Ahmed Ouyahia - Louisa Hanoune - Amar Saâdani A l'heure où la conjoncture actuelle nécessite une démarche unitaire, les partis s'entre-tuent. Ça chauffe de plus en plus. La scène politique est dans tous ses états. L'approche des sénatoriales et de la révision de la Constitution fait monter la tension chez les partis. Ces derniers s'amusent à échanger des tirs croisés en réglant leurs comptes en plein public. Des attaques et des accusations se multiplient au quotidien. Ce week-end, des sorties fracassantes des poids lourds de la politique ont choqué plus d'un. Les animateurs de la scène ont même changé de langage allant jusqu'à verser dans la menace. A l'heure où la conjoncture actuelle nécessite la collaboration entre les différentes forces pour trouver des sorties de crise, les partis s'entretuent. Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, ils sont tous sur la défensive. La confrontation dépasse même l'opposition pour s'installer à l'intérieur de la coalition. Les leaders de la scène politique déclarent la guerre contre la plupart des concurrents. Entre Saâdani et Ouyahia, les hostilités s'accentuent davantage avec le rendez-vous des sénatoriales. La guerre de leadership risque de faire des ravages au sein de l'alliance présidentielle. Les deux partenaires alliés du pouvoir affichent un désaccord total sur les méthodes de travail à mener pour les prochaines échéances. L'initiative du front national de soutien au président de la République est considérée comme un projet mort-né. Le rejet du RND de la démarche de Saâdani, risque d'élargir le fossé entre deux frères ennemis. Voulant se venger, Amar Saâdani veut à tout prix décrocher la majorité au Sénat, pour affaiblir son rival. L'homme fort du FLN cherche à dominer totalement la scène politique nationale pour mettre sous sa coupe son adversaire politique, Ahmed Ouyahia. Ce dernier ne se laisse pas faire. M.Ouyahia, qui se revendique un enfant du système et connaît parfaitement les rouages de la politique, refuse d'être guidé par un illettré comme Saâdani. Le patron du RND a réitéré, vendredi dernier, d'une manière diplomatique son rejet de l'initiative du SG du FLN pour un front national en faveur de Bouteflika. Amar Saâdani ne veut donc pas s'avouer vaincu et maintient son initiative politique pour un front national en faveur de Bouteflika. Pour contourner la défection du RND, le SG du FLN invite avec insistance la constellation de nouveaux partis créés récemment à rejoindre massivement sa démarche. Ce n'est pas tout. Après le duel Saâdani- Louisa Hanoune, un autre se développe. Entre Ouyahia et Hanoune c'est le clash actuellement. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, redouble de férocité après les menaces proférées par Ahmed Ouyahia, vendredi dernier, à l'encontre de l'opposition. Lors d'une rencontre avec ses militants à Oran, la Dame du PT a riposté fortement aux menaces du secrétaire général du RND en lui disant: «Vous n'allez pas nous faire taire, Monsieur Ouyahia!» Usant d'un ton acéré, la secrétaire générale du PT a qualifié les propos menaçants d'Ouyahia d'une volonté manifeste des gouvernants d'interdire la liberté d'opinion, de parole et de toute expression critique à leur action. «Ils veulent bâillonner la société. Ils ne pourront pas le faire. Nous sommes au XXIe siècle. Nous continuerons à dénoncer leurs errements et leur politique qui va mener le pays à l'abîme», a-t-elle martelé, dénonçant la politique d'intimidation pratiquée par le pouvoir actuel. Louisa Hanoune estime qu'il y a tellement de dérives et elles sont de plus en plus apparentes, qu'il est difficile pour les gouvernants de détourner l'attention des Algériens. Louisa Hanoune n'était pas la seule à réagir. «Ouyahia doit savoir que la vraie menace pour la stabilité du pays est celle de l'illégitimité qui frappe les différentes institutions et que la solution est dans une réelle transition démocratique», a estimé le porte-parole du RCD Othman Mazouz. De son côté, le président d' Ennahda, Mohamed Douibi, soutient que «l'opposition qui est nationaliste a le droit de critiquer les politiques qui ne servent pas l'avenir de l'Algérie. D'ailleurs, elle existe pour critiquer la politique du pouvoir quand elle juge qu'elle ne sert pas le pays».