbes renouvelées à l'encontre d'Ouyahia. Ni la redynamisation du directoire de campagne électorale proposée par Amara Benyounès, et encore moins l'envie de rééditer l'Alliance présidentielle exprimée par Ouyahia n'ont trouvé grâce aux yeux de Saâdani, qui a, illico, rejeté les deux propositions pour engager la sienne. Amar Saâdani n'a eu que l'adhésion de Taj d'Amar Ghoul, parti proche du cercle présidentiel. Les autres partis annoncés, en grande pompe, comme partie prenante du front interne, n'ont, au fait, aucune assise et encore moins de visibilité sur la scène politique. À côté de ces partis à l'assise politique faible, on comptabilise des associations également de peu d'ancrage, pour certaines n'existant que sur les fichiers du ministère de l'Intérieur. Cela dit, il reste que les deux personnalités les plus en vue du front interne entrevoient différemment la perspective. D'un côté, le chef de Taj, qui parle "d'un espace plus large", invite y compris une partie de la classe politique en rupture avec le régime à y prendre part, pour, dit-il, "faire face aux menaces qui guettent le pays". De l'autre, le SG du FLN qui le confine dans une posture de simple rassemblement de soutien au chef de l'Etat, dont la mission essentielle est de "naturaliser" l'opposition, d'où d'ailleurs le choix de la date du 30 mars pour tenir le show à la Coupole. Durant la même journée, l'opposition politique, réunie dans la CLTD et l'Icso tiendra son second congrès, Mazafran II. Il faut aussi souligner que contrairement à la CLTD, les initiateurs du front interne n'ont eu à faire face à aucune tracasserie administrative pour obtenir l'autorisation pour se réunir. Mohamed Mouloudj